Le gouvernement a décidé de faire un appel d'offres international pour le renouvellement des trains Corail-Intercités pour 1,5 milliard d'euros. Petite consolation : l'usine Alstom de Reichshoffen, qui compte plus d'un millier de salariés, fabriquera 30 nouvelles rames.
Alain Vidalies devait trancher entre l'appel d'offres international et le renouvellement du contrat-cadre signé en 2009. Ce contrat portait sur un millier de trains Régiolis, mais l'Etat n'avait confirmé que 250 commandes.
L’usine de Reichshoffen travaille actuellement - et exclusivement - à l'assemblage des 250 trains Regiolis/Intercités commandés par les régions françaises, dont 24 pour l’Alsace. Le dernier doit être livré mi-2018.
Pour le gouvernement, la fabrication de 30 rames supplémentaires devrait combler le creux d'activité, en attendant les résultats de l'appel d'offres auquel concourera Alstom. Mais pour les syndicats, inquiets pour l'emploi, "ce lot de consolation ne suffit pas, le site de Reichshoffen reste menacé".
Un trou de production d'au moins 3-4 ans
"Content pour les 30 rames, mais déçu pour Alstom et pour la filière ferroviaire que l'on passe par un appel d'offres", le PDG d’Alstom Henri Poupart-Lafarge estime que ces 30 nouvelles rames correspondent à 9 mois de production. Mais quand bien même Alstom gagnerait l’appel d’offres qui sera lancé, «cela ne pourrait pas donner lieu à une production avant 2021-2022», selon lui. «Le trou de production à Reichshoffen est avéré à partir de fin 2018 et ce pour une durée d’au moins 3-4 ans».
Des centaines d'emplois en danger
Le renouvellement des contrats-cadres aurait permis au constructeur français de ne pas avoir de rupture de charge. Outre le site de Reichshoffen, d'autres usines Alstom en France sont concernées - mais à un degré moindre - par cette décision : Tarbes, Le Creusot, Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), Ornans (Doubs), Belfort et Villeurbanne (Rhône). Selon les syndicats, quelques centaines d'emplois potentiellement en danger.Début février, onze sénateurs (Les Républicains/UD), d'Alsaciens et de Franche-Comté avaient adressé un courrier au ministre des transports pour défendre Alstom.
Le reportage de Marie Pouchin et Vincent Roy
Dans un communiqué publié vendredi après-midi, la sénatrice (LR) Fabienne Keller "regrette qu’à la prise d’un risque juridique mesuré, le Gouvernement ait préféré la certitude du chômage pour de nombreux employés des sites Alstom-Transport'.