Harcèlement sexuel : deux jeunes Amiénoises témoignent sur France 5

La chaîne France 5 diffuse ce soir le documentaire Harcèlement sexuel : le fléau silencieux, dans le cadre de l'émission Le Monde en Face, présentée par Marina Carrère d'Encausse. Deux anciennes salariées du Cartouche Club d'Amiens y témoignent.

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C’est un fléau silencieux qu’on réduit souvent à des blagues salaces, et pourtant, les psychiatres s’accordent à dire que les traumatismes du harcèlement sexuel peuvent être aussi violents que ceux d’un viol. Pendant un an et demi, le réalisateur Olivier Pighetti a suivi la lutte de quatre femmes, qui ont dû se battre pour que la justice ne classe pas leur dossier sans suite.

Parmi elles, deux jeunes femmes anciennement salariées au Cartouche Club d'Amiens, une PME qui vend des cartouches pour imprimantes. "Laury et Gwenaëlle venaient de milieu très modeste lorsqu'elles ont été embauchées. Pour elles, c'était une manière de sortir d'une forme de précarité, elles étaient très contentes", raconte Olivier Pighetti.
 

Harcèlement sexuel systématique


Mais très vite, et simultanément, elles font l'objet de harcèlement de la part du patron et de la patronne, un couple à la tête de la PME. Quand sa femme est absente, le patron pratique un harcèlement sexuel systématique, avilissant, dégradant.

"Elles se sont consumées de l'intérieur, et se sont enfermées dans leur misère", relate le réalisateur. Et pour cause, au travail, personne ne remarque rien. Finalement, au terme d'un processus qui demande énormément de courage, elles parviendront à attaquer leur patron en justice.
 

Classé sans suite


Si elles gagnent aux prud'hommes, leur affaire est classée sans suite au pénal. "C'est là que l'affaire a été médiatisée, des collectifs féministes se sont emparés de l'affaire", raconte Olivier Pighetti. "Après plusieurs demandes d'interview avec le Procureur, on m'a finalement informé que l'affaire allait être rejugée", poursuit-il.

"J'ai trouvé ça pitoyable, terrible, qu'il faille qu'un média pousse à ce point pour que la justice s'en occupe", s'indigne le réalisateur.

Depuis, Laury et Gwenaëlle, terrifiées, ont déménagé pour ne plus le croiser et fondent en pleurs à l’idée de passer devant leur ancienne entreprise. 


Vous voulez que je pose mon sexe sur votre bureau  ? 


Ça vous dirait que je vous sodomise sur mon bureau tout neuf ?", "vous voulez que je pose mon sexe sur votre bureau ?". Des phrases de ce genre, Laury et Gwenaëlle en ont entendu quotidiennement. "Les mots peuvent faire aussi mal les coups. C'est une arme de destruction massive. Depuis, j’ai perdu ma joie de vivre", témoigne Gwenaëlle dans le documentaire.

Et pour cause, les traumatismes subis par une victime de harcèlement sexuel sont très proches des victimes de viol. Pourtant, contrairement au viol, prouver le harcèlement et quasi mission impossible. "C'est parole contre parole", résume Olivier Pighetti. Peu de harceleurs laissent de trace : pas de mail, ni de sms...

Mais, rappelle-t-il, les enregistrements sont valables au pénal. Le réalisateur encourage les victimes à prendre des vidéos et enregistrer les scènes de harcèlement. "Ces méthodes ne sont peut-être pas glorieuses, mais c'est tout ce qui peut fonctionner à coup sûr", rappelle-t-il.

En France, 20% des femmes sont harcelées sexuellement au travail. Seuls 5% des affaires de harcèlement qui passent par les tribunaux aboutissent sur une condamnation au pénal.

Le patron de Gwenaëlle et Laury a été condamné à 2 ans de prison dont une année avec sursis, obligation de soins et 2 500 euros de dommages et intérêts pour chacune des deux jeunes femmes. Il a renoncé à faire appel de la décision. 
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