Ilévia a reçu les médias dans son centre de contrôle du métro. L'occasion de présenter le nouveau pilote automatique de la ligne 1 et de rassurer les usagers après des mois de dysfonctionnements.
"Bienvenue au cœur du réacteur nucléaire". Au centre de contrôle du réseau Ilévia, Sébastien Leprêtre a accueilli les médias pour présenter le nouveau pilote automatique de la ligne 1 du métro lillois. Mais aussi pour faire le point sur plusieurs mois de dysfonctionnements qui la paralysent.
Accompagné de Franck Garçon, directeur général de Keolis, le vice-président de la MEL en charge des transports publics est optimiste. "On commence à voir la lumière au bout du tunnel", lance-t-il fièrement alors que depuis le 17 novembre 2024 les problèmes s'accumulent sur la ligne jaune et que les usagers fatiguent.
Le réseau le plus efficace du monde ?
Tout est piloté depuis une dizaine de mètres carrés. Dans un sous-sol exigu de la capitale des Flandres, une dizaine d'opérateurs ont les yeux rivés sur un mur d'écrans et supervisent l'exploitation de la ligne 1. D'ordinaire mutualisée avec la ligne 2, la supervision de la ligne jaune s'est émancipée dans un bureau à part avec la mise en place du nouveau pilote automatique.
Fiers de leur technologie, François D'Hulst et Sebastien Wasik d'Alstom passent aux présentations. Le Communications-Based Train Control - ou CBTC - permet sur le papier un fonctionnement plus souple et plus précis.
"C'est un système embarqué à bord des trains. Un ensemble de calculatrices échangent des informations entre elles, et connaissent la localisation de chaque rame. En cas d'incident, il est par exemple possible de mettre en place un service provisoire sur le reste de la ligne", détaille Sébastien Wasik. Chose qui n'était pas forcément possible auparavant.
Les agents progressent dans la maîtrise du pilote.
Franck GarçonDirecteur général de Keolis
Ce pilote était en phase probatoire depuis le 17 novembre, et ce, jusqu'au 7 janvier 2025. Freinage sec et pannes à rallonge ont ponctué sa mise en place. Des difficultés nécessaires pour Franck Garçon, qui souligne des "erreurs de jeunesse" du nouveau système. "Au cours du temps, il y a eu une amélioration du système, et les agents progressent dans la maîtrise du pilote."
Alstom annonce de son côté qu'une nouvelle version du logiciel devant solutionner tous les problèmes connus de cette technologie sera opérationnelle en mars 2025. Lille a "le réseau le plus efficace dans le monde en matière de réseau automatique" souligne François D'Hulst. "Les Lillois l'oublient souvent."
"On a besoin d'éprouver le système"
La fin de la période probatoire rime-t-elle avec la fin des difficultés pour les usagers ? Pour les acteurs présents au centre de contrôle, difficile d'apporter une réponse précise.
"On travaille pour que les dysfonctionnements soient derrière nous", détaille Sébastien Leprêtre de la MEL, mais "ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas encore un petit peu devant nous. C'est un vrai défi technologique de mettre en place ce nouveau pilote automatique."
Le vice-président en charge des transports n'est cependant pas sourd aux critiques des Lillois et s'excuse pour les désagréments. Pour que le pilote soit efficace, "on a besoin d'éprouver le système, au sens premier du terme, de le mettre à l'épreuve. Ce faisant, on a aussi mis à l'épreuve les usagers. C'était nécessaire pour pouvoir avancer."
Dédommager les usagers
Nécessaire, mais à quel prix ? Face aux interruptions du réseau à répétition, beaucoup d'usagers agacés demandent un geste commercial sur le prix de leurs abonnements. La gratuité du V'Lille (25 euros par an) avait déjà été décidée, mais jugée insuffisante.
Si Damien Castelain, président de la Métropole a annoncé qu'un dédommagement leur serait versé, ses contours restent encore très flous. Cela représenterait tout de même plusieurs millions d'euros que la MEL puiserait dans une pénalité que Keolis lui doit.
Depuis la Gare Lille Flandres, centre névralgique du réseau, les usagers sont quelque peu désabusés. Pour 2025, ils espèrent "moins de problèmes de retards et d'arrêts", d'autres "moins d'annulations et moins de problèmes pour les voyageurs", mais aussi de "plus grandes rames".
[🗞️ COMMUNIQUÉ ]
— MobiLille (@mobilille_) December 30, 2024
Pour faire suite à la décision annoncée de la @MetropoleLille concernant l'indemnisation des usagères et usagers, @mobilille_, @uvn_fnaut et @UsagersTranspol ont signé un courrier commun adressé à @DamienCastelain pour instaurer le dialogue.#IleviaRembourse pic.twitter.com/U8PZwFIFkK
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Ces dernières sont attendues depuis 10 ans par les Lillois. Mais face à ce constat, Alstom est clair : "il n'y aura pas de mea-culpa." "C'est un projet complexe, les nouveaux métros de 52 mètres ne peuvent pas être mis en service tant que le pilotage automatique n'est pas opérationnel", conclut François D'Hulst.
Mais bonne nouvelle ! Les écrans en station pourront bientôt afficher le temps d'attente avant l'arrivée de la prochaine rame.