La ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a annoncé dimanche sur France 3 l'interdiction de la vente en libre service dans les jardineries du désherbant vedette de Monsanto, le Roundup, afin de lutter contre les effets néfastes des pesticides.
Monsanto doit pourtant faire face en France, comme dans d'autres pays, à une fronde contre son désherbant Roundup. Le produit a été remis au centre de l'actualité après le classement, en mars, du glyphosate, son principe actif, comme cancérogène "probable chez l'homme", même si les "preuves sont limitées", par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Le Roundup a été homologué en 2002 au niveau européen, à l'unanimité des états membres, et le processus pour le renouvellement décennal de cette homologation de l'Union européenne est en cours.
Cette actualité aidant, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, a annoncé, dimanche 14 juin, sur France 3, l'interdiction de la vente en libre service dans les jardineries du désherbant, afin de lutter contre les effets néfastes des pesticides.
"La France doit être à l'offensive sur l'arrêt des pesticides", a déclaré la ministre. "Elle doit être aussi à l'offensive sur l'arrêt des pesticides dans les jardins et je vous annonce que j'ai demandé aux jardineries d'arrêter de mettre en vente libre le Roundup de Monsanto", a-t-elle déclaré.
Extrait 12/13 - France 3 National
Dans un communiqué transmis, le groupe américain Monsanto a riposté en expliquant ne pas avoir "d'information réglementaire concernant une évolution de l'autorisation de mise sur le marché du désherbant Roundup". Il juge qu'"absolument aucune nouvelle donnée scientifique récente ne permet de remettre en cause cette autorisation" et estime que "dans les conditions recommandées d'utilisation figurant sur l'étiquette, le produit ne présente pas de risque particulier pour l'utilisateur".
En attendant, au lendemain de l'annonce de Ségolène Royal, les jardiniers amateurs n'ont pas été sensibles au message. Ni à celui du Centre international de recherche sur le cancer datant de mars. "On continue à nous demander du Roundup, à croire que le mot désherbant a complètement disparu de notre vocabulaire", témoigne un vendeur de l'agglomération de Chambéry. Dans cette jardinerie, les 3/4 des désherbants sont du Roundup. "Que va-t-il rester dans les rayons si on ne peut plus en vendre!", plaisante le professionnel qui connaît pourtant d'autres solutions pour éradiquer les mauvaises herbes.On continue à nous demander du Roundup"
Pour les potagers, il évoque les films plastique et le paillage naturel à placer au pied des plantes. Dans les massifs de fleurs, les plantes couvre-sol sont également une bonne solution, leur "pouvoir couvrant" permet de limiter la prolifération des herbes indésirables. Et puis, il y a l'huile de coude! A l'aide d'un couteau, il suffit seulement de plonger dans la terre pour retirer une racine toute entière.
En 2008, Botanic, l'entreprise de Haute-Savoie, a, de son côté, décidé de supprimer les pesticides chimiques de synthèse de tous ses magasins.
Sur son site internet, la chaîne donne tout un tas d'alternatives. Exemples: si les herbes menacent d'envahir une terrasse ou votre allée, le désherbeur thermique permet de brûler les plantes et empêche qu'elles se ressèment. On peut aussi recycler l'eau de cuisson des pâtes ou des légumes quand elle est encore bouillante, en la déversant sur les herbes indésirables, ce qui provoquera la mort des racines par choc thermique. Pour les cas extrêmes, Botanic vend aussi un produit fabriqué en Allemagne mis au point à partir d'une matière active d'origine naturelle, l'acide pélargonique. Un acide qui provient du géranium.
Reportage Renaud Gardette et Aurélie Massait