Un collectif d'élus de Gironde, Dordogne et Charente ont dénoncé jeudi un "diktat" de la SNCF sur les prévisions de dessertes, revues à la baisse, pour la future LGV Tours-Bordeaux, et ont sommé l'Etat de "devenir acteur" et de proposer un "meilleur équilibre".
"C'est une coalition de territoires mécontents", s'estimant "floués par le non-respect de la parole de l'Etat", à savoir la convention de garantie de dessertes signée en 2010, a déclaré le maire PS de Libourne Philippe Buisson, lors d'un point-presse d'une quinzaine d'élus, à l'issue de rencontres avec l'ancien ministre Jean Auroux, nommé médiateur dans le dossier LGV.
Les élus, autour du président (PS) de la région Aquitaine Alain Rousset, ont dénoncé dans certains cas une "division par deux" des dessertes prévues: par exemple 7 aller-retours quotidiens désormais prévus entre Angoulême et Paris (contre 11 promis par la convention), et 3 entre Libourne et Paris (5 dans la convention).
"On ne demande pas que rien ne bouge" a tempéré M. Rousset, disant pouvoir prendre en compte des "ajustements" liés au contexte budgétaire et le fait que des arrêts trop nombreux rendraient une LGV caduque. "Mais il faut un nouvel équilibre (...) aujourd'hui le compte n'y est pas", a-t-il conclu, "exigeant" une réunion "d'ici l'été" du comité des dessertes et du comité de suivi financier.
Si rien ne bouge "le rapport de forces prendra une autre dimension", a mis en garde M. Rousset, ajoutant qu'"une collectivité comme l'Aquitaine, qui a déjà versé 238 millions d'euros sur cette ligne (...), va se poser des questions".
Plusieurs collectivités ont annoncé depuis deux ans le gel de leur co-financement prévu de la LGV, soit par incertitude sur les dessertes entre Tours et Bordeaux, soit sur le devenir de la liaison entre Bordeaux et Espagne. Au total selon la SNCF, 800 millions d'euros n'avaient pas été versés mi-février.
Au-delà des gares de desserte, ce sont des bassins de centaines de milliers d'habitants, autour de Libourne, Langon, Bergerac, Périgueux, qui sont concernés. Ils demandent une "discussion globale" incluant LGV mais aussi lignes secondaires, trains d'équilibre du territoire (TET), et des "contreparties" de la SNCF s'il y a un recul sur les dessertes.
La mise en service de la LGV Tours-Bordeaux est prévue fin juillet 2017, mettant Paris à 2H05 de Bordeaux. Le médiateur Auroux doit rendre son rapport fin juin prochain.