"Le grand retournement" est dans les salles depuis le 23 janvier. Gérard Mordillat, son réalisateur, était à Clermont-ferrand, à l'occasion du festival du Court Métrage. Il en a profité pour présenter son film et rencontrer le public au cinéma Le Rio. Un exercice qu'il fait avec plaisir.
Mordillat était donc en promo, mais pas seulement : c'est un fidèle du festival. " C'est vrai que j'ai l'impression d'être chez moi à Clermont. Je viens régulièrement depuis...30 ans, à ce festival qui est devenu le plus grand festival mondial du court métrage. J'étais juré l'an dernier. C'est absolument enthousiasmant de voir des salles de 1000 places pleines de spectateurs curieux, et qui veulent découvrir des choses. A côté, il y aussi le Rio, cette salle de cinéma art et essai, où les rencontres avec le public sont toujours des moments très intenses, très forts. Et je me souviens aussi que pour mon premier film, "La voix de son maître" nous étions entrés secrètement chez Michelin pour y faire une projection, avant de nous faire évacuer manu militari. Tout cela me rattache puissamment à Clermont."
Il a fallu refuser du monde au Rio, la salle était archi-comble pour la projection du " Grand Retournement » mercredi soir. Le lendemain matin, c'est en compagnie du critique Jean Roy que Gérard Mordillat, écrivain, scénariste et réalisateur, retrouvait les spectateurs, toujours dans la salle du Rio, pour parler cinéma.
"Le grand retournement", dans les salles depuis le 23 janvier, raconte la crise, et la dérèglementation politique et financière.Gérard Mordillat a adapté une pièce de l'économiste Frédéric Lordon, intitulée « D’un retournement l’autre » (Editions du Seuil). Il a transposé l’action dans le décor d’une usine désaffectée. Au générique : Jacques Weber, François Morel, Edouard Baer, Franck De La Personne, Elie Triffault.
Le tout avec une particularité : des dialogues en alexandrins. " C'est une langue étrangère, on ne parle plus en alexandrins, et familière en même temps, elle aiguise notre capacité d'écoute. On entend mieux, et on comprend mieux " explique Gérard Mordillat. "Je suis stupéfait de voir que pour beaucoup, soudain, des problèmes réputés incompréhensibles, la finance, la banque etc., tout le monde les comprend. Et puis, je suis convaincu qu'il ne faut pas parler la langue de l'adversaire...Or nous sommes assommés par le discours néo-libéral... Le paradoxe, c'est que l'alexandrin, qui est par excellence la langue du théâtre classique devient une arme percutante pour faire voler en éclats tous les ridicules, les leurres de cette langue et dénoncer ses applications et toutes les catastrophes qu'elle provoque."
Sur l'affiche on peut lire : "comédie sérieuse sur la crise", c'est quoi une comédie sérieuse ?
"Le texte de Lordon est plein de drôlerie, ça me permet de rendre hommage à Molière et aux frères Lumière en même temps. On parle avec légèreté et humour de choses qui ont des conséquences dramatiques, ça nous donne un surcroît de lucidité et le rire est la marque de notre prise de conscience".