Après les violences survenues dimanche soir au sein de la Maison centrale de Valence, les agents pénitentiaires manifestaient ce jeudi leur ras-le-bol et demandaient plus de moyens. Marie-Line Hanicot, leur directrice régionale, leur répond au micro de France3 Rhône-Alpes.
Les agents du centre pénitentiaire de Valence parlent d'un ras-le-bol (leur sécurité, le comportement de certains détenus). Que leur répondez-vous ?
"C'est la difficulté pour des personnels qui n'avaient pas l'habitude de travailler en maison centrale de prendre en charge ce type de population (l'ancienne Maison d'arrêt n'accueillait que des prévenus en attente de jugement et des courtes peines ; l'acuel centre pénitentiaire se compose, en plus du quartier Maison d'arrêt, d'un quartier Maison centrale qui abrite, lui, des condamnés à de longues peines et des détenus difficiles, NDR) : il leur faut une période d'adaptation car c'est une population spécifique. Peut-être se sentent-ils un peu désarmés. C'est pourquoi des actions de formation ont lieu, notamment en vue de l'ouverture d'un nouveau quartier."
Il est inadmissible que des détenus s'en prennent physiquement à des personnels.
Que vous évoquent les violences survenues dimanche dernier ?
"Un sentiment de colère. Il est inadmissible que des détenus s'en prennent physiquement à des personnels. Une enquête est en cours et je ne doute pas que la justice sanctionnera lourdement ces détenus."
Les agents demandent plus d'effectifs dans le quartier des longues peines afin de ne plus être un seul par étage.
"À Valence, il y a actuellement douze vacances de poste, sur 238 agents. Dans le quartier dont il est question, les agents resteront seuls par étage (avec cependant une covisibilité des collègues d'un étage à l'autre). Mais dans les semaines à venir, nous allons mettre en place une équipe locale d'appui et de contrôle de 7 personnes pour renforcer le contrôle des cellules et les accompagner dans les étages pendant les mouvements des détenus. Cette équipe est sur place et en cours de formation."
Une équipe-renfort de 7 agents est en cours de formation.
Qu'en est-il de la fouille intégrale des lieux demandée par les agents ?
"Nous l'avons organisée [mercredi]. Et nous n'avons trouvé que très peu de choses. Essentiellement des armes artisanales : un crayon avec une pointe, un morceau de céramique... Les détenus les fabriquent avec ce qui est à protée de leurs mains, comme une brosse à dents ou une lame de rasoir. Et donc la vraie façon de lutter, c'est de multiplier les fouilles de cellules, grâce notamment à l'appui de cette équipe locale."
On parle de la présence d'une quinzaine de détenus radicalisés entre les murs valentinois. Quel traitement leur est consacré ?
"Votre source d'une quinzaine me semble conséquente. À ma connaissance, il y en a moins. Ces détenus font l'objet d'une évaluation qui indique s'ils doivent être orientés vers une unité de prévention de la radicalisation. Pour l'instant, il n'y en a pas eu à Valence. Par contre, nous mettons en place des programmes de prévention, en plus du travail du SPIP."
Y a-t-il une surpopulation dans la prison de Valence ?
"Absolument pas. C'était le cas sur l'ancienne Maison d'arrêt de Valence, qui était sous-dimensionnée. La Maison d'arrêt actuelle n'est pas suroccupée, elle est à 99% de taux d'occupation. En plus des détenus de la Drôme, elle accueille aussi quelques détenus de l'Ardèche car la Maison de Privas est sous-dimensionnée."