Lutte Ouvrière veut profiter du 25 mars pour faire entendre "la colère des travailleurs dans une Europe livrée aux intérêts des grands groupes financiers". La liste comporte des enseignants et des ouvriers, dont bon nombre en Rhône-Alpes. On retrouve aussi parmi eux des candidats aux municipales.
Chantal Gomez, dessinatrice technique en Isère, est tête de liste de Lutte Ouvrière aux élections européennes. Autour d'elle, des ouvriers et des salariés dont certains étaient déjà candidats aux municipales il y a quelques semaines. Même battus, ils veulent toujours croire à la mobilisation des travailleurs. Cette fois, contre une Europe où les grands groupes financiers dictent leur loi...
"De l'argent , on n'en trouve pas pour augmenter les salariés mais il y en a pour se racheter à coups de milliards". Chantal Gomez saisit l'exemple de Général Electric et de Siemens prêts à investir des milliards pour racheter Alstom. Pour mettre en évidence "la dictature des financiers". Elle s'en prend aussi au gouvernement socialiste qui découvre l'opération au dernier moment. Mais aussi à ceux qui font croire qu'il suffirait de prendre une part de capital dans Alstom pour sauver les intérêts nationaux : "Ce serait tromper les Français, explique-t-elle, leur faire croire qu'un groupe francofrançais sauvera les emplois, sans s'en prendre aux vrais responsables". Les responsables, pour elle, ce sont "les vrais décideurs : Des gros groupes capitalistes uniquement focalisés sur leurs profits et soucieux de leurs actionnaires".
Un constat : 26 millions de chômeurs en Europe... Chantal Gomez explique que "la classe ouvrière doit s'unir pour défendre ses intérêts". "Le travailleur polonais n'est pas notre ennemi, dit-elle et nous ne mêlerons pas nos voix aux partis nationalistes et protectionnistes". Personne n'est épargné : Ni le populisme du Front National, ni le Front de Gauche qui distillerait à sa façon des idées nationalistes.
"Pour qu'un jour, les choses changent"
Lutte Ouvrière prétend seule à la défense des travailleurs, ceux qui ont un travail ou ceux qui n'en ont pas : "On s'adresse à l'ensemble des travailleurs, explique Olivier Minoux, un ouvrier dans la chimie, en 10e place sur la liste européenne. Si on veut construire un parti, c'est dans une situation sociale explosive". Une révolte que Lutte ouvrière appelle de ses voeux tant elle est persuadée qu'elle seule pourrait permettre la prise de conscience du peuple ouvrier. En attendant, le mouvement cherche à élever les consciences : Lutte Ouvrière plante son drapeau et s'efforce de mobiliser "pour qu 'un jour, les choses changent"..."Notre problème, explique Vincent Goutagny , 4e sur la liste européenne, c'est l'émiettement des listes. On a un défaut, on laisse la parole aux autres". Et de fait la multiplication des candidatures, 23 listes dans le sud-est, ne facilite pas la tâche. "Il y a une désespérance politique" reprend Chantal Gomez pour qui tous ces candidats, adeptes d'une nouvelle démocratie européenne, se trompent : "Ils pensent qu'on peut demander aux capitalistes d'avoir les dents un peu moins longues. Nous, dit-elle, on défend les idées communistes car elles seules ont de l'avenir"...