Nous avons rencontré le rappeur Kery James à l'occasion du festival Haute Fréquence. S'il ne croit plus à la "politique politicienne", l'artiste, qui cultive son image de "sage", clame son espoir d'une "révolution citoyenne" au moment de reprendre le "combat".
A quelques mois de l'élection présidentielle, l'artiste de 38 ans, adepte d'un rap puissant mais aussi "conscient", dit ne plus croire en la politique politicienne et appelle à une "révolution citoyenne". "Etre engagé, je ne sais pas faire autrement", affirme Kery James, de son vrai nom Alix Mathurin. "Je pense qu'à petite échelle, chacun peut contribuer à améliorer la vie de la société"
Après plusieurs disques d'or, l'artiste cultive toujours plus une image de "sage" du rap francais. "La division de la France me touche beaucoup [...] on a aujourd'hui deux France, on a une classe politique qui vit en dehors des réalités des Français, et une partie de la population qui est pointée du doigt et tenue responsable de tous les maux de la société"
Dans un contexte politique et sécuritaire très tendu, Kery James estime qu'il "va falloir être fort pour résister à la tentation de la facilité". Avec l'élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, "tout est possible" puisque le "monde a basculé", selon le rappeur.
"Mouhammad Alix"
Dans son nouvel album "Mouhammad Alix", il emprunte les basses profondes et les voix transformées du rap américain pour faire passer son message "engagé", poussant à la "responsabilisation des individus".
Dans "Racailles", le premier titre issu de l'album, il a commencé par retourner la phrase prononcée en 2005 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, qui avait promis aux habitants d'Argenteuil de les en "débarrasser".
Bientôt au théâtre et au cinéma
En janvier 2017, il va monter sur la scène du Théâtre du Rond-Point pour la pièce "A vif", qu'il a écrite et qui devrait aussi devenir un film. Deux avocats s'y affrontent autour d'une question essentielle pour le rappeur : "L'Etat est-il le seul responsable de la situation actuelle des banlieues en France?"
Kery James y prêche le "non", et affirme vouloir combattre les attitudes "victimaires". "Il y a un plafond de verre psychologique" pour les jeunes de banlieue, mais "celui qui en a la volonté peut aujourd'hui aller jusqu'au bout", affirme Kery James, qui peaufine aussi une autobiographie pour le printemps 2017.
Un message combatif et optimiste qu'il porte jusqu'en dehors de la scène : il a fondé une association de soutien scolaire, à qui il reverse une partie de ses cachets, et qui finance des bourses d'étude pour des jeunes en difficulté.