Airbus : quatre questions pour comprendre le scandale des rétrocommissions

Airbus risque gros. Le géant de l'aéronautique est accusé d'avoir versé des pots-de-vin en échange de l'achat de plusieurs appareils. France 3 fait le point.

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Airbus, dont le siège social est situé à Toulouse, est secoué depuis plusieurs années par un scandale : celui des rétrocommissions. Il est revenu sur le dessus de l'actualité, ces derniers jours, avec un article de Mediapart résumant le scandale. France 3 fait le point.

Que reproche-t-on à Airbus ?

Un département du groupe est notamment pointé du doigt. Le service "Strategy and Marketing Organisation" est accusé d'avoir approché des intermédiaires, à l'étranger, pour vendre plus facilement leurs appareils. La démarche est classique. Ce qui ne l'est pas ? Ces agents missionnés par le géant de l'aéronautique pouvaient être amenés à proposer des pots-de-vin en échange de l'achat d'appareils. "Dans certains pays difficiles, il faut mettre de l’huile, a expliqué un témoin à Mediapart. Alors, vous trouvez un agent qui a les contacts et vous alimentez la pompe à huile."

Quand a éclaté ce scandale ?

Ce n'est pas nouveau et Mediapart ne nous apprend rien, mais réalise une synthèse de ce scandale, "le plus gros scandale financier depuis l'affaire Elf il y a vingt ans". La première alerte est émise en 2012 lorsque la justice européenne s'intéresse à plusieurs contrats militaires.

Deux ans plus tard éclate l'affaire du Kazakhgate. Chez Airbus, "la justice française découvre des mails qui attestent que le groupe a donné son accord de principe pour verser 12 millions d’euros de pots-de-vin au Premier ministre kazakh pour faciliter une vente d’hélicoptères", raconte Mediapart.

En Turquie, la même année, deux intermédiaires portent plainte et demandent leur dû à Airbus après la vente de 160 Airbus à la Chine. Plusieurs autres gros contrats sont aussi montrés du doigt.

Quels sont les risques pour Airbus ?

Ils sont importants. Si jamais le groupe était condamné pour corruption, il pourrait perdre l'accès à de nombreux marchés publics, notamment aux Etats-Unis. Une lourde amende financière pourrait aussi pénaliser le groupe. "La seule voie possible est la signature d'une transaction amiable sans reconnaissance de culpabilité", écrit le journal.

Jusqu'à maintenant, l'enquête est menée par la Grande-Bretagne et la France. Les États-Unis, où se trouve le principal concurrent d'Airbus, Boeing, aimeraient aussi ouvrir une enquête. Ils ont rencontré plusieurs acteurs du dossier à cette fin en 2014 selon le journal.

Comment se défend Airbus ?

Au début de l'affaire, le géant de l'aéronautique ne parlait que d'"inexactitudes et omissions". Il a quand même supprimé le département concerné et deux cadres, Marwan Lahoud et Jean-Pierre Talamoni, ont été mis à l'écart. Fin mai, Airbus a aussi mis sur pied un comité indépendant chargé d'évaluer la conformité de ses pratiques avec les règles anticorruption.

L'enquête est loin d'être terminée et devrait durer encore plusieurs années. C'est seulement à l'issue de celle-ci qu'Airbus saura à quoi s'attendre et quelle sera sa sanction. 
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