Ariane Lindalukau, qui s'est enfuie de son pays après avoir été séquestrée et torturée, vient de recevoir une nouvelle obligation de quitter le territoire français (OQTF). Son tuteur et ami, Didier Cottrelle (RESF), espère que le préfet "entendra raison".
Nouvelle déception pour Ariane, une jeune femme inscrite au lycée Romain Rolland, à Amiens. De nouveau, son dossier de demande de régularisation n'a pas été suffisant pour convaincre la préfecture, qui ordonne une OQTF, obligation de quitter le territoire français. Pourtant, certaines preuves ne mentent pas : des documents médicaux attestent des nombreuses violences qu'elle a subi au Congo, qu'elle a fui avec l'aide de sa tante.
"On espère au moins qu'ils la laisseront terminer sa scolarité et passer son bac", confie Didier Cottrelle, du Réseau éducation sans frontière de la Somme. Car Ariane est inscrite en 1ère génie administratif. "Une élève bien atypique", selon son tuteur et ami. "Elle prend des notes, passe son temps à étudier. C'est une élève très assidue", assure-t-il.
Un désarroi extrême
À tel point que le lycée a accepté de l'héberger, dès la rentrée, dans son internat. Une petite victoire dans ce chaos administratif et émotionnel. "Avec tout ce qu'elle a vécu, on est souvent surpris qu'elle puisse encore mettre un pied devant l'autre. Mais c'est ce qu'elle fait. Même si parfois, on surprend un désarroi extrême", confie M. Cottrelle.
Ce qui coince du côté de la préfecture, c'est le passeport avec lequel Ariane est entrée sur le territoire français. Un passeport Angolais, tandis qu'elle assure être Congolaise. D'après la préfecture, ce type de faux passeport est extrêmement difficile à obtenir. Chose que Didier Cottrelle dément : "Avec un peu d'argent, on peut avoir à peu près n'importe quel passeport en Afrique".
Exaspéré, celui-ci espère que le préfet "reviendra à la raison", lui qui s'est "contenté de s'en remettre à l'avis négatif de son administration", regrette-t-il.
Comme 75% des demandeurs d'asile en France, Ariane a été déboutée. Son père, militant politique, serait décédé. Sa mère et ses frères et soeurs auraient disparu. Le seul point de repère aujourd'hui pour Ariane, c'est l'école. "Un havre de protection pour les gens qui n'ont plus rien", conclut Didier Cottrelle.