La sortie de crise à l'UMP pourrait passer par un référendum soumis aux militants. Mais l'organisation de cette consultation semble encore poser problème. La création d'un groupe parlementaire dissident est brandie comme une menace par F.Fillon.
Jean-François Copé et François Fillon négociaient mardi une sortie de crise à l'UMP, qui pourrait déboucher sur un référendum pour demander aux militants s'ils souhaitent voter à nouveau pour la présidence du parti, un premier geste d'apaisement entre les deux adversaires.
L'accord n'était pas encore scellé mardi soir, au dixième jour de la crise sans précédent que traverse l'UMP. Une crise qui a pris un tour nouveau avec l'amorce d'une scission à l'Assemblée nationale, où les fillonistes ont lancé un nouveau groupe parlementaire, distinct de celui présidé par le copéiste Christian Jacob. Face à l'accélération des événements, Jean-François Copé a demandé à François Fillon de renoncer à cette initiative, tout en proposant ce référendum pour sortir de l'impasse.
Nicolas Sarkozy à la manoeuvre
Un "deal" dont Nicolas Sarkozy serait en fait l'instigateur, selon l'entourage de M. Fillon.Les deux rivaux, devenus des adversaires résolus pour le contrôle du premier partid'opposition, se sont rencontrés mardi après-midi, dans le bureau de M. Copé à l'Assemblée nationale, à la demande de Nicolas Sarkozy. Pour l'ancien président de la République et ex-champion de la droite, actif en coulisses, "tout est préférable à une scission", a appris l'AFP auprès de son entourage.François Fillon a accepté le principe du référendum mais à la condition d'obtenir "des garanties strictes d'impartialité".Or, Jean-François Copé a d'ores et déjà prévenu que si les militants appelaient à un nouveau vote pour la présidence du parti, lui-même resterait à la tête de l'UMP jusqu'au scrutin. Cette condition pourrait poser problème, tant les fillonistes ont dénoncé tout au long de la précédente campagne interne la double casquette de M. Copé, à la fois candidat à la présidence et secrétaire général du parti, ce qui lui permettait d'avoir la main sur l'appareil et ses moyens.Quant à la création d'un groupe dissident à l'Assemblée, baptisé "Rassemblement-UMP" et composé de 68 députés fillonistes sur 194 UMP, elle était toujours annoncée pour mardi soir. Mais "rien n'est irréversible", a assuré le député Jérôme Chartier.
Un référendum pour ne pas perdre la face
Selon Jean-François Copé, le référendum pourrait avoir lieu en décembre ou en janvier. Jusque-là, le président, officiel, mais très contesté, de l'UMP avait fermement refusé l'idée d'un nouveau vote des 300.000 adhérents du parti, de plus en plus ardemment demandé par François Fillon.Cette solution d'un référendum préalable pourrait, du coup, permettre à chacun des deux rivaux de ne pas perdre la face.Dans la matinée, François Fillon avait accru la pression pour faire plier M. Copé avec l'annonce de son groupe dissident, une première dans l'histoire de l'UMP, qui a récemment fêté ses dix ans.Mais l'ancien Premier ministre a aussitôt promis que ce groupe retournerait au bercail si une nouvelle élection était organisée dans les trois mois. "Soit notre appel est entendu et alors nous sauverons l'UMP ensemble par la démocratie.Soit notre appel est méprisé et alors j'en tirerai toutes les conséquences politiques",a averti François Fillon, qui réunissait dans la matinée ses soutiens parlementaires au Musée social de Paris.
Le camp Fillon dénonce notamment le manque de neutralité des membres de la commission,dont six sur neuf ont soutenu un candidat pendant la campagne (4 pro-Copé, 2 pro-Fillon). "Cette culture du pouvoir où tout est permis, où rien n'est transparent, n'est pas digne d'un grand parti moderne", a attaqué l'ancien Premier ministre, qui avait déjà parlé de "mafia" la semaine dernière. "Statutairement (...), nous n'avons absolument pas le droit de provoquer des élections comme ça, au seul motif que c'est un ultimatum qui est lancé par celui qui n'a pas été proclamé élu", lui avait répliqué Jean-François Copé.