Les députés ont adopté des amendements qui prévoient le relèvement du plafond de la taxe de séjour et la création d'une taxe additionnelle en Île-de-France. Des mesures qui passent mal chez les professionnels de l'hôtellerie et qui semblent inapplicables pour le secteur du tourisme.
Les professionnels de l'hôtellerie crient au scandale après l'adoption de deux amendements à la loi Finance rectificative ont été adoptés, visant à modifier le système de taxes de séjour. Le plafond des taxes hôtelières dans toute la France, passe de 1,50 euro à 8 euros par nuit et par personne. Et une taxe additionnelle est créée en Île-de-France de 2 euros par personne par nuit de séjour, applicable dès le 1er septembre prochain.
« Une augmentation de plus de 500% inacceptable » pour l'Union des métiers et de l'industrie de l'hôtellerie (Umih) qui dénonce des décisions « en contradiction totale avec l'esprit de dialogue qui a guidé les travaux des Assises du Tourisme et dont les conclusions, rendues publiques il y a moins d'une semaine, reconnaissaient la nécessité de soutenir la compétitivité du tourisme.»
Pour Jean-Pierre Bonal, administrateur de l’UMIH dans le Puy-de-Dôme, « à force d’augmenter les taxes, la situation devient grave pour une profession déjà fragile. Il n’y a eu aucune concertation, la décision nous est imposée du jour au lendemain, et cette nouvelle augmentation risque de peser sur la fréquentation des hôtels et donc sur notre activité ».
La taxe de séjour varie selon les hébergements et leur standing
La taxe de séjour est demandée par les collectivités territoriales (communes ou communautés de communes) qui souhaitent l’appliquer (ce n’est pas obligatoire) aux vacanciers résidant sur leur territoire. Cette somme reversée au Trésor public doit permettre de financer les dépenses liées à la fréquentation touristique : amélioration accueil, confort, créations d’espaces de loisirs, aménagements touristiques ou encore fonctionnement des offices de tourisme ou encore protection de leurs espaces naturels dans un but touristique.
En Auvergne, 66% des territoires collectant la taxe de séjour, la reversent intégralement à leur office de tourisme (versement obligatoire lorsque la structure est un EPIC). Avec un produit moyen de 57 000 € par territoire et un taux de reversement de 78%, l’apport moyen de la taxe de séjour aux offices de tourisme est de 45 000 € par structure.
La taxe de séjour doit être payée, pour chaque nuit passée, par le touriste qui loge dans : un hôtel, une location saisonnière (meublés de tourisme, village de vacances), une chambre d'hôte, un camping,ou un port de plaisance.
Elle doit être directement réglée au logeur, à l'hôtelier ou au propriétaire qui la reverse à la commune. Le montant de la taxe est fixé par délibération du conseil municipal de la commune. Le tarif varie en fonction du type d'hébergement et de son standing. En Auvergne, la taxe de séjour varie de 20 centimes d’euros à 1,50€.
Plutôt des moyens pour mieux récolter la taxe de séjour
En Auvergne, selon Guilhem Poncy, Responsable Pôle Observation Développement & Innovation au Comité Régional de Développement Touristique d'Auvergne, « on est à 40% du reversement de la taxe de séjour, soit parce que les communes n’appliquent pas la taxe de séjour, soit parce que les prestataires ne la reversent pas du tout, ou pas totalement. En 2013, en Auvergne, avec un rendement moyen de 20 € par lit marchand et de 0,23 € par nuitée en hébergement marchand, on estime le produit total de la taxe de séjour en Auvergne à 3 millions d’euros. alors qu’on estime qu’elle pourrait s’élever à 8 millions d’euros compte tenu de la fréquentation des hébergements ».
« Mais les choses se sont beaucoup amélioré en presque 10 ans, poursuit Guilhem Poncy.On a noté une progression de 76% du produit global de la taxe de séjour, et 86% du territoire sont couverts par la taxe de séjour (contre 28% en 2005), soit 99% des lits marchands ».
Si les professionnels du tourisme jugent démesurée l’augmentation proposée par la loi, ils préféreraient des moyens pour mieux récolter cette taxe de séjour « C'est inapplicable, explique Guilhem Poncy, pour un séjour de 10 nuits cette augmentation, équivaudrait, au barème maximum de 8 €, à une nuit d'hôtel supplémentaire ! il vaudrait mieux imposer le barème à tous, sur tous les territoires et que la taxe soit versée au Trésor public, plutôt que la collectivité. Le Trésor public a les moyens de vérifier le montant qui doit être reversé en se basant sur le chiffre d’affaires de l’hôtel ou la structure d’hébergement ».