Alors que le procès de la rixe mortelle d'Echirolles commence ce lundi 2 novembre à 14h30, on ignore encore si les audiences vont se tenir à huis-clos. Maître Szipner, avocat des parties civiles, souhaite un procès public pour que "la société française s'interroge sur l'engrenage de la violence".
"C'est un crime gratuit", "une monstruosité" commente Francis Szpiner. L'avocat des parties civiles va représenter les familles des jeunes Kevin et Sofiane.
"Un procès, c'est toujours une épreuve car c'est le rappel d'un drame", explique Me Szpiner. "C'est aussi l'espérance d'avoir la vérité, même si il y a de grosses appréhensions et de gros doutes, car les accusés ont beaucoup menti tout au long de l'instruction, essayant de minimiser leur responsabilité, se réfugiant derrière l'opacité du groupe pour dire qu'ils n'ont rien fait, qu'ils n'ont rien vu, que c'est pas eux que c'est l'autre... "
Le 28 septembre 2012, la rixe, qui a coûté la vie à deux jeunes hommes sans histoires, avait débuté par une bagarre devant un lycée d'Echirolles entre Wilfried, le frère de Kevin, et un autre garçon avec lequel il avait un contentieux au sujet d'une jeune fille.
En début de soirée, dans une ambiance alcoolisée, une vingtaine de jeunes de La Villeneuve de Grenoble avaient alors décidé de lancer une expédition punitive pour venger "la fierté du quartier".
C'est aussi la volonté que leurs enfants ne soient pas morts pour rien"
"C'est aussi la volonté que leurs enfants ne soient pas morts pour rien", poursuit Maître Szpiner, "et que la société française puisse jeter une regard sur ce qui s'est passé pour éviter que si demain une autre bande se retrouve dans cette situation, elle comprenne comment une violence au départ verbale peut amener à une violence physique et à la mort. Et c'est pourquoi nous souhaitons que ce procès soit public."
"Nous voulons une exemplarité dans le sens de montrer ce qui s'est passé (...) faire en sorte que chacun s'interroge, à l'occasion d'un procès, sur cette violence entre jeunes qui n'est pas acceptable".
Interview de Maître Szpiner
Kevin, étudiant en master de 21 ans, a été frappé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur de 22 ans, a été poignardé 31 fois, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau. Il décédera le lendemain de multiples hémorragies internes.
Estimant que chacun d'eux avait contribué à la mort des victimes, la justice a retenu le principe de la "co-action": les douze sont donc accusés d'avoir tué Kevin et Sofiane. Et encourent 30 ans de réclusion criminelle.
"Ce que le juge d'instruction et le parquet ont fait, et ils ont eu raison", explique Maître Szpiner, "c'est de dire que cette mort est la conséquence d'une co-action. Si je porte un coup de couteau mais que vous vous êtes à côté et que vous empêchez la personne de partir, par votre action vous permettez le crime, et vous êtes le co-auteur du crime". (...)
"Si ils refusent de parler et de dire qui a fait quoi, ils en subissent les conséquences (...) les gens qui sont là étaient sur le lieu et ils ont les uns et les autres contribué à l'action qui a conduit à la mort de ces jeunes gens".
Les avocats en présence
- Les avocats des parties civiles:Famille de Kévin et Sofiane: Maître Szpiner (Paris), Me Manivong (Paris), Me El Ali (Paris)
- Les avocats des accusés:
Me Dreyfus (Grenoble), Me Ripert (Grenoble), Me Levy-Soussan (Grenoble), Me Vernay (Grenoble), Me Segard (Grenoble), Me Girault (Grenoble), Me Sayn (Lyon), Me Fort (Valence), Me Serre (Paris), Me Decombard (Grenoble), Me Juchault (Valence), Me Gallo (Grenoble)
- Avocat général: Sylvain Cordesse, substitut général