Webdocumentaire, web-séries, webreporter, jeux, mini-séries... Tous les supports sont possibles pour élargir la diffusion d'une oeuvre. Le cross média est là pour ça, et une nouvelle génération d'auteurs l'a bien compris, en pensant dès l'écriture à d'autres formes pour internet, et interactives.
Vous connaissez la minisérie les Babioles, vous avez mené l'enquête sur Canalplus.fr sur les pas des héros de Braquo ou d'Engrenages, vous avez vu le webdocumentaire New York Minute sur le net ou sur Arte ? Vous avez alors, sans le savoir, été l'une des cibles du cross media.
Signe de la place aujourd’hui de cette nouvelle statégie de communication, il y avait foule à la salle Grippel pour la table ronde organisée par les Cross Video Days, avec Bruno Smadja, et Sauve Qui peut le Court Métrage, avec Calmin Borel. Producteurs, réalisateurs et auteurs ont pu échanger avec Mathieu Rochet, réalisateur de webdoc ( New York Minute et récemment Lookin 4 Galt), Nicolas Schmekin, producteur (Autour de Minuit), Julien Berlioz, producteur (FullRizhome) et Fabienne Fourquet, directrice des nouveaux contenus pour Canal+
Tous ont témoigné de leur expérience autour de projet cross média.
« Avec ces programmes courts sur le web, on propose un univers qui va plus loin qu’une série, explique Fabienne Fourquet, directrice des nouveaux contenus pour Canal+. En étant très actifs sur les réseaux sociaux (photos, jeux, concours, exclus web) on entretient une relation privilégiée avec nos abonnés et on élargit notre bassin d’audience ". Canal+ mise beaucoup sur les vidéos et leur viralisation sur les réseaux sociaux (les vidéos sont lues dans Facebook depuis septembre 2011). « Un seul contenu «liké» via Facebook de Canal+ génère de l’activité sur le réseau social et environ 25 clics en retour sur le site ».
Pour Nicolas Schmerkin, producteur (Logorama, oscar du meilleur court métrage d’animation), « les créateurs pensent maintenant aux autres supports de diffusion dès le début du projet ». Babioles, court métrage, a donné lieu à des programmes courts diffusés sur Canalplus, puis un blog, une page facebook…. « On a vu arriver une nouvelle génération d’auteurs. On sort du schéma classique du court métrage . Nous travaillonspar exemple sur un projet de film de 15 minutes, avec le réalisateur Ondrej Svadlena, intitulé « Time rudent ». Et l’idée c’est de permettre d’explorer l’univers du film à travers un jeu qui pourrait être distribué sur internet. On vient aussi de recevoir le prix France televisions du Global media Connect/MIFA et une aide au cross media pour The Watchmakercircus de Sophie Tari. Et là, après le film, on réfléchit à la création d’une application pour tablette tactile, et pourquoi pas d’un site internet. »
Aujourd’hui, en France, il y aurait 7 écrans en moyenne par ménage, 1 foyer sur 10 posséde une tablette tactile, 18 millions un smartphone. il y a plus de 26 millions de membres actifs sur Facebook et 5 millions de comptes Twitter.
DE NOUVELLES FACONS D'ECRIRE
Le cross media a obligé à changer les modalités de travail . Une œuvre doit être déclinée et pensée dès sa conception sous plusieurs autres formes artistiques. Il faut aussi penser aux différents supports de diffusion. Bref, créer plusieurs outils qui, une fois reliés entre eux, créront une dynamique.
Pour Full Rizhome, producteurs marseillais spécialisé dans la musique, « le web a offert de nouvelles façons de communiquer pour les groupes de musique. Nous avions beaucoup aimé New York Minute, la minisérie réalisée par Mathieu Rochet et Nicolas Venancio, diffusé sur Arte et sur le web (1 million de vues). Nous les avons suivis pour le projet Lookin4Galt ». « Le web permet de raconter des histoires autrement, dit le réalisateur Mathieu Rochet, de Gasface . Cela permet de nouvelles écritures, une plus grande réactivité, et un tournage léger ». Depuis sa mise en ligne en décembre dernier Lookin4Galt (road movie dans l’univers du hip-hop) a enregistré 400 000 vues. « L’œuvre devient partageable et partagée, poursuit Mathieu Rochet. New York Minute avait été diffusé sur Arte et sur le site d’Arte, mais 80% des vues ont été faites hors du site, grâce aux retweets et aux blogs. »
Le web permet aussi de toucher le monde, toutes les générations et plus seulement les jeunes.
« Nous, à Autour de Minuit, on pense d’abord écran et salle. Puis, nous avons mis le court métrage Logorama sur notre chaîne YouTube. On a même été 9ème des ventes sur Itunes. En terme de recettes sur internet, on a gagné autour de 80 000 €, pour un film qui en a coûté 1 million ! »
NOUVEAUX MODES DE FIANCEMENT
Le cross media a ouvert la porte à d’autres financements : YouTube et Dailymotion financent certains projets de films, les créateurs peuvent aussi s’essayer au brand content (contenu de marque) « mais il faut alors arriver à faire entendre auteurs et financeurs, il vaut mieux tout bein cadrer à l'avance. » précise Fabienne Fourquet.
« Il y a de nouveaux modes de financement, notamment avec les chaînes qui investissent dans des projets multimedias, poursuit Nicolas Schmerkin. Il y a aussi de nouvelles aides qui n’existaient pas encore il y a quelques années et qui sont destinées à ces nouveaux projets multi-plateformes. Mais ce n'est pas pour autant que cela garantit un financement plus facile pour les courts métrages. »