Meurtre de Didier Lacote : le procès de sa veuve s'ouvre jeudi à Moulins

Le corps de son compagnon empoisonné avait été retrouvé coupé en deux dans le coffre d'une voiture en 2009 à Dompierre-sur-Besbres. Odile Varion, 46 ans, comparaît à partir de jeudi devant la cour d'assises de l'Allier pour un assassinat qu'elle nie toujours. 

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Dans ce dossier "mystérieux" et "troublant" selon la défense, les jurés auront à se pencher sur le lien particulier entre Odile Varion, l'accusée, et son fils, Aurélien Lacote, dont le soutien à sa mère ne se démentira pas. Ce dernier, mineur au moment des faits, sera jugé ultérieurement devant le tribunal pour enfants de Moulins pour "destruction de preuve", alors qu'il avait initialement été mis en examen pour assassinat lui aussi. Le jeune homme, 20 ans aujourd'hui, a toujours soutenu que "sa mère n'est pas l'auteur du meurtre", selon son avocate, Anne Barnoud. Il sera appelé à la barre des assises comme témoin.

Odile Varion a effectué 11 mois de détention provisoire avant d'être remise en liberté en août 2010. Elle a toujours clamé son innocence malgré les traces de sang relevées au domicile familial, dans la salle de bain, sur la porte de sa chambre, sur des semelles de tennis et deux marches d'escalier. L'empreinte ADN de l'accusée a aussi été relevée sur une couverture ayant servi à envelopper le corps et l'enquête a montré qu'elle avait acheté plusieurs flacons d'atropine, un collyre destiné à soigner une uvéite dont souffrait son compagnon Didier Lacote. Un produit qui a servi à l'empoisonner.

Corps découpé à la scie circulaire 

L'affaire commence le 10 mars 2009 lorsque le corps putréfié de cet homme de 51 ans, ouvrier à l'usine PSA de Dompierre-sur-Besbre (Allier), est découvert, coupé en deux au niveau du bassin, dans le coffre de sa Peugeot 306, stocké dans de grands sacs poubelles sous une couverture. L'autopsie révèle que la victime est morte d'un empoisonnement à l'atropine, vraisemblablement ingurgitée par voie orale lors d'un repas, et que son corps habillé a ensuite été tranché avec un outil de type scie circulaire à lame dentée, dont l'utilisation ne nécessite "aucune force physique particulière" selon l'expertise médico-légale.

Didier Lacote n'était pas le seul dans la famille à acheter de l'atropine, dont une dose de 50 à 100 mg peut être létale chez un adulte. Odile Varion avait fait l'acquisition de collyre à cinq reprises au moins. En fouillant le passé familial, les gendarmes découvrent aussi un couple désuni. Parents d'Alexandra, 17 ans au moment des faits, et d'Aurélien, 15 ans, Didier Lacote et Odile Varion faisaient chambre à part, entretenant chacun de leur côté des relations extra-conjugales. En plus d'une uvéite chronique, la victime souffrait de troubles névrotiques et dépressifs. L'accusée affirmait elle subir des violences conjugales, tandis que leur fille faisait état de scènes de violences.

Photographies retrouvées dans l'ordinateur 

Le jour de sa disparition, le 12 février 2009, Didier Lacote avait eu une relation sexuelle avec une maîtresse dans sa voiture, avant de rentrer dîner chez lui. Odile Varion n'avait signalé sa disparition qu'après une vingtaine de jours, justifiant cette déclaration tardive par le fait qu'elle pensait qu'il était "parti en vacances". "A un moment donné, l'enquête s'est orientée sur Odile Varion en focalisant sur elle et en essayant de mettre en évidence des maladresses", regrette son avocat, Me Jean-François Canis, rappelant que sa cliente est aussi partie civile dans le dossier, tout comme le fils.  "Elle clame toujours son innocence, il n'y a pas de faisceau d'indices bien sérieux", insiste Me Canis, l'avocate d'Aurélien Lacote soulignant qu'une trace ADN retrouvée sur une couverture, dans la voiture familiale, n'a rien de surprenant.

Autre fait troublant: le fils avait avoué être l'auteur de photographies retrouvées dans l'ordinateur familial, prises à la demande de sa mère et montrant son père allongé au sol, le bas du corps nu. Il portait une chemise similaire à celle retrouvée sur sa dépouille. Mais ces clichés, qui avaient été supprimés de l'ordinateur, n'ont pas pu être datés formellement.

Récit de Christophe Jouvante


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