Ce lundi 2 novembre s'ouvre le procès des 12 accusés après la rixe d'Echirolles. En 2012, la mort violente de Kevin et Sofiane avait choqué la France entière. Calogero a participé à la médiatisation salutaire de ce drame, sur l'air du "Plus jamais ça!". Sur le terrain, qu'est-ce qui a changé?
Dans le Parc Maurice Thorez, il y a cette stèle à la mémoire de Kevin et Sofiane. Mais la rixe sauvage du 28 septembre 2012 a laissé d'autres traces. Dans les mémoires des habitants de l'agglomération de Grenoble, il y a cette incroyable mobilisation pour la marche blanche qui, le 2 octobre 2012, avait réuni près de 20.000 personnes. "C'était une mobilisation forte, belle et émouvante, c'était vraiment très fort", se souvient Alain, du Collectif Villeneuve. Le début d'autre chose. "On aurait pu écrire sur nos pancartes: Je suis Kevin, Je suis Sofiane", lance un autre membre du Collectif, "tant l'unité était là pour combattre la violence."
Depuis, le 2 octobre est dédié à la Journée d'action contre la violence avec une grosse mobilisation auprès des jeunes. "Ça sert à interpeller tout le monde, pour dire que la violence c'est l'affaire de tous", explique Nabil, du Collectif Marche blanche.
Autre enseignement de cet épisode tragique, la dignité. Les parents de Kevin et Sofiane ont offert cette leçon sans équivalent. Au lendemain du drame, alors qu'ils auraient pu crier leur douleur face aux caméras, ils ont appelé au calme. Depuis, Aurélie Monkam-Noubissi, la mère de Kevin, a couché ses pensées sur le papier. Une mère courage qui n'a jamais prononcé le mot vengeance.
Et puis, il y a ce refrain qui se termine invariablement par "Plus jamais ça!", celui de Calogero qui a rendu hommage à Kevin et Sofiane. Toute la France les connaît désormais, sait de quoi ils sont morts, à la suite d'un "mauvais regard". L'enfant d'Echirolles espère aussi que sa chanson aura permis une prise de conscience. "Comment il peut se passer des choses pareilles dans notre pays", explique Calogero, "dans ce pays de liberté, ce pays où tout le monde peut vivre ensemble avec nos différences, comment on peut se lyncher?"
Pour toutes ces raisons, les meurtres de Kevin et Sofiane auront laissé des traces, marqué les esprits.
Récit Nicolas Elandaloussi