À l'occasion de la journée des droits de la femme, Thalassa vous propose de découvrir 4 femmes hors du commun. Navigatrice, officier de marine, maître d’équipage ou capitaine de remorqueur, elles inventent le monde maritime de demain.
Clarisse Crémer, navigatrice
Jamais elle n’aurait pensé réaliser un tel défi et pourtant… à tout juste 30 ans, Clarisse l’a fait ! Elle est plus qu’une sportive de haut niveau… c’est une guerrière de la mer… Première femme à terminer la 9 ème édition du Vendée Globe et désormais, en 87 jours, c’est la plus rapide de cette légendaire course au large, considérée comme une des plus difficiles du monde de la voile.
Rien ne prédestinait Clarisse Crémer à faire de la voile à un tel niveau. Née à Saint-Cloud, en région parisien, élève brillante, diplômée d'HEC et autoentrepreneuse, elle trace sa route. Mais souvent, les chemins tout tracés sont terriblement ennuyeux, alors elle plaque tout, en 2015, pour s'installer en Bretagne avec Tanguy Le Turquay, son compagnon. Lui aussi est un passionné de voile, il lui a "donné le virus, c'est sûr", dit-elle.
Au quotidien, son métier de skipper de course au large ne demande pas seulement un mental d’acier… Il faut être à l'aise en mer, capable de barrer des monocoques ou multicoques dotés des dernières innovations technologiques, avoir des bases solides en météorologie afin de pouvoir décrypter les écrans de navigation.
Une fois à bord, que l'on soit en équipage ou en solitaire, un bon skipper doit savoir se soigner. Clarisse peut donc être amenée à réaliser des diagnostics médicaux et même dans certains cas critiques, effectuer des soins de première urgence.
Et le flot de compétences ne s'arrête pas là... La communication, la recherche de sponsors pour rassembler des budgets toujours plus conséquents fait aussi parti de son quotidien de marin. De ce côte-là, Clarisse Crémer assure. Sur les réseaux sociaux, elle se met en scène avec beaucoup d'autodérision. Celle qu'on surnomme "la machine" est bien loin de l'image des navigateurs bourrus et solitaires aperçus au large... Elle a décidé de faire partie d'une nouvelle génération de skippers qui communique avec les réseaux tout en performant sur des courses d'exceptions.
En cinq ans, elle a tout appris ou presque : transporter des sacs de dizaines de kilos, hisser les voiles ... Manœuvrer dans une mer déchaînée, et cela ne lui fait pas peur, bien au contraire :
C'est ce que j'aime et ce qui me transcende : on se rend compte qu'on va plus loin que ce qu'on aurait pu imaginer."
Les skippers de course comme Clarisse Cremer sont considérés comme de véritables « pilotes d’essai ». Ils sont capables de faire évoluer et progresser nos connaissances et des techniques utiles à l'ensemble des skippers et plus largement à tous les plaisanciers. En France, une école de futur(e)s champions située à Port-la-Forêt forme les navigateurs de demain : le pôle Finistère Course au large.
Verane : future officier marinier
À 19 ans, elle a quitté sa Savoie natale pour suivre une formation afin de devenir officier marinier.
Verane vient de signer un engagement de 10 ans dans la Marine nationale.
Pendant 4 mois à Brest, elle va suivre la célèbre école de la Maistrance qui forme les futurs officiers de la Marine. Son rêve va se réaliser mais il ne sera pas sans épreuves ! Elle connaîtra la fierté de l’uniforme, le sport, la cohésion dans la difficulté, la solidarité et les épreuves physiques testant sa résistance et son mental.
En entrant dans les murs, on quitte le monde civil et on découvre un monde qu'on ne connait pas... J'avais jamais quitté mes parents, jamais quitté ma ville ma ou région. Ce n'est pas rupture fatale. On arrive ici, c'est comme un renouveau. On oublie tout ce qui s'est passé dans le civil...
Se rêve-t-elle marin, combattante, technicienne ou gestionnaire ? Verane ne sait pas encore. Elle doit d'abord débuter son parcours dans la marine par cette formation initiale à Brest (il existe également une école de la Maistrance à Saint-Mandrier). Au programme de sa formation : une immersion totale dans le domaine maritime, militaire, sportif ainsi que de ne nombreuses heures d'études dans le domaine des sciences humaines et du management.
Verane recevra une rémunération en tant que quartier-maître maistrancier et bénéficiera pour se reposer de permissions de sortie les mercredis et les week-ends ainsi que d'une semaine de vacances.
Les futur(e)s officiers mariniers s'engagent ensuite à rejoindre une école de « spécialité » pour y suivre une formation de technicien de deux à neuf mois adaptée à la filière de spécialisation qu’ils ont choisie.
À l’issue de cette formation intensive, Verane possèdera toutes les connaissances requises pour rejoindre sa première affectation, et gravira des échelons de responsabilités de plus en plus importants. Son cursus est celui de la plupart des futur(e)s officiers mariniers qui ont le bac en poche. Néanmoins, des passerelles existent pour celles et ceux qui voudraient excercer ce metier avec un concours interne ou une sélection sur dossier.
Emmanuelle, capitaine de remorqueur
C’est un métier peu connu et pourtant indispensable dans la Marine nationale : savoir remorquer un géant des mers et l’acheminer à bon port.
Non seulement Emmnuelle est la seule femme en France à commander un remorqueur mais elle a le privilège d'accompagner l'emblème de la flotte française lorsqu'il quitte ou rentre au port, le Charles De Gaulle.
Ce jour-là, elle effectue une manœuvre périlleuse dans la rade de Toulon… Elle doit ramener à bon port le fleuron de la puissance nucléaire française, 42000 tonnes d’acier, 16 mètres de haut.
À la mer, c’est une mini ville sur l’eau, 16 mètres au-dessus des flots pour atteindre le pont d’envol, quand on se présente, c’est toujours impressionnant.
Sa mission du jour :
Son métier de technicien pont navire-manœuvrier consiste à surveiller, manœuvrer et entretenir les équipements de bord (ou des machines…) de son remorqueur. Mouillage, amarrage, ravitaillement à la mer, remorquage...avec 5 hommes sous son commandement, Emmanuelle s'assure notamment de la bonne arrivée des cargaisons de navires.
Nina, maître d'équipage
Nina est « bosco » c’est-à-dire maître d’équipage. Elle navigue sur un 3 mâts de 47 mètres de long !
Du haut de ses 22 ans elle dirige les manoeuvres à bord et donne ses ordres à une vingtaine de membres d’équipage et surtout à bord de ce voilier, elle participe à son échelle, à la préservation de la planète.
Pour en arriver là, elle suit un cursus des sciences de la mer à la faculté des Canaries. Passionnée par le milieu marin et les sciences participatives, elle embarque durant ses études sur de nombreux navires d’expédition et signe pour une misison à bord du Kraken, un voillier exceptionnel destiné à nettoyer nos océans. L’association Wings of the Ocean l’a acheté en 2018 dans le but de dépolluer les mers du globe et sensibiliser à la question du plastique et des déchets, tout en apprenant la navigation à la voile au plus grand nombre...
Motivée par le projet, cette écovolontaire a effectué de nombreux voyages à la découverte des criques ou des lieux difficiles d’accès par voie pédestre, pour y ramasser des déchets flottants.
Cette jeune femme a roulé sa bosse dans le monde entier entres navigations et missions humanitaires aux Philipinnes, au Costa Rica ou en Australie.
Aujourd’hui à 24 ans elle est revenue à son port d’attache : La Rochelle ! Elle travaille pour le skipper Yannick Bestaven, le dernier vainqueur du Vendée Globe. Elle aide l’équipe à remettre à neuf le monocoque du champion ! Avant un nouveau projet pour protéger la planète.