Le clermontois Pierre Juquin, ex-député communiste, ancien membre du comité central du PCF et son porte-parole, aujourd'hui retiré de la vie politique après un passage chez les Verts, publie une biographie d'Aragon. Le premier tome est disponible.
Le clermontois Pierre Juquin, ancien membre du comité central du Parti Communiste Français, candidat à l'élection présidentielle de 1998, puis proche des Verts, s'est aujourd'hui retiré de la vie politique et peut donc accorder du temps à une autre de ses passions: l'écriture. Il vient de publier le premier tome d'un biographie consacré à Aragon. Huit cents pages qui précédent un second tome dont la sortie est prévue pour mars 2013. Le 5 décembre, Pierre Juquin était l'invité du journal télévisé de France 3 Auvergne à 12h, il était interrogé par Jérôme Doumeng.
Pierre Juquin, peut-on dire que vous êtes la mémoire vivante de cet écrivain?
C'est ce que j'ai essayé d'être. J'ai eu la chance de rencontrer cet homme exceptionnel pendant plus de vingt ans de ma vie, de beaucoup l'écouter, de le fréquenter comme un ami, un camarade. C'est le Victor Hugo de notre époque. Chacun connaît ses romans, c'était un immense poète et un homme extrêmement complexe et riche. Sa vie est un roman.
Sur quels documents vous êtes-vous appuyé pour batir cet ouvrage?
J'ai beaucoup fouillé les archives, sa correspondance, des brouillons, des documents qu'il a laissés et qu'il a légués à la France d'ailleurs à la Bibliothèque Nationale, des archives soviétiques, des archives du Parti Communiste, et puis son œuvre immense.
On sait Aragon, mais on oublie parfois qu'il avait un prénom, Louis…
On peut le voir dans la première partie de cette biographie, il a une origine extraordinaire. C'est un enfant né d'un grand homme de la IIIème République qui s'appelait Louis Andrieux et qui a voulu lui donner comme nom, comme s'il était un enfant trouvé en quelque sorte, un nom et un prénom qui ressembla au sien: Louis Aragon. Il n'aimait pas qu'on l'appelle Louis Aragon parce qu'il détestait ça. Il adorait qu'au Parti Communiste on l'appelle Louis, comme on disait Jacques à propos de Jacques Duclos, et que dans la littérature on l'appelle Aragon tout court. Personnage complexe!
Pourquoi ce garçon issu de la grande bourgeoisie parisienne bascule dans le communisme?
Il a suivi le chemin de beaucoup de gens de son époque, André Malraux, par exemple, du moins dans sa jeunesse. Et puis, il était révolté contre la guerre. Il a fait comme médecin militaire la guerre de 14-18, il s'y est comporté remarquablement mais il détestait l'hypocrisie et la haine qui entouraient la guerre. Il détestait les guerres coloniales et il méprisait la bourgeoisie dont il était issu tout en étant, comme Proust, un peu fasciné par elle.