Le projet d'ouverture de salles de shoot ne fait pas l'unanimité parmi les toxicomanes clermontois

A l'heure où le gouvernement parle d'expérimenter des "salles de shoot", à Clermont-Ferrand les avis sont partagés sur la question. Le corps médical et les associations y sont favorables, les consommateurs beaucoup moins.

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C'est un raccourci quand on parle de "salles de shoot" car les associations et le corps médical, ainsi que le gouvernement, préfèrent parler de "salle de consommation supervisée à moindre risque". Des salles qui existent déjà, parfois depuis 30 ans comme en Suisse mais aussi en Allemagne, au Pays-Bas ou encore en Espagne. Le ministère de la santé envisage d'en expérimenter une en France d'ici la fin de l'année, à Paris. D'autres salles pourraient ensuite être ouvertes en 2013. Quid de Clermont-Ferrand où la population toxicomane est grandissante ? Le corps médical et les associations y sont unanimenent favorables, les consommateurs sont en revanche beaucoup plus partagés sur la pertinence de ces salles.

Chaque jour, ils sont une vingtaine à franchir les portes du CAARUD (Centre d'Accueil et d'Accompagnement des Risques pour les Usagers de Drogue) de Clermont-Ferrand. Hormis les stupéfiants bien sûr, ces consommateurs viennent chercher ici, tout le nécessaire mis à leur disposition gratuitement et financé par la CPAM: seringues, aiguilles, cuillères en plastique, coton, désinfectants, etc. Ici, c'est une règle, les toxicomanes ne consomment pas sur place. Le CAARUD n'est pas une salle d'injection. Julien est un habitué des lieux, il dit: "si on avait une salle de consommation, on aurait plus besoin de prendre tout ce matériel avec nous et on ne se retrouverait pas à se shooter dans les sanisettes ou dans la rue, dans des endroits crades. Je me souviens avoir vu pour la première fois quelqu’un se shooter, j’avais 12 ans, c’était place de Jaude".

Chaque année, 130 000 seringues sont distribuées ici à une centaine de consommateurs réguliers, de tous univers sociaux. Moyenne d'âge 25 ans. Nicolas Perrin, chargé de projet au CAARUD a une explication: "c’est la banalisation de l’usage des drogues dures. A la télévision, on ne voit que ça, et les prix ont nettement baissé notamment les prix de l’héroïne que l’on trouve à moins de 10 euros le gramme". Voire 5 euros le gramme (l'équivalent de 3 doses). Pour autant, selon l'ANPAA, la salle d'injection à Clermont-Ferrand ne semble pas une priorité.

Cette association de médecins et d'infirmiers assure le suivi de quelques 600 patients, dont une minorité seulement de consommateurs par intraveineuse. Le docteur Bernard Maradeix est psychiatre et président de l’ANPAA: "Parmi nos patients, seuls 20% sont des injecteurs et je pense qu’une structure, pour pouvoir fonctionner à plein temps, doit avoir une activité qui le justifie". Le CAARUD participe d'ailleurs à une enquête nationale dans ce sens. Elle s'appelle AERLI, pour Accompagnement et Education aux Risques Liés à l'Injection. L'enquête vise à sonder la population concernée et à recenser ses attentes comme l'explique Nicolas Perrin, "on met en relation par téléphone le consommateur avec un chercheur de l’INSERM, lequel l’interroge sur sa consommation et sa prise de risques. C’est un entretien semestriel pour mesurer l’évolution dans les modes de consommation et s’il y a eu ou pas amélioration", dit-il. Dans un an, l'enquête rendra son rapport. Il apportera sûrement des réponses à la pertinence d'une salle d'injection à Clermont-Ferrand.

D'ici-là, dans le désordre de son appartement clermontois, Florian, toxicomane depuis 7 ans, a déjà un avis personnel sur le sujet. "Moi, je n’irai pas dans une salle de shoot mais je pense que cela peut-être une bonne chose pour beaucoup de gens. Je n’ai pas envie d’avoir une infirmière autour de moi ou qui que ce soit, pas envie non plus d’être pressé par des gens qui attendent leur tour derrière moi".

En Suisse, pays pionnier en Europe en matière de salle de consommation, le constat est simple: le nombre de toxicomanes n'a pas diminué mais les morts par overdoses sont moindres et l'impact sur le VIH est meilleur.

 

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