Prendre les transports en commun ou opter pour les mobilités douces, ce n’est pas toujours possible. On a la solution ! vous présente ces français qui, pour réduire leur impact environnemental, choisissent de partager leur trajet ou leur véhicule.
Chemise à motifs et lunettes de soleil, Olivier flâne dans le quartier de la gare, sous le soleil montpelliérain. Aujourd’hui, trams et bus sont en grève, mais pas de panique. Pour son rendez-vous à l’autre bout de la ville, il a réservé une voiture partagée.
Cet ancien consultant dans un cabinet d’étude des transports cherchait un moyen de réduire le nombre d’automobiles dans l’agglomération. En 2006, il a créé Modulauto, une entreprise de location de véhicules qui permet aux citadins de se passer de voiture personnelle. “En 12 ans, on a constaté que les gens étaient de plus en plus enclins à utiliser des voitures qui ne sont pas les leurs” observe Olivier de Broissia, le fondateur de l’entreprise. Vingt à vingt-cinq adhérents se partagent un véhicule de Modulauto. On a la solution ! , l’émission qui fait le tour de France des initiatives écologiques et citoyennes vous présente cette alternative aux galères pour se garer en ville.
Embouteillages, transports en commun à proximité, stationnement difficile… Les raisons abondent pour se passer de voiture. Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, elles seraient responsables de 15,7% des émissions de gaz à effet de serre en France en 2019. Alors que la circulation continue d’augmenter d’1,5% chaque année, certains font le choix de l’autopartage : un moyen de réduire au strict minimum son utilisation de la voiture toute en la combinant avec d’autres types de transport.
Et puis, il y a le prix : selon une association de défense des usagers de la route, les Français dépensent 400 euros par mois pour leur voiture personnelle.
“On oublie souvent des coûts” explique Olivier de Broissia. “Il y a aussi l’achat, l’entretien, l’assurance, la carte grise… En plus de l’essence et du stationnement.” Avec cette solution, les usagers de Modulauto paient 2,70 euros de l’heure et le prix s’ajuste en fonction des kilomètres parcourus.
Une offre pléthorique
Depuis une douzaine d’années, le nombre de ces voitures en libre-service explose. Cinq pourcent des Français ont recours à l’autopartage et Citiz, le leader du marché, est présent dans cent dix villes villes de France.Parmi ces dispositifs, certains fonctionnent en “free floating” : les utilisateurs trouvent leur voiture grâce à un traçage GPS. Plus souple et sans station, ce système peut paraître séduisant. Mais une étude publiée en 2017 par l’ADEME démontre que les utilisateurs d’autopartage en “free floating” utilisent plus souvent ces voitures en à la place des transports en commun et en complément de leur véhicule personnel. Une liberté contre-productive quand on cherche à limiter les trajets en voiture. Modulauto utilise un circuit en boucle, avec réservation obligatoire et retour au point de départ. Soixante-dix stations sont réparties entre Montpellier, Narbonne, Perpignan, Béziers, Nîmes et Bouzigues.
“L'intérêt du système en boucle, même si c’est moins “glamour”, c’est qu’on doit faire une réservation” reprend Olivier. “Ça permet d’inscrire la voiture comme un mode de déplacement parmi d’autres.”
On l’utilise en réfléchissant plus.
Car c’est là l’idée des transports “intermodaux” : composer un trajet qui jongle entre mobilité active, marche à pied, transports publics et autopartage. Et ça marche : 34% des véhicules personnels des utilisateurs d'autopartage ont été vendus, réduisant ainsi les émissions de CO2 de 300 kg par an et par personne.
Jusqu’en bas de chez soi
Location entre particulier, voitures partagées dans les entreprises… Les offres se diversifient pour éviter d’acheter une voiture personnelle. Et l’autopartage s’invite jusqu’au pied des résidences.Entre 2014 et 2016, le promoteur immobilier Nexity a tenté l’expérience dans une quinzaine de ses immeubles. L'entreprise fut l’une des premières à tester “l’autopartage résidentiel”, en installant des voitures en libre-service dans les parkings à des tarifs préférentiels.
"Nous travaillons beaucoup dans les quartiers prioritaires de la ville" explique Valérie de Robillard, directrice de la responsabilité sociale des entreprises chez Nexity. " Nous voulions rationnaliser les coûts au lieu de couler du béton pour une voiture qui n'est pas utilisée tout les jours. Et puis nos bâtiments sont bien desservis en transports publics et la voiture est un poste de dépense important."
“Aujourd’hui, nous avons tiré une conclusion : l’autopartage est utilisé dans les résidences au même niveau que dans la société, à hauteur de 5%" reprend-t-elle. "Ce n’est pas adapté pour les résidences de taille moyenne ou petite, cela ne fonctionne pas économiquement. Mais dans des grands immeubles -certains font jusqu’à 450 logements- il y a des masses significatives d’utilisateurs et le taux de rotation est suffisant.”
Et à la campagne?
Ce système inspire aussi les communes rurales, comme à Éstival-lès-le-Mans, où l'État et la Région ont subventionné à hauteur de 90% un service d'autopartage solidaire : Mouv'n Go. Les utilisateurs de ce réseau peuvent souscrire au service Soli-drive. "Il suffit de s'inscrire sur le site en précisant que l'on peut transporter une personne bénévolement" explique le maire de la commune dans ce reportage de France 3. "Une autre personne qui ne peut plus conduire temporairement par exemple se connecte et le lien est fait. "
Mais si il n'y à pas de station à proximité, il reste toujours des places dans les voitures qui passent : l’occupation moyenne d’un véhicule est de 2,56 personnes. Ce taux de remplissage pourrait évoluer, car plus une voiture transporte de passager, plus son impact carbone diminue. Une réalité que beaucoup ont déjà compris : 30% des Français déclarent faire du covoiturage.
Seulement voilà, 40% des déplacements en voiture font moins de trois kilomètres. Des micro trajets, difficiles à anticiper. Pour apporter un peu de spontanéité et de solidarité dans l’habitacle, Jean Sébastien Guitton a voulu remettre au goût du jour une pratique abandonnée : l’auto-stop.
Un jour, alors qu’il attendait le bus à Orvault, dans l’agglomération nantaise, ce militant écolo regardait passer les voitures. Mais il n’osait pas lever le pouce, de peur d’affronter les regards et la méfiance des conducteurs. Il a alors créé Cocliquo, un service d’auto-stop citoyen complètement gratuit.
“Les trajets ne durent que quelques minutes, on ne s’engage pas sur des heures. Et puis ça ne coûte rien au conducteur, il ne fait pas de détour” explique-t-il. À l’image de l’autopartage, cet auto-stop 2.0 est présenté comme un transport “intermodal”, une offre qui vient se combiner à celles déjà présentes sur le territoire, comme les transports en commun. “L’idée, c’est de gagner du temps pour se déplacer : quand on rate un bus ou pour faire un trajet qui est mal desservi” reprend Jean-Sébastien.
Grâce à un simple système de cartes et d’autocollants, utilisateurs et conducteurs de Cocliquo peuvent se repérer. “Ça permet de rassurer un peu tout le monde. Quand on a sa carte, ça veut dire qu’on s’est inscrit sur internet et qu’on l’a confirmé avec sa carte d’identité. Evidemment, ce n’est pas une garantie absolue, mais c’est un pas pour dire qu’on fait partie de cette communauté.”Chaque voiture est un transport en commun en puissance.
Ce système, facile à mettre en place, inspire aussi les zones plus reculées. Pour accompagner les personnes aux faibles revenus vers la mobilité, le département du Maine et Loire et la communauté de commune des Vallées du Haut-Anjou veulent s’inspirer de Cocliquo.“Le problème de la mobilité dans les zones rurales et périurbaine est très transversal” explique Pauline Charrier, chargée de mission du département.
Un facteur d’insertion donc, où l’auto-stop aide certaines personnes à sortir de l’isolement. Comme avec Cocliquo, près de 2 000 communes auraient déjà sauté le pas et levé le pouce.“Ça va toucher l’accès à l’emploi, à la formation, au quotidien…”
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Nous remercions the Island, un espace de coworking dédié aux acteurs de l'ESS du territoire montpelliérain ainsi que la compagnie du café théâtre à Nantes qui ont accueilli nos tournages.