Semaine de l'allaitement : comment allaiter en reprenant le travail ?

La semaine de l' allaitement commence ce dimanche, avec pour  thème cette année la reprise du travail. Comment concilier les 2 ? Pas toujours simple  pour les mamans.  Le Nord Pas-de-Calais est en retard par rapport à d' autres régions et pays européens. 

Une femme française allaite en moyenne 17 semaines, soit à peine plus de 4 mois et l'arrêt correspond souvent à la reprise du travail (étude BEH, Inserm 2011). L'organisation mondiale de la santé préconise un allaitement exclusif jusqu'aux 6 mois de l'enfant. Quels sont les obstacles rencontrés à la reprise du travail ? Les freins en entreprise ? Quel soutien apporter à ces familles qui souhaitent poursuivre l'allaitement ?

Le reportage tourné à Dunkerque par Marie-Candice Delouvrié et Myriam Schelcher avec trois couples réunis par l'association Materlait permet de mieux comprendre les enjeux de cette question de santé publique. 

Emmanuelle, maman d'une petite Béatrice de 4 mois, doit reprendre le travail le 19 octobre. Elle retrouvera son travail à la communauté urbaine de Dunkerque où elle est cadre. Elle a commencé un stock de lait maternel, mis au congélateur et envisagé de tirer son lait au travail dans un lieu clos et à lors de pauses autorisées par son employeur. "C'est une logistique à mettre en place à la maison mais c'est moins lourd que le biberon pour moi."

Le papa, Sandro, traducteur à domicile, est aussi très investi. Prêt si nécessaire à emmener leur bébé directement sur le lieu de travail de sa compagne si celle-ci doit allaiter ou même prêt à lui cuisiner des tisanes à base de fenouil, réputé pour favoriser la lactation. Mais au départ tout n'a pas été si simple : "Il y a toujours une forme de culpabilité des femmes vis à - vis de l'employeur ou de l'enfant, il faut sortir de ça, note Emmanuelle. Au début on m'a dit au travail qu'un local fermé ne me serait pas accordé parce que j'étais seule à le demander. Mais il y a quelques années, une directrice m'avait montré la voie et avait réussi à poursuivre son allaitement".

Sensibiliser les managers

L'exemple d'une collègue ou l'entraide peut-être déterminant dans la poursuite de l'allaitement. Mais pour Yolande Lejemble, sage-femme et salariée de l'association Materlait, il faut aussi sensibiliser les managers. Combien de femmes doivent-elles tirer leur lait dans les toilettes de l'entreprise faute de local adapté, se cacher pour le faire ou ne disposent pas des 30 minutes légales pour le faire ?

"Pourtant c'est gagnant-gagnant pour l'employeur : un bébé allaité est moins malade et donc sa maman moins absente au travail !" Même si tout dépend bien sûr de la nature du travail, du temps de transports de la maman et d'autres critères. Autour de la sage-femme, plusieurs couples se réunissent deux lundis par mois après le travail pour faire le point sur l'allaitement mais en accueillant aussi des parents ayant souhaiter arrêter l'allaitement, sans discrimination. "Il y a aussi de gros freins familiaux dans l'arrêt de l'allaitement. Depuis une vingtaine d'années, le discours sur l'allaitement a changé mais la génération de leurs mères n'allaitait pas."

Aux côtés de notre premier couple, Florence et Grégory Pauwells se félicitent d'avoir poursuivi l'allaitement de Thibault, 7 mois aujourd'hui. "J'avais des appréhensions sur le niveau de ma lactation ou comment tout cela allait s'organiser" note la maman, infirmière mais travaillant de nuit. "Finalement on s'est serrés les coudes avec Grégory" qui note lui-même : "La maman est le fournisseur officiel de lait mais j'étais aussi là pour la rassurer, pour l'aspect psychologique qui joue aussi dans l'allaitement."

L'investissement des "nouveaux pères"

A leurs côtés, Marie Cadez et Maxime Letten-Douchet ont mené le même combat avec beaucoup de satisfactions pour leur petit Arthur, 16 mois : "j'ai la chance d'avoir eu des collègues qui ont accouché à 15 jours d'intervalles de mois et qui ont allaité comme moi en reprenant le travail", note la maman éducatrice spécialisée dans un IME. Les jeunes mamans se sont donc entraidées. "Mais je connais d'autres mères dans le même domaine professionnel qui ont dû arrêter parce que le milieu professionnel n'était pas adapté. Là encore, le papa a joué un grand rôle en soutenant la poursuite de l'allaitement "souvent on nous félicite d'allaiter encore à 6 mois mais ensuite, les gens s'étonnent, à un an : vous allaitez encore ???" note Maxime. Cette implication des papas, souvent des trentenaires plutôt favorisés est un nouveau phénomène.

Événement à venir :

Une conférence "Allaitement et reprise du travail" sera donnée le samedi 24 octobre de 10h à 12h à la Halle aux Sucres à Dunkerque en présence de Véronique Darmangeat, consultante en lactation et de l'association Materlait.
Et dans le Nord Pas-de-Calais ?
Le Nord Pas-de-Calais est en retrait sur la question lorsque l'on regarde les chiffres avec par exemple moins de 45% de bébés allaités à la naissance sur le littoral contre 69% au niveau national. Une enquête a été menée entre octobre 2011 et avril 2012  par le réseau de périnatalité Pauline, en partenariat avec les 7 maternités du littoral et la PMI (questionnaire à la maternité + suivi téléphonique mensuel jusqu'aux 6 mois de bébé). Les chiffres qui en ressortent :
- taux d'initiation à la maternité de 44,8%
- à 1 mois : 31% en mixte, 21% exclusif
- à 4 mois : 12% mixte, 5% exclusif
- à 6 mois : 6% mixte, 1% exclusif.

Par comparaison en France selon une étude du BEH (Inserm) réalisée auprès de 18 000 enfants, l'allaitement à la naissance est de 69,7%, à six mois autour de 20% et à un an de 5,3%.

Plus d'infos sur le site web www.materlait.fr
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