Samedi 24 août, on célèbrait à Lyon le 69eme anniversaire de la libération du fort de Montluc. Ce fut un lieu tristement emblématique de l'occupation : 7700 personnes y ont séjourné. Beaucoup sont décédées, dans ses mûrs ou en déportation.
Réquisitionnée par les Allemands en 1942, la prison de Montluc sera, pendant la guerre, un lieu de détention pour ceux voués à être exécutés ou déportés. Un bâtiment qui verra passer en ses mûrs plus de 7 700 juifs, résistants et otages.
Un maillon de la chaîne de répression
La prison fonctionnait en liaison avec le siège de la Gestapo, avenue Berthelot dans les locaux de l’Ecole de Santé Militaire, où étaient effectués les interrogatoires (locaux actuels du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation). Jean Moulin et ses compagnons y ont été internés après l'arrestation de Caluire le 21 juin 1943.
A proximité de la prison, les Allemands installèrent à l’été 1943 un tribunal militaire compétent pour la zone sud. Les condamnations capitales prononcées étaient vraisemblablement exécutées sur le stand de tir de la Doua (aujourd’hui nécropole nationale). D’autres condamnés étaient fusillés à l’intérieur même de la prison, sur le chemin de ronde à un emplacement désormais appelé "Mur des fusillés".
Massacres après le débarquement
Après le débarquement de juin 1944, la répression allemande s'est intensifiée et de nombreux massacres furent perpétrés à Lyon et dans les communes avoisinantes, en représailles à l’avance alliée et aux actions de la Résistance.
Entre avril et août 1944, plus de six cents prisonniers détenus à Montluc furent ainsi exécutés à Saint-Didier de Formans, Toussieu, Bron. Le massacre de Saint-Genis-Laval, le 20 août 1944, où 120 détenus périrent dans des conditions abominables, donna lieu à une protestation vigoureuse du Cardinal Gerlier auprès des autorités allemandes.
Dans le même temps, Yves Farges, commissaire de la République, encore dans la clandestinité, menaça d’exécuter autant de prisonniers allemands si les massacres continuaient. Le 24 août, les prisonniers furent libérés par la Résistance et du fait du départ de leurs geôliers, une semaine avant la libération de Lyon, le 3 septembre.
Un lieu de (sinistre) mémoire
Après la libération, le fort sera le lieu des exécutions capitales à Lyon, dont la dernière aura lieu en 1966.
Depuis le 25 juin 2009, la Prison Montluc fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques.
Depuis 2010 grâce à l'Association des Rescapés de Montluc, la prison peut être visitée gratuitement (les après midi du mercredi au samedi) et est considérée comme un lieu de mémoire important. Des cérémonies officielles se font régulièrement avec la présence d'anciens combattants et prisonniers.
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Ainsi la société lyonnaise d'Histoire de la Police a révèlé dans une étude qu'au moins 64 policiers et 14 gendarmes avaient été internés à Montluc. Comme par exemple André BENOIT, inspecteur-chef de police à Grenoble. Il a été arrêté le 22 septembre 1943 à Grenoble, interné à Montluc et déporté à Dora. Il est mort à Ravensbrück le 30 avril 1945