Un homme de 31 ans, interpellé mardi 6 décembre à Strasbourg, a été mis en examen à Paris par un juge antiterroriste et placé en détention dans le cadre de l'enquête sur le projet d'attentat récemment déjoué en région parisienne.
L'homme avait été interpellé par les policiers de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Après trois jours de garde à vue, le suspect a été transféré au palais de justice de Paris où il a été mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle" et "acquisition, détention, transport, offre ou cession d'armes", en lien avec une entreprise terroriste, a précisé une source proche de l'enquête.
Son ADN a été repéré sur un pistolet retrouvé lors des précédentes perquisitions menées à Strasbourg, selon cette source qui précise qu'il est soupçonné d'"avoir fourni les armes" à la cellule qui projetait un attentat en région parisienne.
Le 25 novembre, cinq hommes - quatre Français, âgés de 35 à 37 ans, et un Marocain de 46 ans - avaient été mis en examen et écroués, soupçonnés d'avoir voulu commettre un attentat le 1er décembre en région parisienne. Interpellés à Strasbourg pour les quatre premiers et à Marseille pour le cinquième, ils avaient fait allégeance au groupe jihadiste Etat islamique et disposaient d'instructions "communiquées par un donneur d'ordre depuis la zone irako-syrienne", selon le procureur de la République François Molins.
Parmi eux, un seul, le Marocain arrêté à Marseille, avait été signalé pour radicalisation par les autorités portugaises, pays où il résidait. Les autres, quatre amis originaires de Strasbourg, étaient inconnus des services de renseignement, même si deux d'entre eux sont soupçonnés d'avoir voyagé en Syrie en 2015.
Ces interpellations avaient permis d'éviter "une attaque de grande envergure" selon le président François Hollande. Selon le procureur Molins, le passage à l'acte du groupe strasbourgeois était prévu le 1er décembre, "sans que l'on puisse déterminer à ce stade la cible précise choisie".
L'exploitation des téléphones et ordinateurs retrouvés lors des perquisitions a révélé des recherches sur internet sur une dizaine de sites en région parisienne tels que le 36 quai des Orfèvres, siège de la police judiciaire, le marché de Noël des Champs-Élysées, Disneyland Paris, des terrasses de cafés dans le XXe arrondissement, une station de métro ainsi que plusieurs lieux de cultes. En garde à vue, un des suspects arrêté à Strasbourg avait évoqué le siège de la PJ parisienne, mais aussi celui de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Ce coup de filet est intervenu dans un contexte de menace terroriste maximale en France, frappée depuis près de deux ans par une vague d'attentats sans précédent ayant fait 238 morts. Selon l'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, 17 attentats ont été déjoués depuis le début de l'année, sept en 2015.