La crise que traverse le club Haut-Savoyard s'aggrave. Ce vendredi 20 décembre, le président Trotignon a fait ses cartons et vidé son bureau. Avant même la prochaine assemblée générale, il a confirmé son départ mais pourrait rejoindre Grenoble pour prendre la tête du GF38.
Son départ n'était plus qu'une question de temps. Il est désormais officiel. Ce vendredi 20 décembre, à la fin de sa journée de travail, Patrick Trotignon a fait ses cartons. Il a vidé son bureau. A la tête d'ETG depuis cinq ans, le président a finalement claqué la porte.
Depuis plusieurs semaines, on le savait en conflit ouvert avec ses actionnaires concernant une augmentation et une ouverture du capital d'ETG à de nouveaux investisseurs. Une position défendue également par Franck Riboud, le patron de Danone et principal sponsor du club qui a fait de l'adoption de sa proposition un préalable au maintien de son soutien financier.
Sauf qu'en face, le duo Bakhtiar/Tumbach, qui possède la majorité absolue, s'y oppose fermement. Riboud a donc décidé de s'en aller et d'arrêter de financer l'équipe professionnelle. Trotignon en fait les frais, lui qui est un proche voire un intime du patron de Danone. Depuis plusieurs mois, les relations entre les pontes du club étaient très tendues. Et les communications ne se faisaient plus que par des intermédiaires. Quand il ne s'agissait pas d'avocats...
A Grenoble, on confirme un contact avec Trotignon
Sauf que Trotignon était l'un des artisans de la réussite d'ETG. Du National à la Ligue 1, le président a accompagné et encadré l'explosion du club. Homme au caractère fort, il a néanmoins su s'imposer en Haute-Savoie tant auprès des élus que des grands patrons du département.
Une réussite qui fait forcément des envieux à l'heure où Trotignon se retrouve libre de tout engagement. Ainsi, Alain Fessler, le président du GF 38, avec qui il est ami depuis 20 ans, n'a pas hésité une seule seconde à le contacter pour lui proposer de diriger le club grenoblois. C'était il y a un mois et demi. Mais pour l'instant, rien n'est encore signé.
Le GF3 38 rêve de retrouver les sommets du foot français et verrait donc d'un bon oeil l'arrivée de Trotignon, l'un des piliers de la success-story d'ETG.
En vidéo, les réactions en Haute-Savoie et en Isère à l'annonce du départ de Patrick Trotignon
Danone également tenté par le GF 38?
Mais au-delà du sort personnel de Patrick Trotignon, une autre information a suscité l'espoir de tous les supporters grenoblois. Selon certaines sources proches du dossier, si le désormais ex-président d'ETG débarquait dans la capitale des Alpes, il emmènerait dans ses valises... Franck Riboud!
Danone serait en effet intéressé par le GF 38 et envisagerait de soutenir le club comme pour mieux contrer les Roses de Haute-Savoie. Une annonce a priori étrange dans la mesure où le géant de l'agro-alimentaire a pour tradition de ne s'engager financièrement que dans les territoires sur lesquels il est implanté. C'est fortement le cas en Haute-Savoie et en particulier dans le Chablais. Ca ne l'est absolument pas en Isère.
Plusieurs sources proches du dossier confirment cependant la rumeur. Et l'une d'entre elles, avec laquelle nous avons pu nous entretenir hors caméra, affirme même que Franck Riboud aurait appelé ce samedi 21 décembre au matin, le président du GF 38, Alain Fessler. Lequel dément formellement et assure que jamais Danone n'a été approché.
La thèse du complot ?
Alors pourquoi un tel emballement ? Pour Alain Fessler, la sortie de ces informations aurait pu être orchestrée pour déstabiliser davantage encore Patrick Trotignon et ce, juste avant la prochaine assemblée générale d'ETG. Une AG prévue ce lundi 23 décembre et qui s'annonce sanglante : Trotignon et Riboud feront face sans doute pour la dernière fois au duo Bakhtiar/Tumbach.
Lequel profitera de l'occasion pour faire entrer quatre nouveaux administrateurs au sein du club et s'assurer ainsi une majorité solide au conseil d'administration.
Quelles conséquences pour ETG?
Patrick Trotignon sera sans doute très vite remplacé. La poursuite de l'activité et les affaires courantes ne devraient donc pas être impactées par son départ. Reste à connaître le nom de son successeur. Il s'agira sans aucun doute d'un proche des actionnaires majoritaires qui s'assureront ainsi un contrôle total d'ETG.
Pas de changement à attendre non plus du côté de l'entraîneur. Pascal Dupraz a récemment été reconduit jusqu'en 2017. Une décision qui n'a pas pu se prendre sans l'accord d'Esfandiar Bakhtiar et Richard Tumbach.
Les questions sont en revanche beaucoup plus nombreuses quand on évoque le départ de Franck Riboud. L'arrêt du sponsoring de Danone n'engendrera pas de dommages irrécupérables sur les finances du club. La somme versée par le groupe alimentaire ne représente que 3,5% du budget d'ETG.
Un changement de nom et de couleurs?
Mais la disparition de Danone suppose aussi la fin du "E" de ETG. Car Evian ne fait en aucun cas référence à la ville mais à la marque. Tout comme la couleur, si singulière, du maillot des joueurs. Le Rose est une signature de Danone. Sauf accord amiable entre les deux parties, un désengagement de Franck Riboud causera obligatoirement des changements de nom et de couleurs du club.
Ensuite, le départ de Danone enverrait aussi un bien mauvais signal à plusieurs autres partenaires du club. Des entreprises à l'engagement certes plus modeste auprès d'ETG mais qui pèsent quand même. Il y a peu, l'industriel Yves Bontaz affirmait qu'il claquerait la porte en même temps que Franck Riboud. Et il serait loin d'être le seul.
Même les collectivités songent à revenir sur leur soutien. Le maire de Publier, Gaston Lacroix, nous a par exemple confié son intention de supprimer la subvention annuelle de 50.000 euros versée aux équipes jeunes du club. Selon lui, son collègue d'Evian penserait lui aussi sérieusement à cesser le versement des ses 120.000 euros de subventions.
Des conséquences en cascades qui pourraient plomber pour de bon un club aux racines encore fragiles.