Pour ceux qui habitent à l'autre bout du monde mais aimeraient jeter un coup d'oeil à ce qui se passe à Clermont, pour les paresseux, les geeks et tous ceux qui ont juste envie de se faire un court, 6 films de la sélection "Brèves digitales" sont en ligne sur le site du festival. A vos clics.
Le principe-même du festival de Clermont-Ferrand, c'est la découverte. Et ces fameuses Brèves digitales, en ligne et à disposition de tous à tout instant en sont un bel exemple. Six courts très courts (le plus long ne fait que 8 minutes), six styles hyper variés, du clip virtuel au dessin-animé naïf en passant par la fiction déjantée. Parmi eux, "La rocade", un film de Pierre Frulloni nous fait bien rire. Et c'est là que l'enquête commence...
Pierre Frulloni, qui êtes-vous ? D'où vient ce film ?
Ce film, "La rocade", c'est son travail de 3e année à l'école supérieure d'arts. Il remonte à 2 ans maintenant, mais Pierre en parle avec plaisir. Spécialisé en images et peinture, c'est lui qui a choisi de faire un court-métrage. Et l'inspiration ne lui a pas manqué. L'idée est venue toute seule, et la genèse du projet est en soi très drôle. "J'allais rendre visite à une amie à Toulouse une ou deux fois par mois à cette époque. Pour y aller, il fallait prendre l'A75, puis la sortie Rodez, puis Albi et enfin Toulouse. Et à chaque fois qu'on passait sur la rocade d'Albi, ça bouchonnait. Au bout de six mois, j'ai fini par demander à mon co-voitureur : "Mais ils-n'ont pas encore fini ce chantier, là ? ". C'est à ce moment-là qu'il a ri et m'a répondu : "J'habite ici depuis 1984, et les travaux étaient déjà en cours quand je suis arrivé ...". Après quelques recherches rapides et quelques coups de fils, Pierre découvre que le chantier a en fait démarré en 1974... Quarante ans de travaux, une vie de chantier, pour un projet toujours inachevé... "Je me suis tout de suite dit qu'il y avait quelque chose à raconter ! "
A toutes ces questions, comment un chantier peut prendre tant de temps, pourquoi n'est-il toujours pas fini, Pierre choisit d'apporter ses propres réponses, de créer l'impossible. Son but : déconstruire la réalité pour créer son oeuvre. Une façon de faire très inspirée des films de Jean Teddy Filippe, Les documents interdits. Dans la pratique, ça donne beaucoup de recherches sur internet. "Moi, j'aime bricoler de là où je suis. En plus, une enquête sur Internet correspond à une quête du possible. Si je m'étais rendu sur place, j'aurais trouvé de vraies réponses, la réalité. Ça ne m'intéressait pas."
La réalisation se fait avec les moyens du bord. Une voix enregistrée sur un vieux poste avec un micro pour bébé, une vidéo prise sur internet, un voisin au charisme énorme comme acteur principal, une étudiante de seconde année à la prise de son, et le tour est joué. Tourné à la manière du documentaire, le film fait mouche. Et lui donne aujourd'hui envie d'en réaliser un autre pour sa 5e année sur le retour à l'animalité impossible et l'échec de l'art, un film cette fois inspiré du travail de Peter Fischli et David Weiss. Mais ça, c'est une autre histoire.