Plusieurs collectivités charentaises ont suspendu leur contribution au financement de la future Ligne à Grande Vitesse (LGV) entre Tours et Bordeaux pour exprimer leur inquiétude devant la réduction annoncée du nombre d'arrêts en gare d'Angoulême à l'horizon 2017.
Après la Communauté d'agglomération du Grand Angoulême, dès le mois d'octobre, et la Communauté de communes du Grand Cognac, la semaine dernière, c'est le Conseil général, réuni vendredi en commission permanente, qui s'est prononcé à l'unanimité pour la suspension du versement des 7,3 millions d'euros dus d'ici 2018.
Le Grand Angoulême devait verser cette année 900.000 euros et le Grand Cognac 500.000 euros. Au total, les trois collectivités se sont engagées à abonder le chantier de la LGV à hauteur 45 millions d'euros.
Les élus charentais, Jean-François Dauré, président (PS) de la Communauté d'agglomération du Grand Angoulême en tête, ne conçoivent pas que le nombre d'arrêts soit réduit de "30%" dès la mise en service de la LGV, comme l'envisagerait, selon eux, la SNCF. D'après la convention de desserte ferroviaire signée en 2011 entre l'Etat Réseau ferré de France (RFF) et les collectivités traversées par la ligne Tours-Bordeaux, 22 arrêts sont prévus en gare d'Angoulême en 2017, un nombre équivalent à la moyenne quotidienne actuelle.
Mais dans un rapport sur la grande vitesse ferroviaire publié le 23 octobre dernier, la Cour des comptes appelait la SNCF à revoir le nombre de dessertes dans les gares intermédiaires pour faire face au déficit de la future voie.
"Une partie de bras de fer est engagée", a prévenu Michel Gourinchas, maire de Cognac, vendredi midi, lors d'une manifestation organisée sur le parvis de la gare d'Angoulême par des élus, de droite comme de gauche.
Pour le président du Conseil régional de Poitou-Charentes, Jean-François Macaire (PS), "ce problème est loin d'être insurmontable, un certain nombre de trains est prévu, il faut simplement qu'ils s'arrêtent", à raison de "quatre ou cinq trains en plus par jour", a-t-il estimé.
Xavier Bonnefont, maire UMP d'Angoulême, a jugé "inacceptable" une telle réduction s'agissant d'une gare "qu'on utilise quand on habite le Périgord, le sud de la Charente-Maritime et l'ensemble de la Charente."
De nombreuses autres collectivités concernées par la LGV (Conseil général des Pyrénées-Atlantiques, communauté de communes de Pau, etc.) ont déjà menacé de suspendre leurs versements ou refusé de financer le projet, faute de garanties suffisantes de la part de la SNCF.
L'ancien ministre du Travail de François Mitterrand, Jean Auroux, vient d'être nommé par le gouvernement "facilitateur" entre la SNCF et les collectivités locales pour tenter de dénouer la situation.
Ecoutez Jean-François Dauré, Président (PS) de Grand-Angoulême :