Le petit bourreau de Montfleury : la première BD du Nantais Marty Planchais

Un signe. Il est né en 1981, année de l'abolition de la peine de mort en France. Il en fait aujourd'hui le thème central de sa toute première bande dessinée, rencontre avec l'auteur nantais Marty Planchais et son petit bourreau de Montfleury, un héros franchement pas comme les autres.

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Avec son costume rouge de super-héros et sa bouille de bon vivant, amoureux de la vie, rien ne laisse présager son métier. Seule la hache qui ne le quitte jamais peut en constituer un indice. Notre personnage est bourreau, oui, bourreau de père en fils. Plus qu'une fonction, un statut. Dans le village, on l'appelle Bourreau tout simplement.

Mais c'est un bourreau au grand cœur que nous a imaginé Marty Planchais pour son premier album jeunesse, un bourreau humaniste et artiste. Car notre bourreau est aussi peintre, d'ailleurs il se dit surtout peintre. Comme son père avant lui, il n'a jamais tué qui que ce soit mais a peint quantité de toiles, des champs de soleils ou de coquelicots, beaux comme du Van Gogh !

"Dès la couverture, on voit bien que ce n'est pas un bourreau ordinaire...", explique Marty Planchais, "Je voulais un personnage qui soit dans la rondeur, un peu gentillet, tout rouge, masqué pour faire super-héros, un peu naïf mais pas trop quand même".

L'heure est grave ! Un nouveau maire a été élu et avec lui une vision plus ferme et répressive de l'autorité municipale. Il a besoin d'un coupable. Peu importe de quoi. Un coupable qui devra passer entre les mains, ou plus exactement sous la lame du bourreau. Histoire de donner l'exemple !

► voir le reportage (O Quentin - JP Brénuchon)
Un cas de conscience pour le bourreau. Doit-il obéir ou fuir ? Choisir la hache ou les pinceaux ?  Pas facile de trancher...

Parler de la peine de mort dans un livre jeunesse peut surprendre mais "Le Petit bourreau de Montfleury" aborde ce thème avec beaucoup de subtilité et d'humour. Pour nourrir son scénario, l'auteur a lu beaucoup de livres sur les bourreaux. "des dizaines de livres, certains assez glauques qui relataient des exécutions et d’autres qui évoquaient plus simplement le quotidien de ces hommes. Et puis j’ai remarqué qu’il n’y avait pas d’autobiographies de bourreaux. Je pensais que ce serait intéressant de connaître leur quotidien, de partager leurs tracas et leurs passions, parce qu’ils ne tuent pas tous les jours ces gens-là. Et de fil en aiguille, j’en suis arrivé à ce bourreau post-impressionniste jaune et rouge, un peu à la Van Gogh, tourmenté, passionné par la peinture. Un bourreau qui n’a jamais tué et qui un beau jour doit choisir entre sa passion et son métier. Le Petit bourreau de Montfleury aborde cet aspect-là aussi : le choix, la liberté…"
La peine de mort, la liberté mais aussi la vie, la peinture, la poésie... la force de cet album est de s'adresser autant aux enfants qu'aux adultes. "L'esthétique, le dessin rond, s'adressent avant tout aux enfants et l'éditeur l'a voulu comme ça...", explique l'auteur, "mais j'ai dés le début souhaité que le livre soit ouvert à un plus large public. Les plus jeunes y apprennent ce qu'est la peine de mort, les plus âgés y trouvent de nombreuses références historiques et culturelles".
 
De fait, l'album est truffé de clins d'oeils, à la littérature, à la peinture, au cinéma et bien sûr à la bande dessinée, à Hugo Pratt, une influence majeure pour Marty Planchais. "Vers 11 ou 12 ans, j’ai acheté La Jeunesse. Je pensais que c’était le premier album à lire de la série. Je ne comprenais pas tout mais je ressentais une sensation très agréable. J’adorais les ambiances. Après, j’ai acheté De l’autre côté de corto (un livre d’entretiens avec Pratt, ndlr) pour bien connaître l’auteur et son oeuvre. Puis Les Celtiques, Les Helvétiques… Aujourd’hui, je possède toute sa production, pas forcément en édition originale d’ailleurs, c’est pas ce qui m’importe".
Si Marty Planchais parle facilement de ses influences, de Pratt à Rabaté, en passant par Christophe Blain ou Al Severin, il n'a jamais cherché à les copier, seulement à les digérer, pour créer un univers bien à lui, chaleureux, drôle et sensible. Et Il y est arrivé du premier coup. Rien de mieux que l'humour pour évoquer des sujets graves. Amnesty International ne s'y est pas trompé. Pour la première fois, l'organisation apporte son soutien à un livre jeunesse. Une belle reconnaissance et un avenir prometteur...

Propos recueillis par Eric Guillaud le mardi 11 octobre au Blockhaus DY10 à Nantes - Retrouvez l'interview intégrale de Marty Planchais sur notre blog dédié BD

Le Petit bourreau de Montfleury aux éditions Sarbacane (12,50€)


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