Après avoir fait condamner le prêtre qui avait abusé de lui dans les années 60, un homme de 64 ans, lui-même pédophile assigne le Vatican en justice pour "faute lourde" devant le tribunal de Bourg-en-Bresse. Il accuse l'Eglise d'avoir protégé son agresseur.
Les faits remontent aux années 60. Mais l'affaire de pédophilie est toujours d'actualité puisque la victime demande aujourd'hui des comptes au Vatican. Cet homme, aujourd'hui âgé de 64 ans, a lui-même été condamné à deux reprises pour des agressions sur mineur. Il estime que l'église porte une responsabilité puisqu'elle a, en toute connaissance de cause, simplement muté le prêtre coupable, sans jamais condamner ses agissements. Il réclame 50 000 euros de dommages et intérêts .
A l'époque, l'homme est élève de 3e , interne dans un collège de Bourg-en-Bresse quand il est abusé par l'aumonier de l'établissement. 50 ans plus tard, il fait d'ailleurs condamner ce même prêtre le 7 juillet dernier par le tribunal d'instance de Nantua à un euro symbolique de dommages et intérêts. Mais il veut aller plus loin en exigeant cette fois du plus haut sommet de l'Eglise une indemnisation formelle qui participera à sa reconstruction psychique. Il est en effet suivi par un psychiatre et veut obtenir une réparation formelle du préjudice subi.
Aujourd'hui, Me Ludo, son avocat, assigne donc le Vatican devant le tribunal de Bourg-en-Bresse. Il estime que l'Eglise a, à l'époque, manqué à son obligation d'autorité et de surveillance sur le prêtre et commis une "faute lourde". Il lui reproche également d'avoir voulu dissimuler la vérité en éloignant simplement le prêtre et en lui offrant un détachement à l'étranger, auprès de l'ONU. Sans jamais le dénoncer.
"Mon client considérait le prêtre comme son père"
"Il faut casser le mur, ouvrir la brèche" explique l'avocat, à partir précisément d'un rapport très sévère de l'ONU qui accuse l'Eglise d'avoir protégé les prêtres pédophiles. Pour le Comité des droits de l'enfant auprès des Nations Unies, l'Eglise catholique "n'a pas reconnu l'étendue des crimes commis, n'a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à ces affaires de pédophilie et pour protéger les enfants et a adopté des politiques qui ont entraîné la poursuite de ces abus et l'impunité pour leurs auteurs".
Me Ludo vient donc d'adresser son assignation en justice à la Nonciature, l'ambassade du Vatican à Paris. Un dossier très sensible qui risque, selon lui de susciter des "frottements diplomatiques" au plus haut niveau. Mais pour lui, il en va de la santé psychique de son client, "un homme isolé" qui garde l'espoir que ses enfants lui pardonneront un jour ses pratiques et ses errements judiciaires.