La Police a découvert "des armes et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs" dans une villa de Biarritz lors d'une opération jeudi matin visant une cache de l'organisation séparatiste basque ETA.
Une vingtaine de policiers en civil ou encagoulés, et portant des gilets pare-balles, avec des équipes cynophiles ont déclenché jeudi à l'aube l'opération, investissant la villa Cambarre, demeure historique du centre de Biarritz, ciblant particulièrement le garage.
Vers 10h, les enquêteurs découvraient sur place "des armes, des explosifs et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs". "L'inventaire est en cours" pour tenter de déterminer l'origine de cet armement, a précisé cette source.
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Un couple en garde à vue
Une architecte de 38 ans, "connue comme une sympathisante de la cause nationaliste basque" et qui était l'occupante de la villa, a été placée en garde à vue lors de cette opération.Son petit ami, âgé de 37 ans et qui n'aurait pas occupé les lieux en permanence, a lui aussi été mis en garde à vue.
Vers 10h, les enquêteurs découvraient sur place "des armes, des explosifs et des composants pouvant servir à la confection d'explosifs". "L'inventaire est en cours" pour tenter de déterminer l'origine de cet armement, a précisé cette source.
Selon une autre source proche de l'enquête, "des armes de poing, des centaines de munitions de calibres 9mm et 38, de la matière explosive et des détonateurs" ont déjà été recensés dans cette cache.
Hypothèse d'armes dérobées en 2006
"Ce n'est encore qu'une hypothèse", mais il pourrait s'agir d'armes et de munitions dérobées dans une petite fabrique d'armes de Vauvert (Gard), fin octobre 2006, un vol doublé d'une prise d'otages attribué à l'ETA.Deux hommes et une femme encagoulés, certains d'entre eux avec l'accent espagnol, s'étaient présentés au domicile de la gérante de l'entreprise Sidam qui vend des armes de poing et pièces détachées. Ils lui avaient annoncé avoir enlevé sa belle-fille et ses deux petits-enfants, âgés à l'époque de sept ans et neuf mois, précisant qu'ils seraient libérés si la gérante leur donnait accès aux stocks d'armes de
son entreprise.
La gérante avait cédé et les malfaiteurs étaient repartis avec quelque 200 armes de poing, tandis qu'un autre groupe abandonnait les otages dans un véhicule.
Une opération conjointe
L'opération anti-ETA a été menée par la police judiciaire de Bayonne, la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la PJ et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en collaboration avec la Garde civile espagnole, sous l'autorité du parquet antiterroriste de Paris.Elle vise la structure "technico-logistique" de l'ETA, selon un communiqué à Madrid du ministère espagnol de l'Intérieur.
Elle a été effectuée dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte mercredi, sur la base d'un renseignement sur une possible cache d'arme de l'ETA, pour "détention d'armes et d'explosifs en bande organisée" et "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme."
Ecoutez les explications de Stéphanie Deschamps.
ETA, tenue pour responsable d'au moins 829 morts en 40 ans, a annoncé le 20 octobre 2011 renoncer définitivement à la lutte armée, mais elle n'a pas rendu ses armes et refuse de se dissoudre, comme l'exigent les gouvernements espagnol et français.
ETA avait entamé début 2014 un processus unilatéral de désarmement et de mise hors d'usage de son arsenal, un premier pas vers le désarmement du groupe armé, très affaibli. La Commission internationale de vérification (CIV), organisme non reconnu par le gouvernement central de Madrid et censé se porter garant de ce désarmement, estimait fin 2014 que ce processus se poursuivait.
Début mai, ETA a encore rejeté un plan de désarmement présenté par le gouvernement régional basque espagnol, et refusé de lui remettre ses armes. Elle a en revanche accueilli favorablement les propositions d'une coalition de partis indépendantistes qui lui sont proches, EH Bildu. Ces propositions prévoient notamment la création d'une "commission indépendante de désarmement", avec des experts internationaux, pour recueillir et au final détruire les armes.