Malgré un arrêté de catastrophe naturelle signé le 31 juillet, les assurances tardent à indemniser les professionnels qui n'ont pas vu passer de touristes pendant des mois. Du coup, le collectif du Chambon en appelle au Premier ministre.
Il connaît bien la situation du Chambon. Manuel Valls est passé par là le 24 juillet dernier pour une table ronde, afin d'évoquer les problèmes humains et économiques liés à la fermeture de la RD1091 au niveau du tunnel du Chambon, aux confins de l'Isère et des Hautes-Alpes. Un secteur qui ne voyait plus passer un touriste depuis 4 mois.
Un arrêté de catastrophe naturelle a suivi pour permettre aux professionnels du tourisme notamment, d'activer la clause perte d'exploitation de leur assurance. "A ce jour, une seule compagnie a indemnisé ses clients à ce titre. Les autres ont soit accordé des gestes commerciaux, soit font patienter, soit ont refusé ou bien encore font la sourde oreille", dénonce le collectif du Chambon dans une lettre adressée au Premier ministre le 21 février. Un collectif qui rappelle à Manuel Valls que "cette catastrophe naturelle est toujours en cours et ne s'arrêtera pas le 10 avril 2016, soit un an après la fermeture de la route, alors que les indemnités, elles, vont prendre fin".
Certes, la route de secours, en rive opposée au tunnel, a été ouverte à la circulation le 24 novembre, "travailleurs et scolaires de l'autre rive ont alors retrouvé un semblant de vie normale". Cependant, pour les acteurs du tourisme "qui ne peuvent délocaliser leur activité (travailleurs indépendants, commerçants, hôteliers, restaurateurs, remontées mécaniques) qui vivent exclusivement du tourisme, la situation est dramatique et a empiré", relève le collectif.
Les vallées de la Haute Romanche, de la Guisane et du Ferrand ne vivent que du tourisme et les chiffres de ce début de saison d'hiver sont jugés "terribles": de -50 à -90% de baisse d'activité selon les secteurs.
Pas de bouffée d'oxygène
Problème, la route de secours est une route... de secours. Hôteliers et restaurateurs ne tirent donc par profit des samedis de chassé-croisé. Si en février 2015, près de 7.400 véhicules passaient en un samedi dans le secteur, ils ne sont en moyenne que 740 en ce moment."Donc pas de bouffée d'oxygène, nous sommes entrés en apnée", souligne encore le collectif dans son communiqué où il est question "de territoire qui se meurt lentement, avec une route de secours palliative".
"Il ne faudrait pas que du statut de victimes de la fermeture de la route nous devenions coupables devant les tribunaux de commerce de faillite ou aux yeux des autorités."
Et comme un nouveau tunnel n'entrera pas en service avant fin 2017... l'inquiétude règne.
"Je ne laisserai pas crever le territoire même si le temps pèse lourd sur les habitants et les acteurs économiques", avait déclaré Manuel Valls lors de sa venue, les habitants espèrent donc qu'il se penchera de nouveau sur leurs doutes, leurs questions et leur avenir, après cette nouvelle lettre.