Un multirécidiviste soupçonné d'avoir donné un coup de couteau à un homme en Vendée en août a été remis en liberté mardi matin par des magistrats de Poitiers, l'administration pénitentiaire n'ayant pas pu assurer son transfert pour qu'il puisse s'expliquer de vive voix, comme la loi le prévoit.
Faute d'escorte disponible pour l'extraire de la prison de Fontenay-le-Comte (Vendée), où il était placé en détention provisoire, et le conduire au palais de justice de Poitiers, la chambre de l'instruction de la cour d'appel a été contrainte de libérer d'office ce Vendéen de 25 ans, sans aucune mesure de contrôle judiciaire.
Il reste toutefois mis en examen pour coups et blessures volontaires avec arme. Déjà condamné neuf fois, le jeune homme est soupçonné d'avoir donné un coup de couteau dans le dos d'un homme à Challans (Vendée) le 13 août dernier.
Après sa mise en examen, le suspect avait été placé en détention provisoire, mesure qu'il contestait. Il aurait donc dû comparaître physiquement devant les magistrats pour faire entendre ses arguments.
Mais l'administration pénitentiaire n'a pas pu organiser son transfert via l'Autorité de régulation et de programmation des extractions judiciaires (Arpej) de Rennes. "Nous sommes bien conscients du risque de mise en liberté mais nous n'avons pas la possibilité de programmer cette extraction", indique un mail de l'Arpej lu à l'audience mardi.
Quant aux gendarmes de Vendée, ils n'ont pas souhaité "pallier les carences de l'Arpej" malgré les réquisitions du procureur général. "C'est une situation de plus en plus fréquente qui donne un surcroît de travail aux greffes et au parquet général", a déploré le président de la chambre, Pierre-Louis
Jacob. L'avocat général Jean-Paul Garraud a pour sa part estimé que "la réforme mise en place ne fonctionne pas", en référence au processus engagé depuis 2011, et qui voit progressivement, par régions, le transfèrement des détenus passer des gendarmes ou policiers à l'administration pénitentiaire.
Les syndicats pénitentiaires dénoncent régulièrement les sous-effectifs pour mener à bien cette tâche tandis que les parquets se plaignent de "libérations intempestives" de plus en plus fréquentes.
avec AFP