Court-métrage : dix-huit collégiens jurés de la catégorie enfant

Ils sont 18, sont en 6e à Saint-Gervais d'Auvergne et ce sont eux qui décideront du coup de coeur jeune public du festival. C'est une première, et ils ont bien l'intention d'en profiter au maximum.

Mercredi, 9h30. Confortablement installés dans leur fauteuil, ils attendent que le noir se fasse dans la salle. Leur mission, ils l'ont acceptée il y a quelques mois déjà : devenir le jury des programmes enfants. Aux côtés d'une professionnelle de Canal +, ils choisiront le film qui sera diffusé sur la chaîne. Pour elle, 1 voix. Pour eux, 18. Leur choix pèsera donc de tout son poids dans la balance.

Au programme de leurs 3 jours de festival : 5 séances, 40 court-métrages, une visite à l'Atelier pour découvrir les dessous de la fabrication d'un film, la découverte de l'exposition Chris Buzelli, l'artiste américain auteur de l'affiche du festival 2014, 2 nuits à l'hôtel et une grande séance de délibération vendredi matin ... Un programme bien chargé pour ces jeunes gens qui s'y préparent depuis 6 mois avec leur professeur de français, Jérôme Pérel.

Pendant les cours ou sur des journées spéciales, il les a formés à l'analyse du cinéma. Voir des films, comprendre comment ils sont faits, ce qu'ils racontent ... Se familiariser avec leurs différentes formes, créer de petits films d'animation en classe, découvrir ce qu'est un programme, comment on le compose et surtout, surtout, comment il est possible de choisir un film parmi 40. Sur quels critères se baser ? Faut-il choisir celui qu'on préfère ou, de manière plus large, celui qui pourrait plaire au plus grand monde sur des critères plus ou moins objectifs. La tâche s'avère complexe.

"C'est un vrai travail", nous confirme Raymond, 11 ans. "A chaque pause, entre 2 films, nous devons essayer de remplir notre grille pour nous souvenir". Leur grille ? Un tableau bien organisé qui permet un compte-rendu minutieux de ce qu'ils viennent de voir. Titre du film, réalisme, qualité de l'image, son, musique, décors, effets spéciaux, avis personnel, fond du film, tout est passé au crible. Ce qui n'empêche un avis plus global des élèves. A côté de chaque résumé, un symbole allant du très bien au très nul tranche avec l'analyse détaillée. "On n'a pas vraiment le temps de tout noter entre les films, nous confirment Marjolaine et Stéphanie. Mais on essaie de se souvenir si c'est bien, la qualité de la musique, si ça donne envie. Notre rôle est important. On essaie d'imaginer ce que les gens vont aimer, on essaie de se mettre à leur place."

Se mettre à leur place, la place des publics concernés,  parce que certains films sont dédiés aux élèves de maternelle et que, forcément, ils n'auront pas le même impact sur un enfant de 3 ans que sur un collégien. "Il faut leur apprendre à se distancer de leur âge, à prendre du recul ... confirme Jérôme Pérel. Mais moi, après 2 séances très jeune public, j'ai trouvé les films très rafraîchissants. On se sent neuf."

Jeudi, il reste 2 programmes à voir et savourer avant de se lancer dans les délibérations du jury, vendredi matin. Ou comment apprendre à argumenter et faire entendre son avis... Pour Emeline et Valentine, "ça fait bizarre, c'est étonnant !", mais aucun d'entre eux ne laisserait sa place à un autre, fiers qu'ils sont de leur mission. Et c'est encore Raymond qui le résume le mieux, du haut de ses onze ans : "On reste concentrés, on n'en parle pas trop entre nous. On essaie de rester objectifs. Tous nos choix sont importants."