Pour une campagne publicitaire, le Syndicat Interprofessionnel de la Fourme d'Ambert a eu recours à des illustrations issues d'une banque d'images "low-cost", des photographes professionnels s'insurgent contre ce procédé.
La semaine dernière, la fourme d’Ambert s’est affichée sur 400 panneaux publicitaires dans le métro parisien. Si la campagne est prestigieuse pour l’AOP auvergnate, elle a eu le don de provoquer des brulures d’estomac à quelques-uns et notamment aux photographes professionnels. L'un d'entre eux, Frozen, s'en est même ému sur son blog.
Sur les affiches, trois jeunes femmes aux origines différentes (Asie, Antilles et Espagne) illustrent le thème de « l’invitation au voyage des saveurs ». Ce n’est pas la proposition faite par ces jeunes femmes qui pose problème, ni leurs origines, mais plutôt la provenance des photographies.
Elles sont toutes disponibles à moindre coût sur le site « fotolia.com », une banque d’images en ligne du genre à provoquer l’ire des photographes professionnels. En effet, cette agence offre une concurrence qu’ils jugent déloyale en cassant les prix, et elle "met à mal les droits d’auteur", selon Emmanuel Lattes, photographe vichyssois et membre de l’Union des Photographes Professionnels. Il ajoute que "ces micro-stocks exploitent la crédulité des photographes amateurs pour s’enrichir" et que, en l’espace de 10 ans, ils ont contribué à "diviser par trois le chiffre d’affaires de certains photographes d’illustration".
Dans le cas particulier de la campagne publicitaire de la fourme d’Ambert, ce qui pose problème selon Emmanuel Lattès, c’est l’association entre une marque qui revendique son Appellation d’Origine Protégée et ses valeurs tout en utilisant "ce qu’il y a de pire en matière d’images d’illustration". Ces images peuvent servir à n’importe qui pour vendre n’importe quoi et, d’ailleurs, une des photos est utilisée en page d’accueil d’un site russe spécialisé dans la vente en ligne de sushis.
Le directeur du Syndicat Interprofessionnel de la Fourme d’Ambert, Aurélien Vorger, ne comprend pas cette polémique et trouve "un peu étonnant que ça surgisse pile quand on communique à Paris" précisant que "ça fait trois ans qu’on les utilise et qu’il n’y a jamais eu de polémique jusqu’à maintenant". S’il reconnaît avoir eu recours à ce procédé à l’époque pour illustrer ses plaquettes et dépliants, c’est de manière contrainte car aucune agence ni photographe contactés ici "n’a pu répondre à notre demande et nous nous sommes tournés vers Fotolia" dit-il. Toutefois, le SIFA refuse d’être la cible d’un procès d’intention et fait valoir, pour sa défense, le recours régulier aux photographes du cru. Le Syndicat Interprofessionnel de la Fourme d’Ambert a publié un nouveau livre qui "a été fait en collaboration avec un photographe auvergnat, toutes nos photos sur le site internet sont l’œuvre de photographes professionnels, donc c’est un peu dur de voir ça quand on joue le jeu depuis de nombreuses années" conclue Aurélien Vorger.
Une nouvelle campagne d’affichage dans le métro parisien est d’ores et déjà prévue en novembre prochain. Cette fois-ci, elle concernera une centaine d’affiches seulement.