Selon un rapport réalisé à la demande du CHSCT de l'établissement d'infrastructure dont dépend la gare de Brétigny-sur-Orge (91), l'accident qui s'est produit à l'été 2013 est avant tout le résultat d'un dysfonctionnement organisationnel.
Le déraillement d'un train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge avait fait sept morts le 12 juillet 2013. Réseau ferré de France (RFF) et la SNCF ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires dans l'enquête ouverte à Evry sur cette catastrophe ferroviaire.
Le cabinet Aptéis a remis vendredi son rapport au CHSCT de l'établissement infrapôle
sud-ouest francilien, dont dépend Brétigny-sur-Orge. Un rapport que l'AFP a pu consulter. Les conclusions sont sans appel : "L'accident du 12 juillet 2013 est avant tout le résultat d'un dysfonctionnement organisationnel", souligne le rapport d'expert.
Il précise que l'accident "a brutalement concrétisé des insuffisances en matière
de prévention des risques qui résultaient de dérives et de désordres plus anciens
dans l'organisation du travail, dans ses modes d'encadrement, de pilotage autant
que dans les moyens mis en oeuvre".
"Ces dérives et ses désordres se sont amplifiés dans le temps sans que des mesures correctives à la hauteur des enjeux aient été prises", ajoute le rapport.
Les experts pointent du doigt, entre autres, une "banalisation du travail dans l'urgence", qui résulte du "retard de maintenance" d'un réseau vieillissant, et de la "réduction de l'effectif compétent", les personnes recrutées ayant besoin d'être formées.
Les experts recommandent de "refonder l'organisation de la maintenance sur des
bases fiables", afin de "rompre avec la culture de l'urgence", mais aussi de "remédier au sous-effectif chronique et au déficit de compétences", et "favoriser la mise en place d'une organisation tournée vers la sécurité".
D'autres recommandations sont émises, comme réduire la pénibilité, et notamment le travail de nuit. Selon les experts, limiter la fréquence des trains sur certaines plages horaires pourrait permettre d'effectuer de jour certaines opérations de contrôle sur les voies.
Certaines pièces de la voie devraient être remplacées avant d'atteindre l'âge de 25 ans, les tournées visuelles de surveillance devraient être renforcées, et les tournées mécanisées, mieux utilisées, préconisent-ils encore.
Ce rapport, qui n'est pas un document judiciaire, sera présenté aux membres duCHSCT le 12 novembre. Contactés par l'AFP, RFF et la SNCF ont confirmé l'existence de ce rapport, mais n'ont pas souhaité le commenter.
Début juillet, un rapport d'experts judiciaires avait sévèrement mis en cause les règles de maintenance, et relevé "de très nombreuses lacunes" dans le suivi et la traçabilité des opérations sur ce site.