Alors que le premier ministre doit rendre ses arbitrages le 9 juillet, le sort réservé au POCL par le rapport Duron continue à faire grincer des dents. Deux sénateurs, dont le Cantalien Jacques Mézard, estiment qu'on "ne peut pas mettre le Massif Central à l'écart de la vie de la Nation".
Alors que le rapport Duron préconise de repousser au-delà de 2030 la mise en chantier de la ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Lyon, deux sénateurs ont décidé d'interpeller le gouvernement sur la nécessité de "réduire la fracture territoriale" en matière d'infrastructures de transports.
Le Cantalien Jacques Mézard (PRG) et Rémy Pointereau, sénateur UMP du Cher, ont rédigé leur propre rapport davantage tourné vers les "territoires oubliés". "Une partie de nos territoires subissent des problèmes d'enclavement et de difficultés de dessertes de plus en plus importants", explique Jacques Mézard selon qui le rapport Duron répond "partiellement". "On ne peut pas renvoyer aux calendes grecques un certain nombre d'investissements qui sont indispensables" poursuit l'élu auvergnat.
On ne peut pas mettre le Massif Central à l'écart de la vie de la Nation. – Jacques Mézard
Si les deux élus soulignent quelques bons passages dans les travaux de la commission "Mobilité 21", tels que la priorité à accorder à l'entretien du réseau, ils pensent toutefois que le gouvernement doit infléchir certaines préconisations de ce rapport qui "n'est qu'un rapport et pas un acte décisionnel" rappelle Jacques Mézard. Selon le sénateur du Cantal, "il faut que l'Etat se rende compte qu'on ne peut pas laisser en désespérance le Massif Central, il y a des gens qui y vivent", insiste-t-il. Les deux sénateurs considèrent également "que des emprunts peuvent être faits sur certains domaines, qu'il y a de la bonne dette et de la mauvaise dette". Jacques Mézard explique: "quand il s'agit d'investissements, on peut faire des choix, ce qui est dangereux, c'est d'emprunter pour du fonctionnement".
Maintenant qu'il y a un ministère de l'égalité des territoires, il faudrait que ça serve à quelque chose. - Jacques Mézard
Pour les deux rapporteurs du Sénat, la France ne peut pas accepter d'avoir "une tâche blanche" au cœur de son territoire "quand on regarde une carte des réseaux ferrés grande vitesse et des réseaux routiers existants". Ils soulignent ainsi la nécessité de ne pas repousser le projet du POCL à 2030, pas plus que le barreau Poitiers-Limoges, de manière à soutenir l'économie dans ces territoires. "Maintenant qu'il y a un ministère de l'égalité des territoires, il faudrait que ça serve à quelque chose", ironise Jacques Mézard qui se montre également sensible au sort réservé au sud du Massif Central. Ce territoire souffre sans doute plus que d'autres régions de l'isolement en n'étant même pas desservi par les autoroutes.
Dans leur rapport, qu'ils espèrent voir lus par Jean-Marc Ayrault, les sénateurs Pointereau et Mézard appellent à "donner des moyens financiers nouveaux aux régions et à RFF" et ils livrent quelques pistes : le maintien de l'investissement de l'État dans le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transports de France (AFITF), en supplément des revenus générés par l'écotaxe poids lourds, le recours aux péages urbains et aux partenariats public-privé, ou encore une modulation de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP).