François Hollande a entamé très tôt sa traditionnelle visite inaugurale du salon de l'Agriculture, à la rencontre d'agriculteurs inquiets de l'application de la nouvelle PAC. Après sa première visite à une vache flamande, la pause dégustation s'est faite aussi en Aquitaine...
C'est bien-sûr, la politique agricole commune qui est sur toutes les lèvres : "On a transmis la passion à nos enfants. Dans la nouvelle PAC, peut-on s'intéresser à nos races locales? Nos racines ont droit de continuer à vivre?"
"La PAC non seulement n'empêchera rien mais valorisera ces produits", répond le président de la République.
Sous haute sécurité
Entouré d'une nuée de journalistes et de perches, et tenu à distance par un cordon de gardes du corps, le président était l'objet cette année d'un dispositif de sécurité renforcé, eu égard au risque d'attentats, avec un plan Vigiparate à son paroxisme.Signe qui ne trompe pas d'une sécurité sur les dents, le porte-parole de la Confédération paysanne, syndicat agricole minoritaire, a été violemment expulsé de la délégation. "Il a été victime d'une confusion, il n'y a aucun souci", a déclaré François Hollande.
Le président s'est excusé auprès de l'intéressé. Incident clos pour Laurent Pinatel, qui a toutefois eu ce commentaire: "On a parlé hier des fermes intensives. Visiblement ce discours-là dérange".
Des fermes-usines qui dérangent
La Confédération paysanne a publié vendredi une carte démontrant qu'il existait 24 projets de "fermes usines" et 5 structures effectives.Un peu plus tard, un éleveur de Bretonne Pie Noir s'égosille: "Stéphane!!!". Il interpelle le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
"Ca va ?", s'enquiert le ministre. "Et la reconnaissance de race comme mixte lait/viande?", demande Luc Bernard, éleveur de la Sarthe, fief de Stéphane Le Foll, qui répond: "On va essayer de régler ça".
Dans un monde agricole en crise, avec des revenus en berne, le salon prend des allures de cahier de doléances.
"Il y a urgence dans la simplification" des normes et dans l'application de la nouvelle Politique agricole commune (PAC), a expliqué Guy Vasseur, president des Chambres d'agriculture.
Excès de normes
"Les agriculteurs vont dans quelques semaines faire leur déclaration PAC et personne ne sait de quoi il s'agit", a-t-il ajouté.Pierre Vaugarny, secrétaire général de la Fédération nationale bovine, interpelle, lui, Hollande sur les problèmes d'accès au crédit, et sur l'excès de normes, qui étranglent les agriculteurs.
"On a l'impression que sur le terrain, plus on nous annonce de la simplification, plus le sac-à-dos se charge", dit M. Vaugarny. "Les contrôles sont indispensable mais ces contrôles qui se succèdent, ce n'est pas acceptable". L'Etat va agir "rapidement", promet François Hollande.
Interrogé par la presse, pour lui ce salon se déroule sous le signe des enjeux climatiques, qui sont aussi "une responsabilité" des agriculteurs.
Conscient des difficultés avec notamment l'embargo russe sur les produits alimentaires: "Nous devons être, l'Etat, auprès des agriculteurs", a-t-il assuré.
Une pause dégustation en Aquitaine
Au stand Aquitaine, le président va ensuite déguster du jambon de Bayonne, après avoir déjà consommer du fromage en avant-goût de petit-déjeuner.Et en bon Corrézien d'adoption et amateur de viande, le président écrit sur le livre d'or de la Fédération des bouchers: "A tous les bouchers qui nous donnent conseil, plaisir et fierté".
Comme le veut la tradition, le président a commencé par le hall des éleveurs où il se trouvait toujours une heure et demie après son arrivée.
L'an dernier, il avait passé sept heures dans les allées de la plus grande ferme de France.
Et comme chaque année, les paris sont ouverts: combien de temps va durer la visite présidentielle? Pendant la campagne en 2012, il était resté une douzaine d'heures, un record!
Dans son entourage, on glisse juste qu'il doit impérativement être à l'Elysée à 16h...