Quand Gérard Lopez achetait "à la découpe" des joueurs mineurs brésiliens

Avec Mediapart et Mediacités, nous avons enquêté sur les pratiques de tierce propriété (TPO) menées ces dernières années par Gérard Lopez, le nouveau propriétaire du LOSC. Une de ses sociétés avait acquis des pourcentages sur des joueurs mineurs pour empocher des plus-values lors des transferts. 

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L'enquête que nous avons menée avec Mediapart et Mediacités, sur la base des documents Football Leaks, recueillis et analysés par le réseau EIC (European Investigative Corporations, voir encadré à la fin de l'article), montre que Gérard Lopez, le nouveau propriétaire du LOSC, a spéculé ces dernières années sur des footballeurs mineurs, achetés "à la découpe", comme des chevaux de course, via le système dit de la tierce propriété. La fameuse TPO (Third Party Ownership).

Cette pratique a longtemps été tolérée - et même répandue - dans certains pays (Argentine, Brésil, Portugal...) mais la FIFA, la fédération internationale de football, a fini par l'interdire en mai 2015. Son secrétaire général, Jérôme Valcke, l'avait alors assimilée à une "forme d'esclavage moderne" : elle permettait à des fonds d'investissement d'acheter à des clubs des parts de "droits économiques" sur des joueurs pour empocher, à terme, un pourcentage sur le montant des transferts, proportionnel à leur investissement initial. Gérard Lopez se lance dans ce business en juin 2012, avec ses associés de Mangrove Capital Partners, une société d'investissement luxembourgeoise qu'il a co-fondée douze ans plus tôt. Après avoir misé sur des start-up de la nouvelle économie numérique comme Skype, il lorgne cette fois sur les jeunes pousses des terrains de football, en quête de jolies plus-values. 

Des joueurs mineurs comme placement financier

La première structure TPO de Mangrove s'appelle MPI Sarl. Elle est détenue par Mangrove Founders, dont Gérard Lopez est actionnaire à 37,5%, aux côtés de son associé allemand Hans-Jürgen Schmitz (25%) et de Fedalk Investing (37,5%), une offshore domiciliée dans le paradis fiscal des Îles Vierges Britanniques, dont nous n'avons pas identifié le ou les propriétaires. "Un actionnaire comme il y en a beaucoup dans le sport", nous avait répondu début décembre un porte-parole de l'homme d'affaires hispano-luxembourgeois, sans plus de précision... "Gérard Lopez est un investisseur et n’a jamais été impliqué dans la gestion journalière ou les opérations de cette société", nous a fait savoir, dans un courriel, son avocat français, Me Nicolas Huc Morel. Un courriel qui a faisait suite à une liste de questions que nous avions adressée à Gérard Lopez jeudi dernier. 

Les documents Football Leaks attestent que Gérard Lopez, via MPI, a investi sur au moins deux joueurs brésiliens, alors qu'ils étaient encore mineurs. "Tous les investissements sont effectués dans la plus stricte légalité et éthique", nous assure-t-il via son avocat. "A l'époque des négociations, les joueurs étaient mineurs mais les documents ont été signés par leurs représentants légaux", indique de son côté la Fédération brésilienne qui rappelle qu'"il n'y avait pas de réglementation à l'époque des négociations". En clair, ce qui n'était pas formellement interdit, était donc autorisé. Un vide juridique dans lequel Gérard Lopez et ses associés se sont engouffrés. 
 

Le premier de ces deux jeunes Brésiliens s'appelle Alisson Farias. Il évolue aujourd'hui à Estoril, au Portugal, où il est prêté par l'Internacional Porto Alegre. MPI a acheté à ce club brésilien 30% des droits économiques du jeune attaquant
 

L'Internacional nous a indiqué que l'accord "date de 2012", quand Alisson Farias avait 16 ans. L'analyse des comptes de MPI révèle que la société a dépensé 157 110 euros en achat de joueur(s) cette année là. Selon un document que nous avons pu consulter, ce n'est pas Gérard Lopez qui mène directement les discussions avec le club brésilien, mais deux de ses associés de chez Mangrove, l'Américain Mark Tluszcz et l'Espagnol Marc Ingla. Ce dernier, ancien dirigeant du FC Barcelone, a rejoint la société d'investissement luxembourgeoise en 2012. Aujourd'hui, Gérard Lopez a décidé de lui confier la direction générale du LOSC

Mic-mac à Rio

Le second Brésilien acheté "à la découpe" joue actuellement à l'AS Roma, en Italie. Il s'agit du milieu de terrain Gerson Santos da Silva, grand espoir carioca, surnommé le "Pogba brésilien". MPI acquiert 15% de ses droits le 17 juin 2013 auprès du club de Fluminense (Rio de Janeiro), puis un petit rab supplémentaire de 7,5% le 9 septembre 2013 que lui retrocède une agence sportive brésilienne, BR Foot, soit 22,5% au total. Gerson est alors âgé de 16 ans.
 

Mais un drôle de mic-mac va survenir. Deux ans auparavant, le 10 septembre 2011, 20% des droits de Gerson avaient déjà été cédés à une société brésilienne baptisée MDC. Ce que le club et les parents du joueur semblaient avoir oublié. En août 2015, lorsqu'ils apprennent que Gerson est sur le point d'être vendu à l'AS Roma, les dirigeants de MDC se rappellent pourtant au bon souvenir de Fluminense et portent l'affaire devant les tribunaux pour réclamer leur dû.
 

Selon les documents financiers de l'AS Roma, le joueur est officiellement cédé au club italien le 21 décembre 2015 pour un montant de 18,9 millions d'euros. Le 4 janvier 2016, tout le monde se met autour de la table pour discuter le bout de cuisse et le partage du pactole. Un accord à l'amiable est finalement trouvé. Représentée par Hans-Jürgen Schmitz et Willibrord Ehses, deux associés de Lopez chez Mangrove, MPI doit accepter de rendre 10% à MDC mais l'affaire reste malgré tout extrêmement juteuse.
 

Les comptes de MPI montrent que la société a acheté pour 361 355 euros de parts de joueur(s) en 2013, l'année où elle a investi dans Gerson. Le retour sur investissement est conséquent puisque MPI va toucher près de 1,8 million d'euros de la part Fluminense sur le transfert du jeune joueur à la Roma. On peut donc estimer la plus-value réalisée à au moins 1,4 million d'euros. Plus de quatre fois la mise initiale !
 

Le versement du pactole se fera en quatre fois. La première échéance, d'un montant de 745 208,47 reals brésiliens (environ 217 400 euros)  est prévue pour le 7 février prochain, la dernière (578 406,30 euros) pour le 7 juillet 2018. Une somme dont Gérard Lopez, son associé Hans-Jürgen Schmitz et la mystérieuse société Fedalk Investing (aux Iles Vierges Britanniques) seront les bénéficiaires, en tant qu'actionnaires de la société-mère de MPI, Mangrove Founders.

La FIFA avait beau proscrire déjà la rémunération d'intermédiaires sur les transferts de joueurs mineurs, rien n'empêchait - avant l'interdiction de la tierce propriété - d'acquérir des droits sur un mineur et d'attendre ensuite sa majorité pour toucher le gros lot. C'est exactement ce qui s'est passé avec Gerson : le jeune talent brésilien a été vendu à la Roma quelques mois après avoir fêté son 18e anniversaire, le 20 mai 2015. Le joueur ne rejoindra pourtant l'Italie qu'un an après... 

Plusieurs sociétés et une fondation néerlandaise 

Dans une interview à L'Essentiel, en décembre 2014, Gérard Lopez avait évoqué ce business sans trop s'attarder sur les détails. Selon lui, Mangrove avait investi à l'époque dans Gerson et "une douzaine de joueurs", dont on ignore s'ils étaient eux aussi mineurs. MPI n'est pas la seule structure impliquée. Le 18 octobre 2013, la société d'investissement luxembourgeoise avait lancé MPI II & Partners SCA via une de ses filiales MPI II, cédée à Mangrove Founders le 24 décembre de la même année. "Gérard Lopez est un investisseur et n’a jamais été impliqué dans la gestion journalière ou les opérations de ce fonds", répond une nouvelle fois son avocat sur ce montage. Ce fonds a disposé de 10 millions d'euros pour investir dans des footballeurs, sans doute apportés par Stichting MPI II, une fondation néerlandaise créée en septembre 2013. Impossible de savoir, via le registre du commerce des Pays-Bas, qui se trouvait véritablement derrière.
 

Après l'interdiction de la tierce propriété par la FIFA, les fonds avaient jusqu'en mai 2016 pour déboucler tous les contrats de ce type. Mais au 31 décembre 2015, les comptes des sociétés MPI et MPI II & Partners montraient que tout n'avait pas encore été soldé à quatre mois de la date-butoir. La fondation néerlandaise Stichting MPI II, elle, a été dissoute, le 15 novembre dernier. Au Brésil, l'Internacional assure de son côté que tout est en règle concernant Alisson Farias. Gérard Lopez avait acquis 30% de ses droits, via MPI, mais le jeune attaquant, actuellement en prêt au Portugal, n'a toujours pas été vendu. "Tout a toujours été fait dans la légalité", assure-t-il par l'intermédiaire de son avocat, sans autre précision.  

Le RC Lens approché

Pour faire fructifier leurs investissements sur les joueurs, Gérard Lopez et ses partenaires de Mangrove avaient visiblement l'ambition de maîtriser les différents maillons de la chaîne du foot business. En janvier 2013, ils tentent une approche pour prendre le contrôle du Racing Club de Lens, où le Crédit Agricole Nord de France, alors actionnaire majoritaire, cherche à se désengager. Gérard Lopez n'intervient pas dans ce dossier, c'est son associé de chez Mangrove Capital Partners, Mark Tluszcz, qui s'en charge, épaulé par Marc Ingla, le "Monsieur Foot" de la bande. Les deux hommes font miroiter aux Sang et Or la possibilité d'un partenariat sur la formation avec le club anglais de Manchester City.
 

"C’est quelque chose qui nous intéressait beaucoup à l’époque", reconnaît Michel Faroux, l'ancien directeur général adjoint du Crédit Agricole Nord de France. "Nous avions comme directeur sportif Antoine Sibierski qui, lui-même, connaissait bien les gens de Manchester City, mais ça n'a pas abouti". "Ils voulaient rentrer la première année en minoritaires (à hauteur de 34% selon nos informations NDR) avec l’engagement bien entendu de notre part de leur céder la suite du capital pour les opérations ultérieures, mais pendant l’année qui suivait nous restions majoritaires", explique-t-il. "Ce que le Crédit Agricole avait exclu dans son schéma". Les responsables de Mangrove avaient-il l'intention d'utiliser le club artésien pour placer des joueurs dont ils détenaient les droits ? "Ce sujet n’a pas été évoqué du tout dans le projet", assure Michel Faroux. Luc Dayan, président du RC Lens à l'époque, se souvient qu'"ils ne s'étaient pas cachés de faire de la TPO". "On voyait qu’ils avaient une stratégie internationale consolidée avec le management d’un pool de joueurs qu’ils voulaient faire progresser", explique-t-il. 

Un réseau d'agents constitué par Marc Ingla

Pendant que Mark Tluszcz et Marc Ingla discutent d'une entrée au capital du RC Lens, un autre projet se met en place en mai 2013 : Kick Partners, "la première véritable agence de football globale" dixit son site internet. Il s'agit d'une société luxembourgeoise domiciliée à la même adresse que Mangrove Capital Partners. A sa création, l'actionnaire unique de Kick Partners est SGG, une société luxembourgeoise spécialisée dans les services financiers et la domiciliation d’entreprise. Autrement dit, un prête-nom derrière lequel se dissimulent les véritables propriétaires. Les dirigeants de Kick Partners sont en revanche connus : il s'agit d'Hans-Jürgen Schmitz et de Willibrord Ehses - deux hommes de Mangrove qui se sont impliqués, on l'a vu, dans la négociation d'accords de tierce propriété au Brésil. Ils sont épaulés par Rawad Kassis, un jeune agent de joueurs libanais qui représente notamment à l'époque l'international ghanéen Asamoah Gyan, passé par l'Udinese, le Stade Rennais et Sunderland. 
 

"Plutôt que de taper sur le haut du panier, c’est-à-dire les grands agents comme Jorge Mendes,  l’idée était de trouver des agents intermédiaires, qui aient un petit portefeuille de joueurs talentueux, une bonne implantation locale, et de créer des agences comme ça à travers les pays, pour en faire sorte de palier leurs défauts pour pouvoir faire des transactions internationales avec leurs joueurs", nous explique un ancien collaborateur qui a travaillé sur ce projet.  "Comme ils ont une implantation locale, ils n’ont pas nécessairement de réseau international, on essaie de faire des synergies, de faire se rencontrer des agents locaux". Selon lui, c’est Marc Ingla qui est chargé de sélectionner les agents et d'évaluer leur portefeuille de joueurs. "Quand je suis parti, il n’y avait qu’une seule structure qui était mise en place, dans un des pays".

Kick Partners a-t-elle alors vocation à servir de vitrine pour vendre les joueurs dont Gérard Lopez et ses associés de Mangrove ont acquis des parts ? "Des synergies étaient envisageables", indique notre interlocuteur. Lors du mercato d'hiver 2015, Rawad Kassis, l'agent libanais qui officie pour Kick Partners, se pose clairement en représentant de Gerson, le jeune prodige brésilien sur lequel MPI a acheté un pourcentage. "Rien n’est arrêté jusqu’à maintenant, on est encore en discussion", déclare-t-il lors d'une interview sur la chaîne d'information américaine CNN. "Il est très près du championnat italien, c’est tout ce que je peux dire pour le moment. C’est un gamin de 17 ans et il doit attendre d’avoir 18 ans pour rejoindre un club italien. Le club pourra le signer maintenant et il pourra rejoindre le championnat italien quand il aura 18 ans". Et Rawad Kassis de préciser que Gerson "appartient à un fonds qui s’appelle Mangrove". 
 

On nage alors en plein conflit d'intérêts, avec le risque que le profit immédiat l'emporte sur le meilleur choix de carrière. D'ailleurs, la FIFA stipule déjà dans ses règlements qu'"aucun club ne peut signer de contrat permettant à une quelconque autre partie ou à des tiers d’acquérir dans le cadre de travail ou de transferts, la capacité d’influer sur l’indépendance ou la politique du club ou encore sur les performances de ses équipes". Si la tierce-propriété est encore tolérée avant mai 2015, c'est à la condition que les fonds possédant des parts de joueurs ne se mêlent pas des transferts. Un vœu pieux dans le cas de Gerson... 

Rawad Kassis est décédé à l'automne 2015. Selon les réponses transmises par l'avocat de Gérard Lopez, c'était lui "le gestionnaire des activités liées au football" et personne d'autre. Il le lie même aux activités de MPI - l'une des structures de tierce propriété -  alors que le nom de l'agent libanais n'apparaît ni dans les documents que nous avons pu consulter, ni dans l'organigramme de cette société. Il soutient également que les activités de Kick Partners ont "ont été arrêtées suite à son décès". La société existe toujours pourtant, un an et demi après. Rawad Kassis a même été remplacé par Marc Ingla au sein du conseil d'administration, le 28 décembre 2015. Une position qui n'est plus compatible désormais avec ses nouvelles fonctions de directeur général du LOSC. Le Code du Sport en France est très clair et interdit à un dirigeant de club d'être aussi "agent sportif" (article L222-9) ou "dirigeant, associé ou actionnaire" d'une société de représentation de joueurs (article L222-13).

Nous avons interrogé à ce sujet Marc Ingla, vendredi, en marge de la conférence de presse donnée par Gérard Lopez et Michel Seydoux à Luchin. L'ancien dirigeant du FC Barcelone nous a répondu lui aussi que Kick Partners n'était plus active et qu'il démissionnerait s'il le fallait. Dans ses  derniers comptes arrêtés au 31 décembre 2015, la société luxembourgeoise affichait une perte proche de 860 000 euros sur l'année écoulée mais elle comptait encore dans ses actifs 258 655 euros de droits acquis, dont la nature exacte n'est pas précisée. Dans son rapport en date du 7 octobre 2016, le commissaire aux comptes indiquait que "la question de sa dissolution devait être soumise" aux actionnaires. A ce jour, au regard des informations publiées sur le registre du commerce luxembourgeois, elle n'a toujous pas été dissoute. Dans le courriel transmis par l'avocat de Gérard Lopez, Marc Ingla - qui figure toujours aussi dans l'organigramme de Mangrove Capital Partners - est présenté comme "un associé en technologie avec un background dans le foot". "Il n’aura qu’un seul rôle : gérer le LOSC", nous assure-t-on.

Une nouvelle stratégie au LOSC ?

Vendredi dernier, lors de sa conférence de presse à Luchin, Gérard Lopez a fait brièvement allusion à ses investissements passés dans le football avec Mangrove qu'il a officiellement quitté en tant que membre opérationnel en octobre 2014, mais dont il reste "un actionnaire principal au même niveau que son ami et associé Mark Tluszcz", siégant "au conseil d’administration ainsi que dans le conseil d’administration de plusieurs entreprises du portefeuille de Mangrove Capital Partners", selon les informations transmises par son avocat.

"J'ai des participations - pas actives, ce n'est pas moi qui gère - mais j'ai des gens dans différentes sociétés qui ont regardé d'autres clubs et qui ont regardé à investir, avec un seul objectif : le retour sur investissement", a déclaré Gérard Lopez devant la presse. "Et pas de façon cachée. C'est-à-dire qu'il n'y avait pas de... (il hésite) ces gens-là n'ont pas essayé d'écrire le projet d'une façon différente, c'était connu, c'était su, etc... finalement, ils ont trouvé que ce n'était pas intéressant, ils n'ont finalement pas poursuivi les différentes pistes qu'ils avaient regardées. Ici, c'est différent. Si je vous dis que c'est pour ne pas perdre d'argent, c'est plus honnête que si je vous dis que c'est pour en gagnerIl y a une partie émotion, il y a une partie passion, qui sont très importantes. (...) Faire des choix purement financiers qui affecteraient le niveau du club, ça, c'est des choses qu'on ne fera pas. Pour être clair, par exemple, dans le cadre de jeunes joueurs ou de joueurs talentueux qu'on va intégrer, vendre pour vendre, ce n'est pas l'objectif ".
 
Conférence de presse au domaine de Luchin, le 13 janvier 2017.

Aujourd'hui, la tierce propriété des joueurs est clairement proscrite par l'article 18ter des règlements de la FIFA qui stipule "l’interdiction pour les clubs et les joueurs de conclure tout accord avec un tiers permettant à ce tiers de participer à l’indemnité liée au futur transfert d’un joueur, ou de se voir attribuer un droit à un transfert ou une indemnité de transfert future". Mais de nouvelles stratégies sont déjà en cours d'élaboration. "Les gens qui ont investi ou voulu investir dans des structures qui possèdent des joueurs, maintenant qu'elles sont interdites, se mettent dans l'achat de clubs", confiait la semaine dernière à So Foot, Luc Dayan, ancien dirigeant du RC Lens et du LOSC."Ensuite ils essaient de verrouiller deux ou trois clubs pour que les trajectoires des joueurs soient gérés par eux, avec une progressivité à la fois sportive et de rémunération (...). J'ai eu l'exemple Kondogbia à Lens. Il est revendu à Séville pour 4 millions, puis 15 ou 20 millions à Monaco, puis 40 millions à l'Inter. Si Lens avait maîtrisé la séquence postérieure, ils auraient fait une magnifique plus-value ! Mais il faut vraiment avoir une maîtrise totale de la propriété juridique du joueur pour que ça soit gérable et que vous en tiriez tous les bénéfices".
 

Ces stratégies ont déjà été mises en oeuvre par certains investisseurs, comme les Italiens Giampaolo et Gino Pozzo, qui ont possédé en même temps les clubs de l'Udinese en Italie, Watford en Angleterre et Grenade en Espagne. D'autres depuis ont suivi leur exemple. Parallèlement au rachat du LOSC, Gérard Lopez a lui-même reconnu avoir fait une offre pour reprendre Gil Vicente, en 2e division portugaise, offre à laquelle les actuels propriétaires du club de Barcelos n'ont pas donné suite. "Le projet c’est le LOSC. Avoir un club dans un autre championnat permet de former, d’intégrer, et d’observer des jeunes joueurs", a-t-il expliqué lors de sa conférence de presse. "Moi, le projet c’est le LOSC et dans ce cadre-là ,il se pourrait qu’on soit intéressé par un club dans un autre championnat".

Le rôle de "bras droit sportif" qu'il souhaite confier au Portugais Luis Campos interroge. Car ce rôle ne se limitera pas au club nordiste. "Luis Campos va surveiller ce projet du LOSC, mais aussi d’autres projets d’investissements qu’on a dans le monde du foot", avait expliqué en décembre Marc Ingla dans une interview à RMC. A 52 ans, cet ancien recruteur du Real Madrid et directeur technique de Monaco est réputé pour sa capacité à dénicher des jeunes joueurs à fort potentiel sportif mais aussi... économique. Dmitri Rybolovlev, le propriétaire russe du club de la Principauté, lui doit, ces dernières, quelques belles plus-values.

Lire le deuxième volet de notre enquête : Le rachat du LOSC par Gérard Lopez conduit aux Îles Vierges Britanniques
 

 

Une enquête collaborative, menée avec Mediapart et Médiacités
Cette enquête a été réalisée en collaboration avec Yann Philippin, journaliste à Mediapart, ainsi qu'avec Sylvain Morvan et Charles Carrasco (à Rio de Janeiro au Brésil), journalistes à Mediacités, nouveau site d'investigation lancé en 2016 dans la métropole lilloise.

Elle s'appuie, pour partie, sur des documents issus de la plus grande fuite d’informations de l’histoire du sport, les fameux "Football Leaks" : 1 900 gigaoctets de données informatiques, obtenues à l'origine par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. La fuite contient, au total, 18,6 millions de documents confidentiels : contrats, audits, immatriculations de sociétés, factures, comptes bancaires ou encore courriels qui ont été ensuite analysés par Mediapart et ses partenaires de l'European Investigative Collaborations (EIC) : The Sunday Times (Royaume-Uni), Expresso (Portugal), El Mundo (Espagne), L’Espresso (Italie), Le Soir (Belgique), NRC Handelsblad (Pays-Bas), Politiken (Danemark), Falter (Autriche), Newsweek Serbia (Serbie) et The Black Sea, un média en ligne créé par le Centre roumain pour le journalisme d’investigation, qui couvre l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

L’homme à l’origine de "Football Leaks" se fait appeler “John”. Nous ignorons son identité. Il communique exclusivement avec Rafael Buschmann, le journaliste du Spiegel à qui il a transmis les données.
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