C'est un vieux serpent de mer. Ou plutôt de lac. Sur les bords du Léman, nombreux sont ceux qui rêvent du désenclavement du Chablais. Le projet avait été retoqué par l'Etat faute de financements. Il renaît aujourd'hui. Le ministre des Transports s'est dit favorable à une participation du privé.
C'est l'histoire d'une autoroute sans cesse enterrée mais qui pourrait, finalement et contre toute attente, quand même voir le jour. En 1997 déjà, puis en 2010 et même au printemps 2013, le désenclavement du Chablais avait été retoqué par l'Etat. Pas d'argent, disaient alors les responsables politiques qui pointaient du doigt le coût astronomique d'une telle opération : plus de 270 millions d'euros pour 15 kilomètres entre Machilly à Thonon et gagner 20 minutes de temps de trajet (hors embouteillages). Mais aujourd'hui, le discours change un peu. Et le mode de financement aussi.
Cette semaine, lors d'une réunion dans son bureau qui rassemblait quelques élus de Haute-Savoie dont le président du Conseil général, le ministre des Transports s'est en effet dit favorable à l'arrivée d'une société privée. Concrètement, les travaux seront donc confiés à un concessionnaire. Selon nos informations, deux grandes entreprises de travaux publics seraient actuellement sur les rangs pour décrocher le contrat.
Un péage au tarif de deux euros
En contrepartie, un péage sera donc installé pour financer et rentabiliser la nouvelle portion. Le tarif devrait tourner aux alentours de deux euros voire 2,20 euros au maximum. Le département versera à son concessionnaire une "subvention d'équilibre". En clair : les élus de Haute-Savoie combleront les déficits éventuels, au moins durant les premières années d'exploitation.
Reste désormais à accomplir les formalités administratives. Le chantier qui sera lancé d'ici à quelques mois s'appuiera sur la déclaration d'utilité publique qui avait déjà validé le tracé de la route. Néanmoins, une nouvelle DUP devra être menée pour valider le principe du péage. Christian Monteil, président du Conseil général de Haute-Savoie, devrait détailler l'ensemble du dispositif et donner davantage d'informations lors d'une conférence de presse annoncée pour "courant janvier".
La réunion dans le bureau de Frédéric Cuvillier constitue donc un pas décisif dans l'avancée de ce dossier porté à l'échelon local depuis une vingtaine d'années. Il faut dire qu'en matière d'infrastructures de transports, la Haute-Savoie a accumulé les retards en tardant à moderniser ses réseaux routiers et ferroviaires. Et ce, alors que le département voit chaque année sa population augmenter d'un millier d'habitants.