Depuis 30 ans, Montmélian rayonne à l'énergie solaire

Elle n'est pas sur la Côte d'Azur ni en Californie: la petite cité de Montmélian, dans les Alpes françaises, fait pourtant figure de vitrine de l'énergie solaire depuis plus de 30 ans. Un esprit pionnier qui lui vaut une reconnaissance internationale.

Son idylle avec le dieu Hélios commence au début des années 80, lors d'un voyage en Israël du maire de l'époque, le socialiste Roger Rinchet (PS). Sur le bord de la route, des bidons d'eau sont alignés devant les maisons, faisant office de chauffe-eau sommaires. "J'ai eu une apparition", se souvient l'ancien sénateur, mi-sérieux, mi-blagueur. 

De retour au pied du massif des Bauges, entre Albertville et Chambéry, il profite d'une rénovation de la piscine municipale pour y installer des capteurs solaires destinés à produire de l'eau chaude. "On me disait que j'étais un peu fou de me lancer là-dedans. Longtemps, on nous a pris pour des rêveurs". Pourtant, dès la première année (1983), les résultats sont là: la commune économise "74% de sa facture" par rapport à l'ancienne chaudière au gaz (soit 27.000 euros). Et elle rejette 25 tonnes de CO2 en moins dans l'atmosphère.

Poursuivant sur sa lancée, cette petite ville de 4.000 habitants fait installer en 1991 un "toit solaire" de 420 m2 sur l'hôpital. "A l'époque, c'était le plus grand d'Europe", souligne M. Rinchet. Puis dans les années 2000, les panneaux solaires fleurissent un peu partout, sur les HLM, le gymnase, le foyer de jeunes travailleurs, la halte-garderie... Un "mur solaire" est même installé sur la halle de gymnastique et une centrale photovoltaïque sur les ateliers municipaux.

"On avait l'avantage de ne rien y connaître mais on avait la foi", dit Roger Rinchet, qui voit avant tout le solaire comme une source d'économie et d'indépendance énergétique. Quand Béatrice Santais, sa fille, lui succède à la mairie en 2008, elle poursuit dans la même direction et accentue même les efforts d'isolation afin d'économiser l'énergie. Montmélian consacre désormais chaque année au moins 25% de son investissement à l'efficacité énergétique - soit de 500.000 à 800.000 euros par an entre 2008 et 2013. Et sa consommation de gaz a été réduite d'un quart.

"On continue à réfléchir, chaque fois qu'on construit ou qu'on réhabilite un bâtiment, à y installer des panneaux solaires", explique l'élue, députée socialiste.
Rebaptisée "Montmélian la solaire", cette ville de Savoie compte aujourd'hui 2.000 m2 de panneaux, dont 1.500 m2 de capteurs thermiques (qui produisent de la chaleur et non de l'électricité comme les cellules photovoltaïques).

Particulièrement en pointe dans le solaire thermique, la ville affiche ainsi un taux d'équipement dix fois plus important que la moyenne française et se place au niveau des leaders mondiaux du secteur, entre la Grèce et l'Australie. Cette performance a valu au petit bourg savoyard le prix "Solar Heating and Cooling" de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), remis à Pékin en octobre 2014.

En lui décernant cette récompense, l'AIE a notamment souligné "l'approche éducative" mise en place par la ville autour du solaire: affichage électronique montrant en temps réel l'électricité produite par les panneaux, activités scolaires afin de sensibiliser les enfants à l'importance des énergies renouvelables, etc. L'an dernier, la ville a aussi reçu à Bruxelles le Grand Prix Européen de l'Urbanisme pour un projet d'éco-quartier de 800 logements dont l'ambition est de couvrir 80% des besoins énergétiques grâce au solaire.
"On a mis la question énergétique en amont de toutes les autres questions d'urbanisme", souligne Béatrice Santais.

Laboratoire en plein air, Montmélian fait le bonheur des chercheurs de l'Institut national de l'énergie solaire (Ines), situé au Bourget-du-lac (Savoie), à une vingtaine de kilomètres de là. Les expérimentations menées par la commune permettent "des retours d'expérience riches d'enseignement pour faire évoluer les technologies sur lesquelles on travaille", confirme Christian Schaeffer, directeur de la plateforme Formation et Evaluation à l'Ines.

"Au bout de 32 ans, les capteurs de la piscine sont comme neufs", remarque de son côté Roger Rinchet. "On en a encore pour au moins 32 ans !"

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