Comme il est de tradition, la mise en perce du premier tonneau de beaujolais nouveau a eu lieu hier soir à Beaujeu dans une ambiance bon enfant. Pourtant, les viticulteurs sont durement ébranlés par des rendements moyens et par la crise économique.
Beaujeu, capitale du vignoble du Beaujolais, a célébré mercredi soir, comme chaque année, l'arrivée du millésime 2012, une fête dans la pure tradition avec mise en perce du tonneau à minuit, marquée cette année par la crise du secteur et un déplacement de Marine Le Pen.
Dans la petite bourgade, la foule se pressait dès la fin de l'après-midi pour la fête des Sarmentelles qui marque chaque 3e mercredi de novembre le point de départ des festivités du "beaujolais nouveau". Un rendez-vous qui reste incontournable, à en croire les grappes de visiteurs français et étrangers qui se pressent pour déguster les 12 appellations du beaujolais - sans oublier le beaujolais blanc - dans les stands mis en place à travers la cité.
Si le beaujolais reste mondialement connu - il s'exporte dans 110 pays -, tous reconnaissent cependant que les choses ont changé depuis quelques années. Sur fond de baisse de la consommation de vin en France, les volumes produits ont diminué - 115 millions de bouteilles, dont 36 millions de beaujolais nouveau en 2011 - sans compter une image brouillée par des campagnes marketing autour du beaujolais nouveau où l'image du produit comptait parfois plus que sa qualité. "Le beaujolais n'a pas été soutenu face à ceux, dont les médias, qui faisaient son procès", déplore Gilbert, producteur de beaujolais village qui refuse de donner son nom. Mais pour lui, la crise que traverse la profession tient aussi à la difficulté de vivre de ce métier alors que les producteurs vendent parfois à perte. Quelque 3.000 hectares de vignes ont ainsi été arrachés en six ans pour enrayer la surproduction.
Pour couronner le tout, l'année a été calamiteuse : gel, grêle, maladies dues à la forte pluviosité. Résultat : des rendements moyens diminués de moitié qui vont peser encore sur des trésoreries fragilisés, malgré la hausse des cours. Selon les sources, entre 50 et 300 exploitants sur 2.300 pourraient cesser leur activité à cause de leurs difficultés financières.