En Île-de-France, les "Tanguy" toujours plus nombreux depuis 2008

Depuis la crise économique de 2008 les jeunes d'Île-de-France, en particulier les plus modestes, quittent plus tardivement le logement parental et un sur deux vit encore chez ses parents après 25 ans, alors que les loyers des petits logements a bondi, selon une étude publiée mercredi.

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"Génération Tanguy"... Le cinéma a donné un nom à ce phénomène observé par les démographes. Les jeunes Français restent de plus en plus longtemps chez leurs parents. Un phénomène auquel n'échappe pas la région capitale. 

Les jeunes Franciliens âgés de 20 à 29 ans "peinent à quitter le logement de leurs parents", depuis une crise qui a "davantage freiné l'indépendance résidentielle des jeunes les moins aisés", dit l'étude de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France.

Un jeune Francilien sur deux, parmi ceux qui sont nés dans la région, habite encore chez ses parents après 25 ans, selon cette analyse de la démographe Juliette Dupoizat, qui exploite les données des recensements et de l'Enquête famille et logements réalisés par l'Insee.
Après être restée stable entre 1999 et 2006, cette "décohabitation" est devenue plus tardive (cinq mois de plus, à 24 ans et neuf mois en moyenne) entre 2006 et 2011 en Île-de-France. En province en revanche, elle est plus précoce, aux alentours de 22 ans, soit un an plus tôt qu'en 1999, pour les jeunes résidant dans leur région de naissance.

Sans surprise, ce sont les étudiants et les chômeurs franciliens de 20 à 29 ans qui habitent le plus souvent chez leurs parents : 76 % des premiers et 62 % des seconds, contre 39 % parmi les actifs en emploi. Si la situation est restée stable de 1999 à 2011 pour les étudiants, en revanche la proportion de chômeurs restée au domicile familial a bondi de 10 points sur la période, et celle des actifs en emploi, de six points.

Bien qu'ils disposent de revenus, les jeunes actifs franciliens qui travaillent représentent la moitié des 20-29 ans résidant encore chez leurs parents, très vraisemblablement en raison de la précarité de leur emploi. Car les deux tiers de ceux qui travaillent en CDI ont quitté le logement parental, contre une moitié de ceux qui ont un CDD et seulement un tiers des intérimaires, en emploi-jeune, en contrat d'apprentissage ou en stage rémunéré.

L'origine sociale déterminante

L'origine sociale est déterminante : plus elle est modeste, plus l'âge du départ a reculé en 2011, comparé à 2006. Les ouvriers "décohabitent" désormais deux ans plus tard que les cadres et professions intellectuelles supérieures : à 25 ans et six mois, contre 23 ans et sept mois.

"D'une manière générale, les familles dont les enfants décohabitent plus tard sont moins aisées que les autres, ainsi que leurs enfants", constate l'étude. Ainsi un tiers des familles dont un enfant âgé de plus de 25 ans loge encore au domicile, vivent en HLM. Elles habitent majoritairement dans les départements les plus pauvres, au fort chômage, tels que la Seine-Saint-Denis.

Car les enfants de familles modestes "occupent rarement un emploi stable, correctement rémunéré, et leurs parents n'ont pas la possibilité de les aider à financer un premier logement autonome, ou de se porter garants lors d'une location", souligne l'étude. Or depuis 1999, "les coûts pour se loger en Île-de-France ont fortement augmenté, notamment pour les petits logements, qui accueillent d'habitude les jeunes" en partance du logement familial.

Le prix du logement en cause

Les loyers des studios ont bondi de 49 % à Paris et de 44 % dans l'agglomération parisienne, de 2001 à 2011, selon l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (Olap). De son côté le parc HLM peine à proposer aux jeunes des logements qui ne soient pas destinés aux seuls étudiants. La situation du couple parental joue aussi : si les parents vivent toujours ensemble, l'enfant reste plus longtemps. Lorsqu'ils sont séparés en revanche, l'enfant quitte le logement parental en moyenne sept mois plus tôt - deux ans plus tôt, en cas de présence d'un beau-parent.

Mais les enfants restent "d'autant plus facilement au domicile familial, au-delà d'un certain âge, qu'ils disposent d'un minimum d'intimité et, notamment, d'une chambre à eux", dit l'étude. En 2011, un tiers des familles d'Île-de-France hébergeaient un jeune majeur, soit 621.000 familles.
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