Julien Malzieu qualifie lui-même son retour d'inespéré. Après 19 mois quasiment sans compétition en raison d'une avalanche de blessures, l'ailier de Clermont, qui se déplace dimanche à Toulouse, retrouve avec une rapidité inattendue ses sensations sur le terrain.
Depuis le 23 novembre, Julien Malzieu regoûte aux joies de marquer, à la saveur oubliée des après-matches, de la victoire, aux sollicitations médiatiques... "J'ai le sourire parce que ça fait quelques matches que ça se passe bien pour moi et pour le club, je suis super content. Je retrouve des sensations et je reprends confiance en moi. Pourvu que ça dure ! J'ai eu vraiment peur de ne pas pouvoir rejouer. Ca a été très long".
Il n'avait disputé que cinq matches (quatre en Top 14, un en Coupe d'Europe) depuis le 29 avril 2012 et une blessure au mollet gauche en demi-finale de Coupe d'Europe. Cette déchirure musculaire a été le début d'un long tunnel de 19 mois de blessures, de séances de rééducation, de doutes et d'espoirs contrariés.
Te retrouver en tête à tête avec le préparateur physique pendant des mois, ce n'est pas ce qu'il y a de plus drôle.
Après son mollet gauche, c'est son mollet droit qui l'a lâché en août 2012. Puis ses tendons d'Achille l'ont contraint à plusieurs mois de repos forcé. "J'étais au fond du seau, confie le joueur, pourtant réputé être un joyeux drille. Te retrouver en tête à tête avec le préparateur physique pendant des mois, ce n'est pas ce qu'il y a de plus drôle".
"Après des enchaînements aussi catastrophiques, il y a forcément un moment où on se demande si le corps va supporter les efforts sans se blesser de nouveau. A un moment donné, on pense que le rugby, c'est terminé, que le corps n'a peut-être plus envie", raconte le robuste ailier (1,93 m, 96 kg), déjà frappé par des blessures à répétition au pied et au genou en 2009.
Son plaisir de rejouer n'en a été que décuplé. Mais de là à penser qu'il inscrirait trois essais lors de ses quatre premiers matches... A 30 ans, Julien Malzieu s'interrogeait plutôt sur son avenir: rester dans son club de toujours ? Partir ? L'ASM s'interrogeait aussi sur ses capacités à rebondir. La réponse a été donnée jeudi: Malzieu a vu son contrat en Auvergne prolongé jusqu'en 2016, voire 2017 (en option). "Nous suivions avec intérêt la reprise de Julien. En quelques semaines, il a su nous convaincre de sa volonté d'aller de l'avant et de retrouver à Clermont son meilleur niveau", explique l'entraîneur des trois-quarts et futur entraîneur principal Franck Azéma.
"Maintenant, je peux regarder devant et continuer à travailler sereinement pour retrouver mon meilleur niveau et tirer un trait définitif sur ces blessures, se réjouit le joueur. Je suis déterminé à l'idée de vite redevenir le plus performant possible".
Il est différent sur le terrain, plus alerte, plus altruiste. - Aurélien Rougerie
En 280 minutes de jeu, il a en effet balayé ses doutes et esquissé à nouveau les qualités qui l'avaient mené jusqu'au XV de France entre 2008 et 2012 (20 sélections): des appuis assurés et une étonnante capacité à rester debout. "Je trouve aussi qu'il est différent sur le terrain, plus alerte, plus altruiste, ajoute son capitaine Aurélien Rougerie. Il piste les bons coups, lit les trajectoires de courses, se propose dans la ligne".
Patient, Julien Malzieu n'entend pas encore détrôner les habituels titulaires des ailes, Napolioni Nalaga et Sitiveni Sivivatu, mais "grappiller du temps de jeu". Le départ de Sivivatu à Castres la saison prochaine pourrait lui offrir une place mais il devra faire face à la concurrence de l'ancien All Black Zac Guildford.
Avec toujours en tête sa longue traversée du désert, il ne se projette pas aussi loin et martèle sa prudence: "Mon avenir, c'est le prochain match".