L'article en question, créé le 24 juillet 2009, porte sur une station hertzienne militaire dans le Puy-de-Dôme. La Wikimedia Foundation, basée aux Etats-Unis et qui héberge Wikipédia, explique avoir été contactée le 4 mars par la DCRI qui demandait "la suppression" de l'article.
Le ministère de l'Intérieur a contesté samedi 6 avril dans la soirée toute "menace". "Dans un état de droit, on ne peut pas assimiler à une menace l'engagement d'une procédure judiciaire" engagée sur un "passage qui pose problème à la sécurité nationale", relève-t-on place Beauvau. Déclaration réitérer sur France Info ce 7 avril.
Les services qui demandaient le retrait de cette page mettaient en avant que celui-ci contenait "des informations militaires classées" et que "la publication de telles informations violait le Code pénal", selon la Wikimedia Foundation.
Une requête ordinaire oui mais...
La Wikimedia Foundation est habituée à collaborer sur requête judiciaire avec les autorités des différents pays de diffusion de Wikipédia. Elle reçoit des centaines de demandes de retrait de contenu chaque année, et coopère de son mieux pour régler ce genre de problèmes lorsque les requêtes sont claires et juridiquement motivées", précise wikimedia dans un communiqué jugeant la demande de la DCRI infondée. Et selon Pierre-Carl Langlais qui tient un blog spécialisé sur les questions relatives à l'encyclopédie en ligne, la DCRI a agit en plus en contradiction avec la loi française. "Il n’est pas concevable d’exiger le retrait d’une information classifiée si l’on n’offre pas la preuve de sa classification", précise-t-il."Nous avons demandé plus d'informations à la DCRI. Malheureusement, elle a refusé d'apporter plus de précisions et a redemandé que l'article soit effacé dans son intégralité", explique la Fondation, qui a refusé.
Le passage litigieux concernait "l'organisation de la composante nucléaire de la défense nationale", précise l'Intérieur.
De l'usage de la persuasion
"Le 30 mars, nous avons découvert que la DCRI avait contacté un bénévole qui réside en France", selon la Fondation. Elle a "insisté" pour qu'il utilise ses "droits administratifs pour supprimer immédiatement l'article". "Sous la menace, il a supprimé l'article", raconte la Fondation.Selon la version de l'Intérieur, "à la demande du parquet, sous le contrôle de l'autorité judiciaire" cette personne, après un refus initial de retirer l'article, "a été mise en garde contre le risque d'engagement de poursuites judiciaires" dont il pourrait être l'objet "en tant que responsable juridique de Wikipedia France".
Wikimédia France précise de son côté que le bénévole, qui "n'a aucun rapport avec l'article incriminé", a été menacé d'un placement en garde à vue et d'une mise en examen. "La page a été restaurée dans la nuit de vendredi à samedi par une personne qui habite en Suisse", ajoute Wikimédia France. "La Fondation s'oppose vivement à des tentatives gouvernementales d'intimider les bénévoles qui consacrent leur temps et leur énergie à construire" Wikipédia,"l'un des grands projets éducatifs, que tout le monde peut partager gratuitement".
La Fondation est "sensible aux problèmes de sécurité nationale, mais dans les cas où il n'y a pas de menace apparente , nous demandons plus d'informations avant de supprimer du contenu". "Faire autrement serait autoriser la censure, ce qui serait une attaque directe des valeurs de la Communauté wikimedia", écrit
la Fondation.