Mon festival, par Samir Guesmi

Chaque jour, Samir Guesmi, comédien, membre du jury National, nous fait partager la manière dont il vit ce festival du Court-Métrage de Clermont-Ferrand.

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Samir Guesmi est né en 1967 à Paris. Après une formation d’acteur à l’Académie Stéphane Gildas puis au Théâtre école de Vera Gregh , au Théâtre école de la Belle de Mai à Paris et plusieurs apparitions au cinéma, il décroche son premier rôle en 1994 dans "Malik le maudit" de Youssef Hamidi. Il reçoit pour ce film le Prix Michel Simon en 1996 et le prix d’interprétation au Festival d’Amiens.

Son rôle en 2012 dans "Camille redouble", aux côtés de Noémie Lvovsky, lui vaut une nomination pour le titre de Meilleur acteur dans un second rôle aux César 2013. Il a également tourné dans la série de Canal+ Les Revenants, primée meilleure série dramatique à la cérémonie des International Emmy Awards.

On le voit ensuite autant dans des longs métrages populaires que dans des films d’auteurs, il participe aussi à plus d’une vingtaine courts-métrages.
En 2007, il réalise son premier court métrage, "C’est dimanche !", qui reçoit de nombreux prix dont celui du Public au festival de Clermont-Ferrand 2008, le Grand prix au festival de Grenoble ou encore le prix Révélation au festival de Brest 2008.

Samir Guesmi, comédien, réalisateur d'un court métrage et membre du jury national au festival du court métrage 2014

Jour 1, Samedi 1er février

"Moi je suis très content de venir à Clermont ! Je suis arrivé ce matin et je suis allé directement dans la salle Cocteau. J’ai vu 5 courts métrages, et je dois dire que c’est super !
Quand je suis entré dans le grande salle, ça m'a fait une petite piqûre de rappel : j'étais venu en 2008 présenter mon film (voir article Recevoir un prix à Clermont, c'est assez magique).  Je n'avais pas le souvenir que cette salle était aussi gigantesque, et ça m'a fait une petite émotion... Je me suis installé et... là, le noir. Rien d’original, si ce n’est que tu plonges dans les films...Et je dois dire que j’ai vu des choses pas mal.  Tu ne te prépares pas particulièrement à être jury. Je m’attends juste à me laisser surprendre, cueillir et je veux arriver finalement le plus détendu et réceptif possible."

Jour 2, dimanche 2 février

"Ça se passe bien... Aujourd'hui,  il fait beau, je ne vais pas dire qu'on va aux séances à reculons, mais....  On a eu une séance à 13 heures, et on en aura une autre à 20 heures... Je suis d'ailleurs surpris : c'est pas l’overdose de films... Mais je ne dirai rien sur ce que je vois car je dois de garder ma réserve de juré ! 
La salle Cocteau est bondée... Mais on arrive, on s'assoit dans le jury, on fait pas de vague, on regarde,  ça se finit et on se barre.. Finalement on a peu de contact avec le public. La salle est tellement grande (plus de 1400 places, ndlr) que je m’étais dit on va être "parasités"  par quelques commentaires, et bien,  pas du tout  ! C’est extrêmement studieux, un silence total, ça c’est super ! C’est des passionnés qui sont là. Tu sens une grande attention, tu sens que c’est extrêmement bienveillant pour les films, pour tous les films...  Il y a un hommage (il fait le geste d'applaudir) à l’issue de chaque film,  ça tient presque du cérémonial …."

Jour 3, lundi 3 février

"C'est très dur, c'est un enfer ! On voit des films, et on revoit des films. Après on en parle et on revoit des films... Aujourd'hui, ça n'a pas commencé très tôt, c'était de 14h00 à 16h00, ensuite 18h00 à 20h00 et ensuite de 22h00 à minuit, la séance du ciné-club du soir, du cinéma de minuit. Résultat, on mange à 16h00. Ca ne me décale pas trop, on voit pas trop le jour, mais on va pas se plaindre ! On déjeune souvent tous ensemble ( les membres du jury) comme on l'a fait hier soir : on a fait un premier point de ce qu'on avait vu donc on a commencé à débriefer et tout à l'heure, il est question qu'on fasse un autre point à 20h00 au dîner avant la séance de 22h00. On s'est filé des rendez-vous tous les 2 jours à peu près comme ça pour faire le point, les tendances, avec qui on a le plus d'affinités, si on a des coups de coeur en commun. Pour l'instant, y'a pas grand-chose qui s'entrecroise. Je sens que ça va être le bordel, je sens que ça va être la castagne, je sens qu'on va friter fort. En même temps, il y a encore 35 films à voir... J'espère qu'à un moment, il y aura un film qui va faire l'unanimité, et en même temps, ça fait aussi réfléchir à ce qu'on a vu. Les coups de coeur des uns et des autres te font réfléchir aux films que tu as vus et pour lesquels t'as pas eu de coup de coeur... La discussion s'enrichit. Entre chaque film, il y a un jour pendant une minute. Il y a un petit blanc, une espèce de mnémotechnique de ce qu'on a vu. Moi, ça me permet de prendre des notes assez succinctes pour pouvoir en parler après. Donc c'est vraiment du boulot. C'est un super boulot, un boulot agréable, mais c'est du boulot !! "

Jour 4, mardi 4 février

"Je ne sais pas si les films parlent plus à l’acteur ou au réalisateur qui font ce que je suis. Même si réalisateur est un bien grand mot, je n’ai fait qu’un film. En tout cas, je suis assez impressionné par la quantité de films qu’il y a. Je suis frappé par la diversité. Ça impose d’être vigilant, d’y aller actif. Il faut rester réceptif, ne pas commencer à se fermer. Il faut rester "aware" comme dirait Jean-Claude Vandamme.
Du coup, quand les choses sont réussies, ça amène des questions. Tu ne peux pas t’empêcher de te demander comment le ou la cinéaste a procédé. Parfois, ça te donne aussi envie de jouer. Mais il faut essayer de rester spectateur, de ne pas se demander comme on aurait fait à la place du réalisateur. Maintenant, je ne sais pas si il y a un état d’esprit de jury, il y a une responsabilité relative, ça n’est qu’un palmarès. Je ne me dis pas que je suis juré, je m’assois, je regarde les films et je vois si je suis embarqué ou pas dans l’histoire."

Jour 5, mercredi 5 février

"Aujourd’hui, il y a a eu la remise de médaille, par le Maire de Clermont… J’ai eu la médaille de la Ville ! (sourire) Ca va changer ma vie, je vais l’avoir tout le temps avec moi (rires).
Sinon,  j’ai papoté avec le Jury jeune,  fait une interview avec une jeune journaliste … C’est une journée un peu libre aujourd’hui, car la séance est seulement  à 22h, Contrairement aux autres jours où j’avais 3 séances et où je courais un peu.  J’ai aussi fait des radios, Radio Campus ce matin, Radio N ova tout à l’heure…Ca va, c’est agréable, on me demande mon avis, je le donne,  j’essaie de ne pas dire trop de conneries !
Les gens m’ont vu dans « Camille redouble » et « Les revenants »,  ils sont contents.,  je crois que ça leur a plu ces films-là. Comme t’es acteur, t’es visible, ça fait partie du job, tant que c’est agréable….
Je suis là pour voir des films, mais si on veut me rencontrer,  c’est open bar ! Y a pas de problème !"

Voir la vidéo de l'interview.
Samir Guesmi

 

Jour 6, Jeudi 6 février

Nous n'avons pas pu rencontrer Samir Guesmi: il participait à la délibération du jury de la compétition nationale.
 

Jour 7, Vendredi 7 février

"La délibération, (jeudi 6 février), ça a été long,  très long ! De 14h à  20h,  dans une salle,  enfermés.... Et que parler,  parler ! Les jours d'avant on regardait,  on se taisait,  là... 60 films, et on a parlé des 60 films ! Ça a été compliqué de n’en garder qu’un...
Il y a quelques jours, y avait pas grand-chose qui se croisait avec les autres membres du jury dans ce qu'on aimait... C’est ça qui était intéressant...Pas pour le grand prix, là,  ça a été unanime,  la décision... On était tous d’ accord pour dire que c’était un grand film !  Après, pour le reste de la compétition, y a plein de films que chacun aimait qui se sont  bousculés au portillon... Ca devenait un peu compliqué, pénible  de se rendre compte que certains, n'auraient rien..Y a 5 prix qu’on file et y a  60 films, donc à un moment y en a qu’on a dû laisser de côté. Mais le palmarès, tout le monde s’y reconnaît, du jury, personne ne rejette ni n’est déçu du palmarès.
Le rôle de juré,  je l’avais déjà fait à Namur pour le long métrage. Moi je m’y retrouve dans ce palmarès, je suis content,  je l’assume ! Il est bien, il est très bien même !
Maintenant que ce rôle là est fini, on se libère, on fait ce qu’on veut...Je vais sûrement aller voir des films de la compétition  internationale, la journée va passer vite (avant la cérémonie de clôture)".
 

Jour 8, samedi 8 février


"C'est fini...On se sent mieux ; le plus dur est fait !  La remise des prix c’était super,  les gens avaient l’air content . J’ai même eu le trac ! Bizarrement.Tu t'y attends pas et  ça te tombe dessus ! J’étais assis avec les autres membres des jurys,  en rang d’oignons,  mais en fait, t’es happé, quand tu vas au micro,  ça se communique ! Y a une tension, c’est électrique, c’est bien...
Les primés,  ils étaient tous hyper-contents... Moi ça m'a projeté quelques années avant ..Je suis content pour eux ! Ça m’a fait revivre la remise de mon prix, Le coté un peu nigaud, t’arrives sur scène un peu sonné,  c’est pas mal (rires). Est-ce que c’est plus confortable d’être dans le jury ?  Je sais pas,  y a aucune des places qui est confortable... Finalement quand tu reçois un prix, c’est vachement bien, ouais c’est super ! Après les deux se valent…. Le bilan ? 60 films, 5 prix pour le national c’était sympa, même si on n’avait pas trop le droit de parler,  on pouvait pas trop rencontrer les réalisateurs... Mais bon,  c’est festif, c’est bien Clermont (re-rires) !!"
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