C'est officiel : Yannick Jadot remporte la primaire EELV avec 54,25% des voix face à Michèle Rivasi, annoncent les porte-parole du parti.
Entamé à la mi-journée, le résultat du dépouillement des bulletins de vote a été officiellement annoncé à 19H00 au siège du parti écologiste, dans le Xe arrondissement de Paris. Dès le milieu d'après-midi, les jeux semblaient faits, avec une avance donnée au seul homme de la primaire selon des résultats partiels.
Le taux de participation, de 82%, est en nette hausse par rapport au premier tour (72%) sur un corps électoral de 17.146 votants, dont environ 7.000 adhérents d'EELV.
Les eurodéputés Yannick Jadot, 49 ans, et Michèle Rivasi, 63 ans, reconnaissaient eux-mêmes développer "le même projet, avec quelques nuances dans les solutions que chacun veut mettre en avant", explique M. Jadot, qui était arrivé en tête le 19 octobre avec 35,61% des suffrages, devant Mme Rivasi (30,16%).
Mais leurs personnalités bien trempées sont différentes, et au-delà, ils divergent sur une question majeure dans une course électorale. Pour M. Jadot, il est en effet déjà acquis que la France n'enverra pas un écologiste à l'Élysée en 2017, et il en va de la "crédibilité" du parti de le dire. Selon lui, cette candidature est une première étape pour "construire les victoires" aux prochaines échéances, à commencer par les législatives de juin.
Mme Rivasi en revanche refusait de partir battue. "Si les gens sont déçus par la droite, déçus par la gauche, et qu'on apporte des solutions, qu'on arrive à convaincre (...) pourquoi on ne gagnerait pas?", a-t-elle demandé lors du débat de l'entre-deux tours.
Duflot va réunir ses soutiens
Cette discordance a permis à plusieurs personnalités de gauche, dont Aurélie Filipetti et Jean-Vincent Placé, d'appeler ces derniers jours le vainqueur de la primaire à se soumettre à celle organisée par le Parti socialiste fin janvier. M. Jadot et Mme Rivasi n'ont pourtant cessé de dire pendant l'entre-deux tours qu'ils ne rallieraient pas le grand frère socialiste pour la présidentielle ni même pour un accord législatif.La défense de l'autonomie de l'écologie politique est devenue un impératif dans un parti sorti exsangue et "traumatisé" par sa participation
au gouvernement au début du quinquennat Hollande. "C'est la course à l'échalote de la pureté", disait un soutien de Cécile Duflot au lendemain de la défaite de celle qui avait provoqué une scission chez EELV après son refus de participer au gouvernement Valls en mars 2014. S'en étaient suivis des départs de cadres en cascades, puis l'implosion du groupe écologiste à l'Assemblée et la défection de sa propre secrétaire nationale Emmanuelle Cosse devenue ministre du Logement en février.
Faisant jeu quasi égal sur les soutiens de marque - José Bové, Pascal Durand ou Philippe Torreton se sont prononcés pour M. Jadot, Eva Joly, Yves Cochet ou Emmanuel Poilane pour Mme Rivasi.
Quant à l'ancienne ministre, elle s'est refusée à donner une quelconque consigne mais a promis qu'elle soutiendrait le vainqueur, quel qu'il soit. Elle a cependant prévu de rassembler ses proches et ses soutiens pour "un weekend de l'après-demain" les 26 et 27 novembre selon un courriel de sa directrice de campagne Caroline de Haas.
Le plus dur restera dès mardi pour EELV, crédité d'un score inférieur à 3% dans les sondages, de réunir avant la mi-mars les 500 parrainages nécessaires pour pouvoir déposer une candidature à la présidentielle.