Des manifestations de soutien à Serge Atloui, ce Messin condamné à mort il y a huit ans en Indonésie pour trafic de drogue, ont eu lieu hier à Metz et Paris.
Deux manifestations ont eu lieu à Paris et à Metz, mardi 24 mars, pour soutenir Serge Atlaoui, ce Messin de 51 ans sur le point d'être exécuté en Indonésie. Ses comités de soutiens se sont organisés pour clamer son innocence dans l’affaire de stupéfiants dans laquelle il est empêtré.
Ces initiatives constituent une dernière chance pour Atlaoui, cet ouvrier soudeur qui, il y a 10 ans, alors sans emploi, se laisse tenter par la proposition d’un ami : 2000 euros par semaine pour installer les machines d’une usine d’acrylique en Indonésie.
Son premier voyage se passe bien. Lors du second, l’usine a changé et il découvre qu’il s’agit en fait d’une fabrique clandestine d’ecstasy. Une descente de police intervient. Prison, procès, Atlaoui crie son innocence, en vain. Il est condamné à mort.
Les juges n'ont jusqu’ici jamais appliqué cette peine de mort. Pour quelle raison l’exécution approche-t-elle désormais, après les huit ans qui viennent de s’écouler ?
C’est sans doute l’élection en octobre de Joko Widodo, le nouveau président indonésien, qui change la donne. Pour lui, la drogue est un fléau criminel. Le pays compte 4 millions de toxicomanes. Le président indonésien a donc décidé d'appliquer la loi à la lettre - loi très sévère en matière de stupéfiants en Indonésie.
Depuis janvier, six hommes ont été exécutés. La plupart étaient des étrangers condamnés pour trafic de drogue. La nuit prochaine, le tribunal de Tangerang doit rendre un avis sur Serge Atlaoui avant que la cour suprême ne se prononce à son tour. Il s’agit de la dernière chance pour le Français. Ses proches craignent que le tribunal continue de se prononcer pour la peine de mort.
L’appel au secours de son épouse
Sabine Atlaoui, son épouse, est arrivée à Djakarta le mois dernier avec les trois enfants de Serge Atlaoui. Elle va le voir deux fois par semaine au parloir de la prison de Nosa Kambangan, située sur une île isolée au sud de Java. Pour elle, " C'est maintenant où jamais ". Elle lance un appel pour se mobiliser en France.«Il faut se rassembler autour du cas de mon mari pour le protéger, pour dire 'non, ne l'exécutez pas'. Seuls, nous n'y arriverons pas. On a besoin du soutien de tous."
L'avocat français de Serge Atlaoui est volontairement resté discret depuis des années pour ne pas froisser les autorités indonésiennes. Il a lui aussi changé de ton. "L'étau se resserre. Nous sommes surpris et consternés du peu de cas que la justice indonésienne fait de Serge Atlaoui qui s'est, par ailleurs, toujours comporté en détenu exemplaire".
L'ambiance est donc à la mobilisation. De Paris et Metz, des pétitions et appels sur les réseaux sociaux ont été lancés par les différents comités de soutien. L'association " Ensemble contre la peine de mort " tente également de faire réagir les parlementaires, les maires, les personnalités. Si Serge Atlaoui était mis à mort, ce serait le premier Français exécuté depuis 1977. Il risquerait alors d’y avoir des conséquences sur les relations entre la France et l’Indonésie.
Voir la vidéo du direct avec André Atlaoui, le frère de Serge Atlaoui, mardi 24 mars, Place d'Armes à Metz
En savoir plus : La ville de Metz soutient Serge Atlaoui https://france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/2015/03/24/affichage-sur-la-mairie-metz-soutien-serge-atlaoui-condamne-mort-en-indonesie-685377.html