Loup Bureau a été placé en détention mardi 1er août par les autorités turques qui l'accusent de "terrorisme". Ce jeune journaliste âgé de 27 ans a grandi à Orvault, avant d'étudier à Montaigu (BTS audiovisuel), Lannion (Licence journalisme), puis à Bruxelles (relations internationales).
Loup Bureau a notamment collaboré avec la chaîne française TV5 Monde pour un reportage tourné au Kurdistan syrien. Ce reportage pourrait être au centre des accusations des autorités turques.
Reportage au Kurdistan Syrien from Loup Bureau on Vimeo.
Le journaliste français été interpellé la semaine dernière au poste-frontière de Habur entre l'Irak et la Turquie.Après avoir passé cinq jours en garde à vue, il a été incarcéré dans la ville de Sirnak, dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, selon les sources judiciaires.
Sirnak est située dans la province du même nom, frontalière de l'Irak et de la Syrie.
Interrogé par le quotidien Le Monde, l'un des avocats de Loup Bureau, Martin Pradel, estime qu'un cap a été franchi dans la répression des journalistes.
Sur les réseaux sociaux, les diplômé de l'IUT de journalisme de Lannion commencent à se mobiliser pour obtenir la libération du jeune français.
Passionné de grand reportage, Loup Bureau a également réalisé un reportage pour Slate en Egypte en 2013
Benoit, un copain de promotion, nous a livré ce témoignage :
"Quand il est arrivé à l'IUT de journalisme de Lannion, Loup revenait d'un voyage en Afghanistan, au cours duquel il a réalisé une série de photos sur la vie quotidienne des habitants aux frontières du pays.
C'est un passionné de l'image, il a d'ailleurs suivi un BTS audiovisuel à Montaïgu, avant Lannion.
Après Lannion, nous sommes partis au Caire pour apprendre la langue arabe, et avons réalisé plusieurs reportages, avec des collègues de l'école de Lannion, pour couvrir le printemps arabe.
Loup a ensuite voulu poursuivre son cursus en Belgique pour perfectionner ses compétences journalistiques.
Il a toujours voulu couvrir les conséquences des conflits sur les populations locales (civiles).
C'est ainsi qu'il s'est rendu en Egypte, puis en Syrie, ou plus récemment en Ukraine."
Une source sécuritaire citée par l'agence progouvernementale Anadolu a affirmé que Loup Bureau avait été arrêté après que des photos le montrant
en compagnie de combattants kurdes syriens des YPG, qu'Ankara considère comme une extension des séparatistes kurdes de Turquie (PKK), eurent été trouvées en sa possession.
Les YPG et le PKK sont classés organisations "terroristes" par la Turquie qui les combat militairement. Les Etats-Unis soutiennent les YPG contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
"Nous suivons avec la plus grande attention la situation de notre compatriote détenu en Turquie et sommes en relation avec sa famille", a indiqué à l'AFP le ministère français des Affaires étrangères.
Cette affaire rappelle le cas de Mathias Depardon, un photojournaliste français arrêté dans le sud-est de la Turquie en mai et expulsé après un mois de détention et une importante mobilisation.
Les autorités turques le soupçonnaient d'avoir fait de la "propagande terroriste" pour le compte du PKK pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux des photos prises au cours d'un reportage.
Les organisations de défense de la liberté de la presse dénoncent des atteintes régulières à cette liberté de la part des autorités turques, notamment depuis la tentative de coup d'Etat du 15 juillet 2016.
La Turquie occupe la 155e place sur 180 au classement 2017 de la liberté de la presse établi par RSF.