Après les années noires de dopage, la fraude technologique sera-t-elle le nouveau scandale qui éclaboussera le milieu du cyclisme professionnel comme amateur ? Facile à réaliser, elle semble à la portée de tous. Seule solution pour éviter que les cas ne se multiplient : des contrôles renforcés.
Le moteur trouvé dimanche sur le vélo du coureur est une première en France. La fraude technologique a été découverte en flagrant délit lors d'une course de troisième catégorie, quasiment le plus petit niveau amateur, à Saint-Michel-de-Double en Dordogne. Le cycliste, âgé de 43 ans, a "agi seul". Il a acquis son matériel en vente libre sur internet.
C'est ce qu'a précisé Le procureur de la République, M. Mailhes.
"le cadre a été acquis sur un site chinois, le matériel électrique sur un site français", l'ensemble pour un coût d'environ 3.000 euros.
La fraude technologique serait-elle à la portée de n'importe quel amateur ?
Le dispositif utilisé était loin d'être le plus innovant explique Christophe Bassons, ancien cycliste, ex-"Mr Propre" du peloton reconverti dans la lutte antidopage.
C'est ce qui est sorti il y a quelques années, un moteur dans le tube qui entraîne le pédalier
Aujourd'hui, les nouveaux matériaux utilisés offrent suffisamment d'espace pour dissimuler un système d'assistance électrique. Sur les roues pleines pendant les contre-la-montre, dans le boîtier du pédalier détaille Gilles Zech, responsable du Pôle Espoir cyclisme Aquitaine :
Ça fait quelques années qu'on a des images de courses professionnelles, on a des suspicions.
Et pour équiper discrètement son vélo d'un moteur, les solutions sont nombreuses sur internet. Certains magasins commercialisent aussi en France des vélos de course équipés d'assistance électrique mais Franck Duret du Cycles Duret Geliano ne veut pas tirer de conclusions hâtives
Nous avons eu certains coureurs qui sont venus nous voir pour l'adapter. Mais Qui nous dit qu'ils l'ont adapté en course ? Personne
Cette fraude technologique touche toutes les catégories.
Les jeunes du pôle espoir de Talence ont disputé une dizaine de course cette année contre le cycliste amateur convaincu de triche dimanche en Dordogne comme Martial Legagnoa, 16 ans.
Pense-t-il que c'est un cas isolé ?Quand il y avait une échappée, il emmenait le peloton. Il ne s'écartait jamais. Moi j'étais dans le rouge.
Son coéquiper Clément Le Boetez, 17 ans, répond :
avant oui maintenant non
Cette suspicion de fraude technologique après les années noires du dopage n'améliore pas l'image d'un sport sulfureux. Au point de créer une crise des vocations en France. Le championnat Aquitaine comptait 120 jeunes juniors il y a 5 ans, ils ne sont plus qu'une cinquantaine aujourd'hui.
Les coureurs et les entraîneurs en appellent aux instances internationales pour multiplier les contrôles sur les compétitions professionnelles comme amateurs.