Rixe d'Echirolles: ouverture d'un procès hors norme à Grenoble

Ce lundi 2 novembre à 14h30 s'ouvre un procès fleuve de six semaines à la cour d'Assises des mineurs de Grenoble. Douze personnes sont accusées d'avoir tué les jeunes Kevin et Sofiane en septembre 2012 lors d'une violente rixe à Echirolles. On ignore encore si le procès se tiendra à huis-clos. 

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Prévu jusqu'au 11 décembre, le procès de ce drame qui avait ému la France doit se tenir à huis clos, deux des accusés étant mineurs au moment des faits. Une quarantaine de CRS sont mobilisés pour assurer la sécurité à l'ouverture de l'audience.

L'examen des faits ne débutera toutefois qu'à partir du 18 novembre, les deux premières semaines étant consacrées à l'examen des personnalités des douze accusés.
Tout a commencé le 28 septembre 2012 par une bagarre devant un lycée d'Echirolles entre Wilfried, le frère de Kevin, et un autre garçon avec lequel il avait un contentieux au sujet d'une jeune fille.

"Venger la fierté du quartier"


S'ensuivent des affrontements entre différents groupes des quartiers des Granges à Échirolles et de la Villeneuve à Grenoble. En début de soirée, dans une ambiance alcoolisée, une vingtaine de jeunes de la Villeneuve décident de lancer une expédition punitive pour venger "la fierté du quartier".

Craignant des représailles, Kevin, rejoint par son ami Sofiane, attend dans le parc Maurice Thorez d'Échirolles, demandant aux plus jeunes de rentrer chez eux.
Marteau, manche de pioche, bouteille de vodka, pistolet à grenailles: le déchaînement de violence durera une vingtaine de minutes.

Kevin, étudiant en master de 21 ans, est frappé de huit coups de couteau, dont un mortel au poumon. Sofiane, éducateur de 22 ans, est lui poignardé 31 fois, dont neuf fois dans le dos, et frappé au crâne avec un marteau. Il décèdera le lendemain de multiples hémorragies internes.

Face à l'émotion suscitée par ce drame, François Hollande et Manuel Valls s'étaient rendus sur place trois jours plus tard.

L'enquête a permis d'identifier la plupart des agresseurs mais sans toutefois déterminer avec certitude qui a porté les coups mortels. Les armes du crime n'ont jamais été retrouvées et la plupart des accusés, sauf deux, ont refusé d'enfreindre la règle du quartier selon laquelle "on ne balance pas".

Estimant que chacun d'eux avait contribué à la mort des victimes, la justice a retenu le principe de la "co-action": les douze sont donc accusés d'avoir tué Kevin et Sofiane. Et encourent 30 ans de réclusion criminelle.

"Un sursaut de conscience"


Un procédé dénoncé par leurs avocats. "Ceux qui ont porté des coups mortels, qui ont tué des innocents, doivent être condamnés sévèrement. Mais la justice ne doit pas condamner des innocents pour satisfaire l'opinion publique", s'insurge Me Bernard Ripert, qui entend faire de ce procès "l'Outreau de la justice grenobloise".

Beaucoup d'avocats de la défense doutent d'ailleurs que le procès permette d'établir les responsabilités de chacun. "Ils sont tous en train de s'épier les uns les autres. Et celui qui parle le fait pour se protéger", résume Me Arnaud Lévy-Soussan. "Je suis assez pessimiste", abonde Me Joëlle Vernay.

Au contraire, Me Denis Dreyfus, dont le client a parlé, dit avoir "un peu espoir qu'il y ait un sursaut de conscience pour avancer sur le chemin de la vérité".

"En six semaines, leur vrai visage va apparaître. Le temps permettra peut-être de délier les langues", veut aussi croire Me Hafida El Ali, avocate des familles de victimes.

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